Un dimanche d’allégresse à Saint-Christophe
Ils sont arrivés en procession par le grand portail bleu, soutenus par les applaudissements d’une nef comble. Plus de cent catéchumènes, issus de six communautés du Vicariat Mgr Foret Jean Louis Joseph Derouet, avaient rendez-vous le 13 juillet 2025 à l’église Saint-Christophe.
Dans un climat à la fois recueilli et festif, Mgr Abel Liluala, archevêque métropolitain de Pointe-Noire, est venu leur conférer le sacrement de confirmation, troisième pilier de l’initiation chrétienne. La chorale paroissiale animait la liturgie sur des rythmes modernes portés par un tam-tam discret.
La confirmation, un rite fondateur
L’abbé Alain Abel Bounga, curé de la paroisse, rappelle que la confirmation « scelle le don de l’Esprit Saint reçu au baptême et responsabilise le fidèle dans et hors des murs de l’église ». Pour nombre de jeunes, elle marque aussi l’entrée symbolique dans l’âge adulte communautaire.
Basée sur les Actes des Apôtres, la pratique consiste en une onction d’huile parfumée, le chrême, et en l’imposition des mains de l’évêque. Chez les convertis de Pointe-Noire, cette gestuelle revêt une force culturelle qui associe le parfum sacré au bois rouge-terre du Kouilou.
Une homélie axée sur la compassion
S’appuyant sur l’Évangile de Luc 10, 25-37, l’archevêque a demandé aux confirmés de « devenir des Samaritains modernes, attentifs aux blessures visibles et invisibles de la société ». Il a souligné que l’Esprit reçu ouvre les yeux, chasse l’indifférence et alimente des solidarités concrètes.
« L’esprit de compassion active que vous accueillez n’est pas une option », a-t-il insisté. Les fidèles, masques relevés pour l’instant de la bénédiction, ont acquiescé en silence. Sur les premiers bancs, plusieurs responsables associatifs confiaient déjà imaginer des actions caritatives conjointes dès la rentrée.
Parcours des confirmés : diversité et engagement
Parmi les nouveaux confirmés, un tiers est étudiant à l’Université Marien Ngouabi ou à l’École Polytechnique de Pointe-Noire. D’autres travaillent dans les quartiers portuaires, au terminal à conteneurs ou dans de petites startups numériques. Tous disent rechercher un ancrage spirituel compatible avec un contexte urbain exigeant.
Vanessa Nangha, 24 ans, raconte qu’elle a suivi la catéchèse tout en préparant un master en logistique. « C’est ici que je puise la confiance nécessaire avant chaque entretien », confie-t-elle. Sa camarade Jospin Kinganga évoque la pression des réseaux sociaux et la nécessité de valeurs stables.
Le comité des jeunes de Saint-Christophe, coordonné par le frère Athanase Nkounkou, prévoit d’accompagner les confirmés à travers un programme de mentorat. Ateliers d’orientation professionnelle, soutien psychologique et parcours bibliques numériques seront proposés afin de traduire l’élan spirituel en gestes concrets pour la cité.
Organisation logistique et respect sanitaire
Trois équipes de la Croix-Rouge congolaise contrôlaient température et lavage des mains à l’entrée. À l’intérieur, chaque banc affichait un marquage vert pour maintenir une distance mesurée sans rompre la convivialité. Le dispositif, salué par les parents, témoigne d’une coordination citoyenne félicitée par les autorités municipales.
Le service d’ordre paroissial, renforcé par des bénévoles scouts, a fluidifié la circulation de la sortie jusqu’au parvis. Aucun incident n’a été signalé malgré l’affluence. La mairie du premier arrondissement avait prêté des barrières et fourni des agents de propreté chargés du tri sélectif des gobelets.
Un message pour la ville et au-delà
Dans sa prise de parole finale, le jeune Fidelphin Mampeme a remercié l’archevêque pour « la confiance placée en notre génération ». Devant les caméras locales, il a dressé un parallèle entre la devise nationale d’unité et l’appel évangélique à panser les plaies, invitant à l’entraide.
Plusieurs participants estiment que cette célébration dépasse le cadre religieux en rappelant le rôle des jeunes dans la cohésion sociale. Selon le sociologue Philippe Tchitembo, l’Église, par ces rites, « soutient la dynamique citoyenne sans se substituer aux institutions ; elle contribue à forger des acteurs responsables ».
Regards futurs sur la pastorale urbaine
À l’issue de la messe, Mgr Liluala a annoncé la tenue d’un forum diocésain sur la Jeunesse et la Ville, prévu en novembre. L’objectif est d’identifier les priorités pastorales face au chômage, à l’écologie urbaine et à la digitalisation croissante des pratiques culturelles.
Le décanat de la côte envisage déjà des partenariats avec des incubateurs locaux pour favoriser l’emploi vert. « La foi ne s’oppose pas à l’innovation ; elle peut en être le combustible éthique », résume sœur Prisca Nganga, chargée du service catéchétique. Les confirmés serviront de relais terrain.
La prochaine étape, selon l’abbé Bounga, sera de « lancer un podcast mensuel en langue kituba et en français pour maintenir le dialogue avec les jeunes travailleurs post-confirmation ». Un appel à volontaires a été publié sur les réseaux de la paroisse, récoltant déjà plus de deux cents réactions.
En refermant les lourds battants en bois sculpté, les pèlerins se dispersaient vers Tié-Tié et Ngoyo, porteurs d’une mission renouvelée. Leur confirmation, ancrée dans la liturgie mais ouverte sur les enjeux contemporains, illustre une jeunesse congolaise capable d’allier spiritualité, civisme et recherche d’un avenir partagé.
