Genèse d’une dynamique partenariale
Le 30 juin, dans la salle de presse tapissée des couleurs onusiennes à Brazzaville, Abdourahamane Diallo, coordonnateur résident des Nations unies, a dressé un tableau que d’aucuns ont jugé « exceptionnel ». Les priorités définies pour 2024 – la jeunesse, le climat et la cohérence de l’action collective – ne relèvent pas d’un slogan : elles irriguent désormais les programmes exécutés dans tout le pays. Le cadre de coopération pour le développement durable (UNSDCF) sert de boussole commune, rappelant que l’Agenda 2063 de l’Union africaine et l’Agenda 2030 convergent vers un même horizon de prospérité partagée.
Gouvernance, droits humains et protection sociale : l’ancrage institutionnel
Dans le sillage d’un processus de modernisation administrative, dix-sept mille citoyens supplémentaires détiennent un acte de naissance, sésame indispensable à la citoyenneté effective. Cette avancée, souvent invisible, réduit la vulnérabilité juridique des familles et consolide la collecte de données démographiques. Parallèlement, plus de deux mille cas de violences basées sur le genre ont été officiellement documentés et traités, tandis que trois cent quatorze survivantes ont bénéficié d’un accompagnement direct, preuve que la chaîne de prise en charge se renforce pas à pas. « Nous observons une montée en puissance des services sociaux de proximité », souligne un responsable du ministère des Affaires sociales, saluant la synergie entre acteurs nationaux et partenaires techniques.
Savoirs, compétences et esprit d’entreprise au cœur de la relance
L’école congolaise, longtemps considérée comme le maillon à consolider, bénéficie d’un flux inédit de ressources : quarante-six mille kits scolaires distribués et cent vingt-huit mille repas servis accroissent la rétention des élèves, tandis qu’un millier d’enseignants formés réinventent l’approche pédagogique. Le numérique, grâce à la plateforme Congo Learning Passport, ouvre les portes d’une bibliothèque mondiale à plus de huit mille jeunes apprenants, principalement à Pointe-Noire. La réinsertion de mille huit cent trente-et-un enfants déscolarisés, saluée par la société civile, illustre que « l’école de la seconde chance » n’est plus une vue de l’esprit. Sur le front entrepreneurial, la création régulière de nouvelles start-up, dopée par l’accompagnement de mille jeunes, indique qu’un écosystème d’innovation locale est en gestation.
Eau potable, santé publique et climat : des indicateurs en progression
Cent soixante-trois mille habitants disposent désormais d’un accès sécurisé à l’eau, dont l’ensemble des populations d’Owando et de Dolisie. La réponse d’urgence aux inondations récentes – six mille consultations gratuites et des kits d’abris pour mille familles réfugiées – révèle une meilleure réactivité logistique. Sur le plan sanitaire, plus d’un million d’enfants vaccinés contre la poliomyélite placent le pays sur une trajectoire d’éradication durable. La formation financière de cinq cents femmes vendeuses de rue, souvent pivot des économies familiales, constitue un levier d’autonomisation reconnu par les organisations féminines. Enfin, la baisse de dix-huit pour cent des décès liés au VIH, imputée à près de quarante mille patients sous thérapie antirétrovirale, montre qu’une stratégie ciblée peut inverser les tendances épidémiologiques.
Sécurité alimentaire et verdissement économique
Quarante-cinq hectares de manioc ont été mis en culture, confortant la stratégie de souveraineté alimentaire dans un contexte de volatilité des importations. L’initiative Stagi, qui répertorie déjà plus de deux mille quatre cents candidatures de jeunes à des stages et emplois, rapproche le monde académique des besoins du marché. Ces signaux verts s’ajoutent à la formation de quatre cent cinquante mineurs artisanaux, désormais sensibilisés aux normes environnementales et de sécurité, pierre angulaire d’une extraction plus responsable. Pour Abdourahamane Diallo, « le développement durable n’est pas une juxtaposition de projets, c’est une architecture intégrée où l’environnement et l’économique se renforcent mutuellement ».
Perspectives d’une ambition partagée
À l’horizon 2026, le Système des Nations unies table sur un cadre de gouvernance consolidé, caractérisé par une transparence accrue et une justice plus proche des citoyens. Plusieurs défis demeurent, notamment l’achèvement de la décentralisation et la mobilisation de ressources domestiques pour pérenniser les réformes. Cependant, la dynamique de 2024 démontre que l’État congolais et ses partenaires savent conjuguer leurs énergies autour d’objectifs précis. Pour la jeunesse, qui représente plus de soixante pour cent de la population, l’équation est claire : une gouvernance inclusive, un environnement préservé et une économie diversifiée constituent les clés d’un futur à la fois viable et désirable. En cela, le cadre de coopération ONU–Congo s’impose comme un chantier vivant, où chaque réalisation d’aujourd’hui prépare un gain sociétal de demain.