Un vendredi historique à Rabat
Vendredi 5 septembre, Rabat a vibré comme rarement. Dans un Moulay Abdellah fraîchement reconstruit, le Maroc a écrasé le Niger 5-0 et validé son billet pour la Coupe du monde 2026. Une performance qui s’inscrit déjà dans les pages dorées du foot maghrébin.
Les protégés de Walid Regragui n’avaient besoin que d’un nul, mais ils ont préféré offrir un festival offensif à leur public. Avec 18 points en six matches, ils ne peuvent plus être rejoints dans le groupe E des éliminatoires africains.
Une démonstration offensive des Lions de l’Atlas
Le Niger a tenu vingt-huit minutes avant de céder. À la 29ᵉ, Ismael Saibari a ouvert la marque d’une reprise sèche. Neuf minutes plus tard, le milieu du PSV a doublé la mise sur un centre d’Hakimi, mettant déjà les visiteurs à genoux.
Au retour des vestiaires, Ayoub El Kaabi a surgi au second poteau pour porter le score à 3-0. Le serial buteur d’Olympiakos confirme sa forme du moment et sa complicité avec Ziyech, dont la passe millimétrée a déchiré la défense nigerienne.
Hamza Igamane, révélation de la Botola, a inscrit le quatrième but à la 68ᵉ sur une frappe enroulée qui a nettoyé la lucarne. Puis, à la 84ᵉ, Azeddine Ounahi a scellé la manita, transformant le stade en véritable karaoké géant d’hymnes patriotiques.
Les héros du soir
Saibari, élu homme du match, savourait après coup « l’un des plus beaux soirs de ma jeune carrière », expliquant avoir « joué pour les millions de Marocains qui rêvent du Mondial ». El Kaabi saluait « la discipline tactique instaurée par le coach depuis Doha ».
Walid Regragui, toujours souriant, a souligné la maturité de son groupe. « Chaque match est une finale, même lorsque la qualification est presque assurée. Cette mentalité fait la différence », a-t-il commenté, rappelant que le prochain objectif reste la Coupe d’Afrique à domicile.
Le Complexe Moulay Abdellah, nouveau temple du foot
Inauguré la veille du match, le nouveau Complexe Moulay Abdellah offre 65 000 sièges, une pelouse hybride réputée digne des stades anglo-saxons et une sono de festival. Le chantier, débuté en 2020, s’inscrit dans la candidature conjointe Maroc-Espagne-Portugal pour 2030.
Dans les travées, on croisait des supporters venus de toute l’Afrique du Nord, mais aussi des fans congolais, ivoiriens ou sénégalais, témoignant de l’attrait régional pour les Lions de l’Atlas. Les écrans géants diffusaient des selfies en direct, façon match NBA.
Un impact économique mesurable
D’après le ministère marocain du Tourisme, chaque match international organisé à Rabat génère près de 20 millions de dirhams de retombées directes, entre billets d’avion, nuitées et restauration. Les commerces de la ville ont constaté une hausse de fréquentation de 35 % durant le week-end.
Les influenceurs foot, omniprésents sur TikTok, ne s’y sont pas trompés. Des vidéos de célébrations ont accumulé 50 millions de vues en 24 h, fournissant une visibilité inespérée aux sponsors maillots. Adidas, partenaire officiel, envisage même une édition collector avant Noël.
Cap sur la CAN 2025 à domicile
En verrouillant le billet mondialiste si tôt, le Maroc peut se projeter sereinement vers la CAN 2025, programmée du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026. Jouer à la maison sera à la fois un avantage psychologique et une source de pression immense.
La Fédération a déjà annoncé un budget renforcé pour les stages de préparation et la détection de talents locaux. Le sélectionneur entend intégrer progressivement des espoirs comme El Alaoui ou Saadani, tout en conservant le noyau expérimenté qui a brillé au Qatar.
Pour les annonceurs, la perspective d’une CAN à fort potentiel touristique est également alléchante. Les offices de tourisme parlent de deux millions de visiteurs attendus, tandis que l’hôtellerie de Marrakech à Tanger anticipe déjà des taux de remplissage records.
Ce que cela change pour la zone Afrique
Sportivement, la qualification éclair des Lions envoie un message à toute la zone Afrique. Derrière eux, la Tanzanie, la Zambie, le Niger et le Congo devront batailler pour la seconde place synonyme de barrage intercontinental, désormais leur seul horizon.
Pour le public congolais, ce succès rappelle l’importance d’un projet sportif cohérent. Les Diables rouges, toujours en reconstruction, n’ont qu’un point après six journées. La Fédération congolaise mise cependant sur la jeunesse et l’expertise des techniciens locaux pour redresser la barre.
La FIFA, qui a relevé le nombre de places africaines à neuf plus un barrage, pourrait voir émerger de nouveaux outsiders d’ici 2026. Les observateurs notent déjà les progrès de la Mauritanie et du Rwanda, preuve que rien n’est figé dans la hiérarchie.
En attendant, le Maroc savoure et se positionne comme un porte-étendard continental. « Notre parcours inspire toute l’Afrique », estime Fouzi Lekjaa, président de la Fédération. « Nous voulons prouver que l’excellence organisationnelle et la performance sportive peuvent aller de pair. »
La route vers 2026 est encore longue, mais la locomotive marocaine a pris de l’avance. Reste à savoir qui accrochera les wagons. Les supporters brazzavillois, eux, gardent l’oeil rivé à la télévision, rêvant d’écrire bientôt leur propre success-story.
