Un marathon pédagogique inédit
Pendant un an, sifflets en bandoulière et cahiers à la main, soixante techniciens congolais ont transformé les stades de Brazzaville et Pointe-Noire en véritables salles de classe. Le stage Caf C, pensé pour durer deux mois, s’est étiré à cause des turbulences internes ayant secoué la fédération.
« Nous ne voulions rien sacrifier à la qualité malgré les reports », confie Pascal Blin, directeur technique national et maître d’orchestre français de la session. Entre deux ateliers vidéo, il rappelait l’importance d’une méthodologie unique afin de parler le même langage football sur tout le territoire.
Résultat : près de 300 heures cumulées de théorie, de terrain et d’échanges interactifs. Les candidats ont planché sur la biomécanique du geste, l’analyse des data, la psychologie de groupe et la gestion d’un vestiaire de jeunes, suivant fidèlement les standards imposés par la Confédération africaine de football.
Des compétences alignées aux normes Caf
La licence Caf C autorise désormais ces entraîneurs à encadrer des équipes de jeunes et de divisions intermédiaires. Le programme, validé par la Fécofoot, les dote d’outils tactiques dernier cri, d’une approche pédagogique modernisée et d’un bagage médical permettant de réagir immédiatement aux blessures courantes.
Un module entier a été consacré à la planification micro-cycle, avec mise en situation sur pelouse synthétique et naturelle. « Nous repartons capables de concevoir une séance qui respecte la charge, l’intensité et le facteur plaisir », explique Clément Mavoungou, jeune coach de Makélékélé, la voix encore chargée d’adrénaline.
Les participants ont aussi découvert l’utilisation de tablettes pour filmer les matchs d’entraînement puis analyser les séquences. Une première pour beaucoup. Cette ouverture à la vidéo-analyse répond aux attentes du public congolais, friand de statistiques et déjà habitué aux coulisses high-tech vues sur les réseaux.
Brazzaville célèbre ses 26 lauréats
Samedi 18 octobre 2025, le siège de la Fécofoot, quartier Plateau des 15 Ans, a vibré au son des vuvuzelas des proches et coéquipiers. Vingt-six stagiaires de Brazzaville y ont reçu leur diplôme, remis par le président Jean-Guy Blaise Mayolas, sourire large et costume léger.
« Votre passion est contagieuse; gardez-la et transmettez-la », a lancé le dirigeant, rappelant que la capitale possède déjà plusieurs académies prêtes à recruter ces nouveaux experts. Le secrétaire général Badji Mombo Wantete a renchéri en vantant « une pierre de plus dans l’édifice de la professionnalisation ».
Sur la photo finale, les diplômés brandissent leurs livrets rouges ornés du logo Caf. Derrière eux, un panneau affiche le slogan fédéral : « Former pour performer ». Sur TikTok, le hashtag #LicenceCafC_BZV a aussitôt cumulé des milliers de vues, preuve de la portée virale de l’événement.
Pointe-Noire dans la même dynamique
Au même moment, à 510 kilomètres de là, dix-huit autres lauréats faisaient la fête dans la salle polyvalente du complexe sportif du Port Autonome. La cérémonie, sobre mais chaleureuse, a été présidée par le directeur départemental des Sports, attestant du soutien des autorités locales.
Pointe-Noire compte déjà plusieurs clubs en Ligue 1 congolaise et mise sur cet apport de fraîcheur pour consolider ses centres de formation. « La licence Caf C ouvre des portes; je rêve d’emmener des minimes jusqu’en championnat national », déclare Malika Ndinga, l’une des trois femmes diplômées.
La parité demeure un objectif, mais la présence féminine croissante illustre l’évolution du paysage. Les diplômés ont prévu de créer un groupe WhatsApp commun aux deux villes pour partager plans de séance et connaissances, manière de maintenir la synergie initiée pendant le stage.
Un signal fort pour l’avenir du football
En validant cette promotion, la Fécofoot envoie un message clair : former les formateurs reste la première étape pour hisser le niveau de jeu national. Depuis la création du plan stratégique 2022-2026, près de 150 encadreurs ont déjà reçu des certifications à différents niveaux.
L’enjeu dépasse la simple technique. Les entraîneurs Caf C sont les premiers au contact des enfants. Ils véhiculent discipline, fair-play et hygiène de vie. À terme, le ministère des Sports espère que chaque club amateur aligné en compétition officielle pourra compter sur un technicien dûment diplômé.
La dynamique s’aligne également sur les ambitions régionales. La Cosafa et l’UFOA réclament de plus en plus la preuve de compétences qualifiées pour participer à leurs tournois. Avec ces soixante nouveaux détenteurs, le Congo se positionne pour figurer durablement parmi les nations respectueuses des standards continentaux.
Pascal Blin conclut : « Le diplôme n’est pas une fin. C’est un passeport vers la formation continue. Dans six mois, nous proposerons des modules en ligne pour consolider vos acquis. » Une vision applaudit par les lauréats, conscients que le football évolue à vitesse grand V.
D’ici là, les stades de quartier pourront déjà profiter de séances plus ludiques, adaptées et sécurisées. À chaque frappe enveloppée, à chaque cri de victoire d’un U-15, l’écho rappellera que derrière la performance, il y a désormais un coach Caf C fraîchement certifié, prêt à faire briller le drapeau rouge, jaune et vert.
