Bangui devient l’arène stratégique du beach-volley sous-régional
Du 4 au 7 juillet, la capitale centrafricaine a déroulé, sur les rives sablonneuses de l’Oubangui, un tapis de grains d’or pour accueillir le deuxième tour de la Zone 4 de beach-volley. Trois nations – le Cameroun, la République centrafricaine et le Congo-Brazzaville – ont honoré l’invitation de la Confédération africaine de volleyball, transformant Bangui en point de convergence sportive et diplomatique. Dans un contexte régional où la stabilité demeure un enjeu récurrent, la tenue sans anicroche de l’événement a été saluée comme un signal d’apaisement et d’ouverture au dialogue par le conseiller de l’ambassade du Congo, présent lors du service officiel d’engagement.
Une finale masculine sous haute tension : Mazengo et Douala écrivent l’or
Il a suffi d’un court souffle pour départager les Diables Rouges de leurs homologues centrafricains, les Fauves de l’Oubangui, dans une finale à couper le rythme cardiaque. Sous un thermomètre flirtant avec les 36 °C, la paire congolaise Mazengo-Douala a fait parler une science tactique éprouvée au centre national d’entraînement de Kintélé : engagement laser, blocs millimétrés et lecture de trajectoire ont sculpté la victoire 23-21. « Le sable compact de Bangui offre moins de rebond, il faut y ancrer les appuis », décrypte l’entraîneur adjoint Norbert Badinga, soulignant le travail foncier réalisé depuis la session de préparation organisée à Pointe-Noire en mai.
Le duel féminin : les Lionnes indomptables freinent l’élan des Diables Rouges
À l’heure du verdict féminin, la palette physique camerounaise a fait la différence. Les Lionnes Indomptables Irina Amantchang et Nina Monica Ngo ont imposé un tempo éreintant, notamment sur les diagonales rapides, pour s’imposer 23-17 face au duo congolais Dédé-Nsondé. L’argent n’en demeure pas moins une précieuse confirmation des progrès enregistrés par le programme fédéral lancé en 2022 avec l’appui du ministère des Sports. « Nous devons désormais travailler l’enchaînement service-première défense pour hausser la densité sur les rallyes », analyse la capitaine Christ-Dédé, lucide et ambitieuse à la sortie du court.
Un podium qui catalyse la passion de la jeunesse et l’économie de la discipline
Au-delà des médailles étincelantes, les résultats congolais ravivent la flamme d’une génération avide de modèles sportifs crédibles. Le beach-volley, sport d’accès relativement modeste, épouse les réalités économiques du littoral congolais où un simple terrain bordé de filets artisanaux suffit à l’éclosion de talents. Les données partagées par la Fédération congolaise de volleyball montrent une augmentation de 27 % des licences jeunes depuis 2021 ; une dynamique que le double podium de Bangui devrait amplifier, notamment auprès des établissements universitaires engagés dans le championnat inter-facultés. Les collectivités locales, quant à elles, misent déjà sur le développement d’infrastructures balnéaires pour attirer un tourisme sportif encore embryonnaire.
Entre diplomatie sportive et stratégie de performance : cap sur la Coupe d’Afrique
La Zone 4 n’est qu’une étape, mais elle éclaire la trajectoire ascendante du volleyball congolais. Le secrétaire général de la zone, Devis Meh, salue « une attitude exemplaire des athlètes et des encadreurs congolais, respectueuse des protocoles, qui installe la confiance au sein de la région ». Sur le plan technique, la Direction nationale de la performance projette un stage commun avec le Sénégal et le Maroc, nations phares du continent, en prélude à la Coupe d’Afrique 2025. En coulisses, les décideurs voient dans ce calendrier une opportunité d’accroître l’influence congolaise au sein des instances africaines, tout en consolidant l’image d’un pays capable d’exporter un savoir-faire sportif. Une manière élégante de rappeler que, sur un carré de sable comme sur la scène internationale, la République du Congo entend faire rimer excellence et rayonnement.