Le Nihon Taijutsu, un véhicule d’identité sportive contemporaine
Né au Japon dans l’effervescence des techniques de self-défense, le Nihon Taijutsu a séduit, depuis une décennie, nombre de pratiquants congolais en quête d’un art complet, fait de maîtrise de soi et de respect des valeurs traditionnelles. À Brazzaville, cette discipline dépasse désormais le stade de la curiosité pour s’enraciner dans le paysage sportif grâce à l’action concertée de l’Amicale congolaise de Nihon Taijutsu (ACNTJ). L’installation, le 12 juillet, d’une commission départementale confère à la pratique un cadre institutionnel qui manquait encore, malgré l’enthousiasme croissant observé dans les dojos de la capitale.
Une commission départementale placée sous le signe de la cohésion
Désormais présidée par Rachid Ibrahim Boulama, la structure brazzavilloise se dote d’un bureau exécutif où chaque poste a été pensé pour garantir la complémentarité des compétences. Le nouveau président a déclaré vouloir « associer chaque ceinture, chaque quartier et chaque club afin que l’esprit du Taijutsu irrigue harmonieusement la ville ». Autour de lui, Tanguy Nzonga à la vice-présidence, Patrick Okeba au secrétariat général, assisté de Bienvenu Matoko, ainsi que Me Hiver Mviri à la trésorerie, incarnent cette volonté d’équilibre. Leur mission première consiste à harmoniser les calendriers, valider les formations d’instructeurs et fédérer les initiatives pédagogiques déjà foisonnantes.
Jeunesse brazzavilloise et arts martiaux : enjeux d’épanouissement
Dans un contexte urbain où les loisirs alternatifs se révèlent parfois inaccessibles, les arts martiaux représentent un espace d’apprentissage de la discipline, de la résilience et de la responsabilité citoyenne. Pour Françoise Olongot, représentante de la direction départementale des Sports, « le Nihon Taijutsu ouvre une voie d’expression saine, fondée sur le respect de l’autre et la rigueur personnelle ». La commission entend ainsi tisser des partenariats avec les établissements scolaires et universitaires afin de proposer des séances d’initiation encadrées par des instructeurs certifiés. L’objectif, à terme, est de permettre à la tranche 20-35 ans d’accéder à une pratique régulière, structurée et porteuse d’opportunités, notamment en arbitrage ou en coaching.
Alignement avec la politique nationale de promotion sportive
L’initiative brazzavilloise s’inscrit dans la ligne directrice du Plan national de développement du sport, qui encourage la diversification des disciplines et la professionnalisation progressive des encadreurs. Affiliée depuis plusieurs mois à la Fédération congolaise de close combat et disciplines associées, l’ACNTJ bénéficie désormais d’un appui technique et réglementaire qui sécurise les compétitions et clarifie les parcours de certification. Le premier vice-président fédéral, Rude Ngoma, a salué « une étape majeure vers l’éclosion d’une élite compétitive capable de représenter le Congo sur les tatamis internationaux ». Ce positionnement stratégique résonne avec les ambitions nationales de rayonnement culturel et sportif, sans négliger l’impératif d’inclusion sociale.
Perspectives d’essaimage dans les départements voisins
Le président national de l’Amicale, Serge Stanislas Bikoua Ebia, a annoncé l’imminente duplication du modèle brazzavillois dans les départements du Pool, du Kouilou et de la Cuvette. Ce déploiement s’appuiera sur des diagnostics territoriaux afin d’identifier les infrastructures existantes, les besoins en formation et la disponibilité de cadres techniques. À l’horizon 2025, l’ACNTJ ambitionne la création d’un championnat national de Nihon Taijutsu, susceptible de fédérer plusieurs centaines de pratiquants autour d’événements itinérants, propices à l’animation socio-culturelle des villes d’accueil.
Un pari sur l’avenir des disciplines de self-défense congolaises
La mise en place de la commission brazzavilloise marque, pour le Nihon Taijutsu, un passage de l’engouement amateur à la structuration fédérale. Au-delà de la compétition, l’art martial véhicule un message de dépassement de soi et de paix intérieure qui trouve un écho particulier auprès des jeunes adultes confrontés aux défis économiques et sociaux contemporains. En prônant un entraînement exigeant mais ouvert, l’ACNTJ conforte la place de Brazzaville comme incubateur d’innovations sportives, tout en contribuant à l’émergence d’une culture de bien-être et de responsabilité collective. Dans cette dynamique, les tatamis se muent en laboratoires de citoyenneté active, où chaque coup porté est précédé par la conscience que la véritable victoire se remporte d’abord sur soi-même.