Brazzaville célèbre une 16ᵉ promotion à haute portée continentale
La vaste cour d’honneur de l’Académie militaire Marien-Ngouabi, bordée de drapeaux venus des quatre points cardinaux du continent, a résonné le 27 juin des sonneries réglementaires marquant la fin d’une année académique dense. Face aux gradés, aux attachés de défense accrédités et aux familles, le ministre de la Défense nationale, Charles Richard Mondjo, a salué « une contribution tangible du Congo à la professionnalisation des forces armées africaines ». Les 162 stagiaires honorés ce jour-là ont suivi des cursus allant du perfectionnement des officiers subalternes au certificat technique de 2ᵉ degré option Énergie, prouvant que l’École de génie travaux (EGT) a su conjuguer exigences militaires, savoir-faire scientifique et ouverture internationale.
Un campus militaire au carrefour de l’ingénierie et du développement
Créée il y a tout juste seize ans, l’EGT se distingue par son approche intégrée : former des bâtisseurs tout autant que des soldats. Ses ateliers d’hydraulique, de laboratoire du sol, de métallerie ou encore de conduite d’engins offrent aux stagiaires une immersion dans les problématiques concrètes des États africains, qu’il s’agisse de la sécurisation des points d’eau en zone rurale ou de la remise en service rapide d’axes routiers stratégiques. Selon le colonel-major Armand Pascal Mboumba, directeur général, « la vision demeure d’associer la robustesse de la formation militaire à la précision de l’ingénieur, afin de répondre aux attentes des populations aussi bien en temps de paix que dans l’urgence ». Cette articulation entre défense et développement constitue l’ADN de l’établissement.
Des effectifs en hausse qui témoignent d’un rayonnement accru
Depuis 2008, l’école a formé 3 275 personnes, dont 1 769 ressortissants de pays partenaires. Cette année encore, le ratio hommes-femmes évolue, avec six femmes inscrites, signe d’une féminisation progressive des métiers de l’ingénierie militaire. Les dix-huit pays représentés, du Sénégal à Madagascar en passant par la Centrafrique, traduisent une géographie de plus en plus large. Le Gabon a, par exemple, envoyé une cohorte d’électriciens afin de renforcer ses capacités de maintenance de réseaux isolés, tandis que le Niger mise sur des spécialistes du laboratoire des sols pour fiabiliser ses projets routiers. Pour les jeunes officiers congolais, côtoyer des camarades venus d’horizons multiples favorise une culture de coopération qui se prolongera sur les théâtres d’opération multinationaux.
Retombées diplomatiques et économiques pour le Congo
Au-delà du prestige, l’EGT joue un rôle discret mais réel dans la diplomatie de défense. Les stagiaires étrangers, qui deviennent souvent des décideurs dans leur pays, gardent un lien privilégié avec Brazzaville. Cette influence douce conforte la place du Congo dans les initiatives de sécurité collective de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale. Sur le plan intérieur, les chantiers école – réfection de casernes, installation de kits solaires, forages en milieu semi-urbain – créent des emplois indirects et apportent un soulagement palpable aux populations. Les collectivités locales y voient un partenaire réactif, capable de déployer en quelques semaines un pont Bailey ou de rétablir une ligne moyenne tension après un épisode climatique extrême.
De nouveaux défis pour une génération connectée aux enjeux climatiques
La transition énergétique, la gestion rationnelle de l’eau et la réduction de l’empreinte carbone figurent déjà dans les modules révisés du prochain plan d’études. « Nous devons anticiper les mutations technologiques et environnementales ; nos officiers seront demain des acteurs clés de la résilience communautaire », insiste le colonel-major Mboumba. L’école ambitionne d’ouvrir un laboratoire d’innovation dédié aux matériaux bas-carbone et de renforcer ses partenariats avec les universités congolaises. Pour la jeunesse brazzavilloise, ces perspectives traduisent une promesse : celle d’une carrière où l’engagement patriotique se conjugue avec une expertise exportable dans les grands projets d’infrastructure du continent. En misant sur l’ingénierie et la coopération, l’Académie Marien-Ngouabi continue d’écrire, sans coup d’éclat tapageur mais avec constance, un chapitre essentiel de la diplomatie et du développement durable du Congo.