Une initiative privée qui fait vrombir la capitale
Sous le soleil de septembre, la cour du Centre culturel de Poto-Poto a résonné des klaxons des nouveaux diplômés du guidon. Mille conducteurs de taxis-motos ont célébré la fin d’une formation inédite portée par Ager Aliment, jeune entreprise agroalimentaire décidément pas frileuse à l’innovation sociale.
Trois mois pour maîtriser le code de la route
De juillet au 8 septembre, les apprenants ont décortiqué panneaux, priorités et limitations de vitesse. Chaque matin, un instructeur rappelait que le moindre oubli de clignotant peut faire basculer une vie. « La route n’est pas un jeu vidéo », martelait le formateur principal, casque vissé sur la tête.
Objectifs sécuritaires et économiques clairs
Ager Aliment s’est fixé un double cap : sauver des vies et ouvrir des portes. Les statistiques de la police routière pointent la surcharge d’accidents impliquant des motos urbaines. En donnant des repères réglementaires à ces jeunes, l’entreprise espère faire reculer le danger et booster leurs revenus quotidiens.
Le PDG veut casser le cercle de la précarité
Devant les caméras, Hugues Henry Ngouélondélé a rappelé son ambition : « Un motard qui connaît la loi travaille plus longtemps, gagne mieux, nourrit sa famille. » Pour lui, l’autonomie passe par la compétence, pas par l’assistanat. Son discours a été accueilli par des applaudissements nourris.
Des experts au chevet des guidons
Le programme a mobilisé des moniteurs d’auto-écoles, des agents de la Direction générale de la circulation et même un kinésithérapeute venu parler de postures pour prévenir les douleurs lombaires. Un cocktail de savoirs qui a plu aux apprenants, ravis de recevoir des conseils souvent réservés aux voitures.
Permis gratuit : un sésame pour tous
Cerise sur le rétroviseur : chaque participant est reparti avec un permis de conduire catégorie A entièrement financé par Ager Aliment. « Sans ce coup de pouce, je n’aurais jamais pu payer les frais », confie Christian, 24 ans, visiblement ému de brandir son document flambant neuf.
Insertion sociale par le guidon
Beaucoup de conducteurs de taxis-motos débarquent en ville sans diplôme ni réseau. Avec un permis officiel, ils accèdent à des trajets subventionnés, à des applications de covoiturage et à des microcrédits pour l’entretien de leurs engins. La moto se transforme alors en véritable levier de mobilité sociale.
Des résultats déjà mesurables
La brigade routière de Moungali observe une baisse de 15 % des infractions liées aux motos depuis août. « Les gilets Ager Aliment se distinguent par leur conduite plus soignée », note un commandant. Un signe que la théorie a bien migré vers la pratique sur l’asphalte brazzavillois.
Une formation pensée pour être virale
Pour capter l’attention, les organisateurs ont misé sur TikTok. Des capsules humouristiques rappelaient l’importance du clignotant, cumulant des milliers de vues. Les stagiaires eux-mêmes partageaient leurs progrès, créant une émulation qui a fait exploser les demandes d’inscription dès la deuxième semaine.
Partenariats locaux en renfort
Des stations-service ont offert du carburant à prix réduit aux stagiaires, tandis qu’un distributeur de casques proposait 30 % de remise. Cette synergie public-privé donne à la formation une dimension communautaire et encourage la responsabilité partagée autour de la sécurité routière.
Témoignages de la nouvelle génération
Rachelle, 27 ans, a troqué le commerce ambulant pour la moto. « Grâce au permis, je peux travailler aux heures de pointe sans craindre un contrôle », explique-t-elle. À ses côtés, Junior, ancien manœuvre, avoue que la signalisation était pour lui un mystère total avant ces cours intensifs.
Cap sur les départements intérieurs
Hugues Henry Ngouélondélé a promis d’étendre le programme à Pointe-Noire, Ouesso et Dolisie. « Le besoin est national », soutient-il, évoquant déjà des partenariats avec les préfectures. La feuille de route viserait à former 5 000 motards supplémentaires avant la fin de l’année prochaine.
Un modèle d’inclusion à suivre
Les économistes consultés saluent l’approche. Pour l’analyste Rodrigue Mabiala, « investir dans la prévention routière, c’est aussi financer la croissance ». Moins d’accidents signifie moins de dépenses de santé, plus de journées travaillées et une circulation plus fluide : autant de gains pour l’économie urbaine.
Engagement citoyen des entreprises
Ce projet confirme la montée en puissance de la responsabilité sociétale des entreprises congolaises. Plutôt que de simples dons, Ager Aliment propose de la formation et un actif durable : le savoir. Le ministère des Transports a salué l’initiative, y voyant un complément aux campagnes officielles.
La route continue pour les 1000 diplômés
Au terme de la cérémonie, les motards ont démarré en file indienne, moteur ronronnant et gilet vert fluo sur le dos. Brazzaville entier a pu entendre ce défilé symbolique rappelant qu’une minuscule pièce de plastique — leur permis — peut ouvrir la voie à une vie plus stable.