Un bond stratégique de 850 millions d’euros au Môle Est
Annoncé lors de la 5ᵉ Rencontre des entrepreneurs francophones, le nouveau cycle d’investissement d’Africa Global Logistics – 850 millions d’euros à l’horizon 2027 – donne au port autonome de Pointe-Noire des allures de chantier continental. Philippe Labonne, président du groupe, a détaillé une enveloppe dont 350 millions seront consacrés à l’érection d’une plateforme flambant neuve sur le Môle Est, arsenal logistique pensé pour absorber la croissance des échanges et soutenir la politique de diversification économique nationale (Philippe Labonne, REEF 2024).
Pointe-Noire, future porte d’entrée de l’Afrique centrale
Le choix de Pointe-Noire ne relève ni du symbolique ni du hasard. Doté d’un tirant d’eau de 17 mètres et de 750 mètres de quai, le nouveau terminal pourra accueillir les porte-conteneurs parmi les plus imposants au monde. Cette profondeur, rare sur la façade atlantique, conforte la vocation transfrontalière du port et renforce la compétitivité de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale. Dans un contexte où le fret mondial se reconfigure, le Congo se positionne ainsi comme trait d’union naturel entre les gisements intérieurs et les routes maritimes.
900 emplois à la clé : la jeunesse congolaise en ligne de mire
Derrière les grues géantes, les chiffres parlent à la jeunesse : 900 postes permanents viendront étoffer les effectifs actuels du port, sans compter les centaines d’emplois temporaires liés au chantier. Pour une tranche d’âge 20-35 ans qui compose près de 60 % de la population active, cette perspective constitue un levier d’insertion rare. Le gouvernement, soucieux d’amplifier l’impact social de la Zone économique spéciale de Pointe-Noire, salue une dynamique qui s’inscrit dans l’objectif national de création d’emplois qualifiés.
Formation et transfert de compétences, piliers d’un impact durable
AGL ne se contente pas d’empiler les conteneurs ; l’entreprise investit aussi dans le capital humain. Plus de 400 millions de FCFA ont déjà été injectés cette année dans des modules de formation technique et managériale, profitant à 600 collaborateurs. Les centres de formation internes, greffés au réseau panafricain d’AGL, délivrent des certifications en pilotage de portiques, gestion de chaîne logistique et maintenance industrielle. À terme, ces compétences irrigueront l’écosystème local, favorisant l’émergence de PME capables de capter une partie de la valeur générée par l’activité portuaire.
Financement bancaire local, un signal de confiance économique
Le montage financier piloté par Crédit du Congo et Attijariwafa Bank, à hauteur de 150 milliards de FCFA, témoigne de la solidité du climat des affaires. En mobilisant des ressources majoritairement locales, le projet limite la dépendance aux capitaux extérieurs tout en stimulant l’intermédiation bancaire nationale. Pour les investisseurs, c’est une preuve tangible que la place de Brazzaville-Pointe-Noire dispose désormais d’instruments capables d’accompagner des opérations de grande envergure.
Un alignement avec les priorités de diversification économique
Le Congo, engagé dans une trajectoire de réduction de sa dépendance aux hydrocarbures, trouve dans la logistique un relais de croissance stratégique. La modernisation du port soutient les ambitions gouvernementales de faire du corridor Pointe-Noire–Brazzaville–Ouesso une artère multimodale vers les marchés d’Afrique centrale. Les exportations de bois, minerais et produits agricoles gagneront en compétitivité grâce à la diminution des coûts logistiques. Pour Philippe Labonne, « l’objectif n’est pas seulement de déplacer des conteneurs, mais d’accompagner la montée en puissance d’un tissu productif local à haute valeur ajoutée » (intervention REEF 2024).
Vers une logistique plus verte et plus numérisée
Seize portiques 100 % électriques équiperont le terminal. Ce choix technique préfigure une réduction notable de l’empreinte carbone et s’accorde avec les engagements climatiques pris par la République du Congo à la COP28. Par ailleurs, le déploiement d’outils numériques de traçabilité en temps réel et de systèmes d’optimisation des flux annonce une logistique de quatrième génération. À court terme, ces innovations devront fluidifier les opérations douanières et raccourcir les délais d’export, facteurs cruciaux pour les start-up agro-alimentaires, souvent freinées par les coûts de passage portuaire.
Un horizon porteur pour les jeunes talents congolais
Le pari d’AGL résonne comme un appel à la jeunesse : ingénieurs en génie mécanique, data analysts portuaires, planificateurs de trafic et spécialistes HSE verront leur expertise recherchée. Les établissements d’enseignement supérieur, notamment l’École supérieure polytechnique de Pointe-Noire, multiplient déjà les partenariats avec le groupe pour aligner leurs curricula aux standards internationaux. Dans un paysage où l’employabilité demeure un défi majeur, cette confluence entre entreprise, académie et État ouvre une fenêtre d’opportunités durable.