Un atelier pour aligner actions communautaires et politiques publiques
Le 11 juillet, la salle de conférence du Centre d’action pour le développement, à Brazzaville, a servi de forum à un échange jugé stratégique par de nombreux observateurs. Sous le sceau du projet « Appui à la gouvernance locale et formation des élus en République du Congo », financé par le Programme des Nations unies pour le développement, conseillers départementaux et représentants de plusieurs ministères ont confronté leurs approches de planification. L’objectif explicite : vérifier que les plans d’actions communautaires, conçus par les populations elles-mêmes, trouvent un écho tangible dans les feuilles de route institutionnelles.
Des élus départementaux engagés dans un diagnostic partagé
Venus de la Bouenza, de la Sangha, de la Cuvette-Ouest, des Plateaux, de la Likouala et du Kouilou, les conseillers départementaux ont exposé les priorités recueillies sur leur territoire. Routes praticables, accès sécurisé à l’eau potable, électrification rurale : autant de doléances récurrentes qui traduisent, selon les participants, « l’urgence de rapprocher la décision publique de la réalité quotidienne ». Aristide Bouity Tchibinda, élu du Kouilou, souligne la démarche inclusive : « Nous disposons enfin d’un cadre où la voix des villages irrigue les choix du département, ce qui renforce la légitimité de nos plaidoyers ».
Cet engagement des élus locaux semble nourrir une dynamique ascendante : la collectivité identifie, l’administration écoute, puis inscrit les besoins dans ses prévisions budgétaires. La méthode, inspirée du concept base-sommet, contraste avec les approches conventionnelles souvent perçues comme trop directives.
Le défi de la cohérence entre priorités locales et agendas nationaux
Au cœur des travaux, la nécessité de concilier programmes publics et attentes citoyennes a suscité un débat nourri. Guerschom Gobouang, responsable programme, campagne et plaidoyer du CAD, a rappelé que « lorsque les stratégies nationales se concentrent sur le changement climatique, nombre de communautés rappellent qu’elles manquent encore d’infrastructures de base ». L’enjeu consiste dès lors à articuler les deux échelles pour éviter la dispersion des ressources et renforcer la confiance institutionnelle.
Les cadres ministériels présents ont pris note des écarts identifiés et ont, selon leurs propres termes, salué « un outil d’aide à la décision qui s’appuie sur des données de terrain ». Plusieurs directions techniques ont proposé la mise à disposition de leurs équipes afin de fiabiliser les indicateurs contenus dans les plans locaux de développement.
Un partenariat CAD-PNUD au service du développement inclusif
Créé en 2021, le CAD se définit comme une organisation non gouvernementale, indépendante de toute chapelle politique ou religieuse. Son alliance avec le PNUD lui confère un appui méthodologique et financier qui a déjà permis l’instauration de multiples espaces de dialogue dans les départements couverts. Les analystes soulignent que cette coopération enrichit la boîte à outils de la gouvernance locale par l’introduction d’indicateurs internationaux en matière de développement humain, tout en respectant la souveraineté décisionnelle des autorités congolaises.
À Brazzaville, les officiels du PNUD ont rappelé que l’initiative cadre avec la Stratégie nationale de développement 2022-2026, laquelle met l’accent sur la décentralisation et la participation citoyenne. L’atelier apparaît ainsi comme un maillon d’une chaîne d’actions concertées visant à consolider les acquis économiques et sociaux du pays.
Prochaines étapes vers un suivi participatif et mesurable
Au terme des échanges, participants et experts ont convenu d’élaborer un dispositif de suivi basé sur des outils numériques simples, accessibles aux administrations locales comme aux organisations de la société civile. Ce mécanisme devrait permettre de mesurer l’avancement des travaux d’infrastructure, le niveau d’accès aux services essentiels et, à terme, l’impact sur les indicateurs de bien-être.
Les conseillers départementaux se sont également engagés à restituer les conclusions dans leurs circonscriptions respectives, afin de maintenir la boucle participative ouverte. Une réunion d’évaluation est prévue dans six mois, preuve de la volonté des acteurs de pérenniser la concertation.
Cap sur une gouvernance enracinée dans les réalités sociales
En plaçant les besoins de la population au centre de la planification, l’atelier de Brazzaville matérialise une ambition claire : bâtir une gouvernance de proximité, transparente et réceptive. Les observateurs notent qu’il s’agit moins d’une révolution que d’une maturation graduelle des pratiques administratives, désormais davantage attentives aux remontées du terrain. Cette convergence entre stratégies nationales et priorités locales peut devenir un levier d’efficacité, à condition que la dynamique engagée demeure soutenue par des ressources adéquates.
Pour la jeunesse congolaise, principale bénéficiaire des avancées attendues, l’exercice envoie un signal positif. Il confirme qu’un espace existe pour exprimer des propositions et voir celles-ci transformées en actions concrètes. Au-delà de la portée technique de l’atelier, c’est une certaine culture de la redevabilité qui s’affirme, augurant d’un climat de confiance renouvelé entre citoyens et institutions.