Une reconnaissance internationale ventilée depuis Istanbul
À l’issue de leur 51ᵉ session, tenue les 21 et 22 juin dans la métropole turque, les chefs de la diplomatie des cinquante-sept États membres de l’Organisation de la coopération islamique ont unanimement salué le Roi Mohammed VI. Celui-ci, en sa qualité de président du Comité Al-Qods, a été élevé au rang de protagoniste central pour la sauvegarde spirituelle et patrimoniale d’Al-Qods Acharif. Cet hommage formel, consigné dans une résolution spécifique, consacre des années de plaidoyer feutré et de diplomatie multilatérale menées depuis Rabat vers les capitales du monde musulman.
Le Comité Al-Qods, pivot diplomatique sous leadership marocain
Créé en 1975, le Comité Al-Qods a pour mandat d’appuyer le peuple palestinien dans la défense de son patrimoine religieux et urbain. Sous la présidence marocaine, l’organe a pris une dimension singulière, conjuguant discrétion diplomatique et visibilité internationale. « Le souverain chérifien a su faire entendre une voix de conciliation, fermement arrimée au droit international », résume un diplomate africain présent à Istanbul. La reconnaissance exprimée par l’OCI traduit la capacité du Maroc à fédérer un consensus élargi sur une question souvent clivée, sans jamais rompre les ponts avec les partenaires occidentaux.
L’Agence Bayt Mal Al-Qods : de la diplomatie à l’action concrète
Bras opérationnel du Comité, l’Agence Bayt Mal Al-Qods porte un portefeuille de micro-projets socio-économiques et culturels qui, selon le dernier rapport remis aux États membres, avoisine 60 millions de dollars depuis sa création. Rénovation d’écoles, bourses universitaires, soutien psychologique post-traumatique : autant d’initiatives qui transforment la solidarité en actes mesurables. Les ministres ont souligné « la résilience d’un financement durable fondé sur des contributions volontaires », un modèle qui contraste avec l’essoufflement constaté dans d’autres fonds internationaux dédiés à la cause palestinienne.
Un écho diplomatique qui résonne à Brazzaville
Si la République du Congo n’est pas membre de l’OCI, elle suit avec attention ce dossier qui façonne l’équilibre moyen-oriental. Brazzaville, régulièrement médiatrice dans les crises régionales africaines, voit dans la démarche marocaine une illustration complémentaire de la diplomatie de bons offices prônée par le président Denis Sassou-Nguesso. Selon un conseiller au ministère congolais des Affaires étrangères, la reconnaissance accordée à Mohammed VI « conforte l’idée qu’un leadership africain peut influencer positivement des enjeux globaux ». Ce capital symbolique nourrit également l’agenda de coopération Sud-Sud, notamment dans les secteurs de la formation diplomatique et de la gouvernance des sites patrimoniaux.
Entre symbolique religieuse et réalités géopolitiques
Al-Qods, ville trois fois sainte, cristallise l’histoire, la foi et la diplomatie. La résolution adoptée à Istanbul réaffirme la nécessité de préserver le statu quo historique des lieux saints, tout en condamnant toute mesure susceptible d’altérer leur caractère. Cependant, elle s’inscrit aussi dans une recomposition géopolitique où le dialogue interconfessionnel sert de passerelle vers la normalisation des échanges entre États du Golfe, Maghreb et Occident. En soulignant la centralité d’Al-Qods, l’OCI se démarque d’une approche strictement sécuritaire, préférant mettre en avant un narratif de coexistence, désormais perçu comme un vecteur de stabilité régionale.
Perspectives pour la jeunesse congolaise face au dossier israélo-palestinien
Au-delà du volet diplomatique, la question d’Al-Qods offre à la jeunesse congolaise l’opportunité de s’interroger sur les ressorts de l’engagement civique dans un environnement globalisé. Les initiatives de l’Agence Bayt Mal Al-Qods rappellent qu’un projet de société se nourrit tout autant d’actions éducatives que de déclarations politiques. Pour les étudiants de Brazzaville et Pointe-Noire, la dynamique impulsée par Mohammed VI illustre la manière dont un acteur africain peut conjuguer patrimoine, développement et plaidoyer international. Elle constitue enfin une invitation à envisager, à l’instar du Maroc, des solutions enracinées dans la culture et ouvertes sur le monde, sans renier la souveraineté ni la stabilité institutionnelle qui demeurent des atouts majeurs du continent.
