Contexte parlementaire et enjeux économiques
Sous l’égide de la commission des finances de l’Assemblée nationale, une délégation de députés vient de lancer une série d’évaluations auprès des entreprises installées à Pointe-Noire et dans le Kouilou. L’objectif affiché consiste à mesurer, sur le terrain, l’impact des exonérations prévues par les conventions d’établissement sur la dynamique de l’emploi et sur la structuration du tissu industriel national. Ces dispositions, inscrites dans la Charte des investissements, offrent en principe cinq années d’allégements fiscaux et douaniers aux opérateurs qui s’engagent à investir massivement et à générer des emplois pérennes. À l’heure où la République du Congo poursuit ses efforts de diversification économique, une telle mise au point apparaît stratégique pour garantir l’alignement des incitations accordées par l’État et les retombées sociales attendues.
Les conventions d’établissement, un levier fiscal aux contours exigeants
Instituées pour attirer des capitaux privés, les conventions d’établissement reposent sur un contrat moral construit autour de la réciprocité : l’administration concède des exonérations ciblées ; l’entreprise, de son côté, s’engage à transférer des compétences, à recruter localement et à contribuer à la montée en gamme de la production nationale. « Les conventions d’établissement accordées aux entreprises visent non seulement à favoriser la croissance économique mais aussi à stimuler la création des emplois durables », a rappelé le vice-président de la commission des finances, Thierry Obie, à l’ouverture des travaux. La Charte prévoit un cahier des charges précis, comprenant la soumission d’un plan d’embauche et d’un chronogramme d’investissement, deux documents qui doivent être validés par les organismes compétents avant l’entrée en vigueur des avantages fiscaux.
Premiers constats sur le terrain de Pointe-Noire et du Kouilou
Les visites effectuées dès le 8 juillet ont mis en lumière une situation contrastée. Certaines sociétés, notamment dans la pétrochimie et l’agro-industrie, présentent des bilans encourageants : hausse de la capacité de production, intégration de jeunes diplômés et partenariats avec des centres de formation technique. D’autres structures, en revanche, ne disposent toujours pas de plans d’embauche certifiés, malgré les facilités douanières dont elles jouissent depuis plusieurs exercices. Plus préoccupant, les parlementaires ont découvert l’inexistence manifeste de certaines firmes pourtant mentionnées dans les registres officiels, ce qui a suscité un vif étonnement dans l’auditoire local. « L’Assemblée nationale ne souhaite pas se contenter d’indicateurs macroéconomiques ; nous voulons des preuves tangibles que les exonérations se traduisent par des emplois stables pour nos concitoyens », a déclaré le député Julien Mouyabi lors d’un échange avec des chefs d’entreprise.
Les attentes des jeunes diplômés face aux promesses d’emplois durables
Pour la tranche d’âge 20-35 ans, qui représente l’essentiel des nouvelles entrées sur le marché du travail, l’enjeu est crucial. À l’Institut universitaire de technologie de la Pointe-Indienne, plusieurs étudiants interrogés se disent confiants mais vigilants. « Nous saluons l’engagement de l’État, cependant nous espérons que les entreprises joueront pleinement leur rôle », observe Micheline Budiango, diplômée en maintenance industrielle. Selon l’économiste Émeline Ntséké, la crédibilité du dispositif dépendra de la capacité des firmes à proposer non seulement des contrats, mais aussi des passerelles vers la formation continue. Ces éléments renforceraient la compétitivité des jeunes talents dans un environnement économique qui se mondialise.
Perspective réglementaire et responsabilité partagée
Le ministère de l’Économie et des Finances, en coordination avec celui de la Jeunesse et des PME, envisage de renforcer le mécanisme de suivi en mettant en place un tableau de bord numérique des engagements sociaux. Ce dispositif offrirait aux autorités la possibilité de vérifier, en temps réel, l’évolution des effectifs et l’exécution des investissements déclarés. Pour les entreprises, la transparence constitue une occasion de consolider la confiance des partenaires institutionnels et des communautés locales. Les parlementaires rappellent que la finalité n’est pas de sanctionner, mais de consolider un pacte gagnant-gagnant : stimuler la création de valeur ajoutée tout en assurant une redistribution inclusive des bénéfices. Dans cet esprit, la mission de contrôle poursuivra ses travaux au cours des prochains mois et publiera un rapport assorti de recommandations techniques, dont certaines pourraient inspirer une mise à jour de la Charte des investissements afin de l’adapter aux réalités économiques post-pandémiques.