Les coulisses d’une séance fédérale à haute valeur symbolique
Réunis le 28 juin dans l’enceinte feutrée du palais des sports de Brazzaville, les trente-deux membres du Conseil fédéral de la Fédération congolaise de basketball ont ouvert leur première session sous les auspices d’un mot d’ordre partagé : redonner ses lettres de noblesse à la balle orange nationale. D’un bout à l’autre de la salle, les représentants des ligues départementales arboraient les couleurs de leurs clubs, témoignant d’un attachement territorial que le nouveau bureau exécutif entend convertir en moteur d’unité.
À la tribune, le président Fabrice Makaya Mateve a salué « l’esprit de fair-play et la soif de consensus » avant de rappeler la mission première assignée à son équipe : « servir le basketball, écouter chaque acteur et consolider la cohésion autour d’une ambition partagée ». Une rhétorique inclusive qui tranche avec les clivages observés au cours des dernières décennies et laisse entrevoir une gouvernance davantage participative.
Un plan quadriennal pensé comme levier de relance nationale
Au cœur des échanges, l’adoption du plan d’activité 2025-2028 a constitué l’axe structurant de la matinée. Ce document de plus de soixante pages décline, saison par saison, objectifs sportifs, indicateurs de performance et projections budgétaires. Il prévoit notamment la création d’un championnat élite à deux conférences afin de réduire les coûts de déplacement, l’implantation de camps de perfectionnement semestriels dans les chefs-lieux de département et la mise en place d’un calendrier harmonisé avec les fenêtres internationales de la FIBA.
Le programme 2025, matrice de la première année, ambitionne de porter de 1 500 à 2 500 le nombre de licenciés féminins et d’introduire une Coupe nationale U-18 dont la finale serait couplée, pour la visibilité, à celle des seniors. « Nous voulons que nos jeunes grandissent sous le même toit compétitif que leurs aînés », a expliqué la vice-présidente chargée des compétitions, soulignant l’importance de l’émulation intergénérationnelle.
Formation et quotas étrangers : un équilibre entre ouverture et préservation
Conscients que la performance de demain se joue aujourd’hui sur les parquets d’entraînement, les conseillers ont accordé une place centrale à la formation des cadres techniques. Un partenariat en gestation avec l’Institut national de la jeunesse et des sports prévoit l’octroi de vingt bourses annuelles pour des diplômes de niveau II et III. Parallèlement, la Fédération négocie l’intervention ponctuelle d’experts issus de championnats reconnus afin d’élever le standard local sans grever les finances.
Sur le front de la régulation, la session a acté la limitation à deux le nombre d’athlètes étrangers alignés simultanément sur le terrain. L’objectif est double : préserver le temps de jeu des jeunes congolais tout en maintenant une ouverture susceptible de rehausser le niveau général. Une mesure que certains clubs brazzavillois jugent déjà stimulante, à l’image du manager de l’ASB Virunga qui y voit « un appel clair à investir enfin dans la détection locale ».
Vers une gouvernance modernisée et une transparence budgétaire accrue
Le Conseil fédéral a profité de ce rendez-vous inaugural pour réviser plusieurs articles des règlements généraux de compétitions. Les procédures de transfert, souvent sources de litiges, seront désormais centralisées via une plateforme numérique en cours de développement. Ce pivot digital devrait, d’après le secrétaire général, réduire les délais d’homologation et sécuriser la traçabilité des contrats.
Sur le chapitre budgétaire, le projet 2025 table sur des recettes avoisinant 480 millions de francs CFA, dont 60 % issus du sponsoring privé et 25 % d’une subvention publique en discussion avec le ministère des Sports. Pour garantir la transparence exigée par les partenaires, un audit externe annuel sera commandité et ses conclusions rendues publiques à chaque assemblée générale. Autant de garde-fous destinés à bâtir la confiance, condition sine qua non d’une mobilisation durable des ressources.
L’enjeu d’une dynamique nationale au service de la jeunesse
Au moment de clore les travaux, le directeur des activités sportives, Gin Clor Samba Samba, a exhorté l’ensemble des acteurs à « poursuivre l’effort avec la même rigueur que celle affichée aujourd’hui ». S’exprimant devant le représentant du Comité national olympique et sportif congolais, il a insisté sur la responsabilité collective qui pèse sur les épaules du mouvement sportif : offrir aux jeunes Congolais des perspectives de dépassement et de socialisation par le jeu collectif.
À l’heure où les compétitions continentales se structurent et où les droits de diffusion se valorisent, le Congo-Brazzaville saisit l’opportunité de s’arrimer à la dynamique régionale. En dotant le basketball d’une feuille de route ambitieuse mais pragmatique, la Fécoket pose les jalons d’un rebond à la fois sportif, économique et sociétal. Reste désormais à transformer l’essai sur le terrain, là où le grain de la réforme se frotte à la réalité du parquet.