Brazzaville vibre déjà pour le 20 septembre
Les groupes WhatsApp de la capitale s’embrasent depuis l’annonce du show du 20 septembre au Palais des Congrès. Les billets partent à une vitesse folle, preuve que la rumba, style inscrit au patrimoine immatériel de l’humanité, reste le langage affectif des Congolais.
Ce soir-là, deux génies des deux rives du fleuve uniront leurs guitares et leurs voix. Bozi Boziana, surnommé “Grand-père”, croisera la route scénique de Walo Boss-Tino, alias “Chanteur capable”, pour un face-à-face musical inédit à Brazzaville.
Bozi Boziana, légende au parcours sinueux
Né à Kinshasa en 1951, Boziana se frotte à ses premiers micros dès 1966 au sein de Bamboula. Des couloirs bouillonnants de Zaïko Langa Langa aux aventures d’Isifi Lokolé puis Yoka Lokolé, il apprend à chaque étape l’art de faire danser les foules.
Ses compositions, de Sandu Kotti à Zakayi, tracent une cartographie sentimentale du Congo. En 1985, il fonde Anti-Choc, incubateur d’une génération entière de chanteuses, et décroche un Kora Award en 1999. Aujourd’hui, son timbre métallique reste un marqueur instantané de la rumba authentique.
Walo Boss-Tino, souffle frais des playlists urbaines
Constant Walo, trentenaire de Pointe-Noire, a gagné son surnom de Boss-Tino sur les scènes de karaoké avant d’enregistrer ses premiers singles autoproduits. Sa voix souple épouse des arrangements hybrides où les percussions traditionnelles croisent des nappes trap et des gimmicks afro-pop addictifs.
Son titre Douce Folie cumule déjà des millions de vues sur TikTok, porté par un challenge de pas glissés devenu viral dans les cours d’école de Moungali à Mfilou. L’artiste assume pourtant un attachement viscéral à la rumba: “On avance sans oublier la source” explique-t-il.
Un pont musical entre générations
Les programmateurs veulent voir sur la même scène la guitare miellée de Boziana dialoguer avec la tessiture agile de Walo. L’idée, expliquent-ils, est de montrer que la rumba n’est pas figée: elle respire, elle se maquille, tout en gardant son accent du pool Malebo.
Pour matérialiser ce pont, le répertoire mêlera classiques introuvables en streaming et tubes fraîchement sortis. On annonce déjà un medley surprise où Sandu Kotti s’enchaînerait avec Douce Folie, soutenu par un orchestre maison recruté entre Kinshasa, Brazzaville et les studios de Pointe-Noire.
Depuis début août, les répétitions se tiennent dans un studio de Mikondo. Derrière les vitres fumées, Boziana teste de nouveaux arrangements de guitare tandis que Walo peaufine ses chœurs avec un coach vocal. Les vidéos teaser diffusées sur Instagram ont déjà dépassé cent mille vues.
Sape, lumières et interactions promises
Impossible de célébrer la rumba sans la Sape. Les stylistes de Bacongo préparent des costumes éclatants, entre vestons pastel et souliers vernis. Une allée rouge mènera les plus élégants jusqu’à la scène, tandis qu’un jury Instagram élira en direct le Sapeur de la soirée.
Les organisateurs ont aussi prévu des espaces selfie dotés d’éclairages néon inspirés des bars mythiques de Matonge. Les spectateurs pourront partager immédiatement leurs stories grâce à un partenariat avec un opérateur mobile local qui promet du Wi-Fi gratuit sur toute la durée du show.
La rumba comme patrimoine vivant
Classée par l’UNESCO depuis 2021, la rumba des deux Congo est célébrée ici dans sa dimension patrimoniale. “Nous voulons sensibiliser les jeunes à cette reconnaissance mondiale tout en leur montrant que c’est une musique de fête”, insiste Clarisse Lenga, coordinatrice culturelle de l’événement.
Une exposition éphémère retracera en images l’histoire du genre, de Wendo Kolosoy aux succès digitaux d’aujourd’hui. Les QR codes installés autour de la salle renverront vers des playlists pédagogiques, encourageant le public à poursuivre l’expérience chez soi après le concert.
Organisation et sécurité au rendez-vous
Le Palais des Congrès, récemment rénové, pourra accueillir près de 3 000 personnes. Le comité d’organisation garantit un dispositif de sécurité renforcé, avec contrôle biométrique à l’entrée et coopération active des services municipaux pour fluidifier le trafic alentour et faciliter l’accès des transports en commun.
Des brigades sanitaires seront déployées pour rappeler les gestes d’hygiène, distribuer du gel hydroalcoolique et surveiller la qualité des aliments vendus. Ce dispositif, salué par la municipalité, vise à faire du concert un modèle d’événement sûr et responsable pour la jeunesse congolaise.
En cas d’affluence record, un écran géant sera installé sur l’esplanade, transformant les abords du site en véritable bal populaire. Les food-trucks de makayabu, beignets et boissons locales proposeront des formules accessibles, histoire de prolonger la convivialité jusque tard dans la nuit.
Pourquoi cet événement compte pour la scène locale
Si les têtes d’affiche font rêver, l’impact dépasse la soirée. Dix jeunes musiciens sélectionnés via un concours en ligne assureront la première partie. Pour eux, c’est une exposition inespérée devant les médias, les producteurs et le public diasporique qui suit le concert depuis l’étranger.
Les maisons de disque installées à Abidjan et Paris observent attentivement ce type d’initiatives hybrides. “Brazza devient un hub incontournable pour repérer de nouveaux talents”, analyse Georges Mabiala, consultant en industrie musicale. En misant sur la rumba, les organisateurs entendent aussi renforcer l’attractivité culturelle du pays.
Derniers conseils pour ne rien manquer
Ouverture des portes à 18 h précises, début de la première partie à 19 h. Les billets physiques sont disponibles dans les magasins City Sport et via l’application mobile PassGo. Les retardataires pourront encore tenter leur chance sur place, mais sans garantie d’obtenir le précieux sésame.