Une journée pour redécouvrir Brazzaville
Le 28 septembre prochain, Brazzaville changera de tempo. Les klaxons cèderont un instant la place aux pas des curieux, des sportifs et des guides, réunis pour une grande marche touristique imaginée par Wild Safari Tours et l’Office de la promotion de l’industrie touristique.
Mise en scène à l’occasion de la Journée internationale du tourisme, célébrée officiellement la veille, l’initiative cherche à rappeler que découvrir sa propre ville peut être aussi dépaysant qu’une escapade lointaine, à condition de lever le nez de son smartphone.
Marche touristique Brazzaville 2023
Le tracé, long d’environ six kilomètres, reliera le siège de Wild Safari Tours, aux Plateaux des 15 ans, à la place Rotary du Square de Gaulle, au cœur de Bacongo. Entre les deux, une mosaïque de fresques, d’arbres centenaires, de boutiques et de souvenirs attend les marcheurs.
Les organisateurs promettent des arrêts commentés, croisant histoire coloniale, patrimoine religieux et anecdotes urbaines souvent oubliées. L’idée est d’offrir une lecture vivante de la capitale, loin des clichés de simple ville étape avant la forêt ou les plages de Pointe-Noire.
Tourisme responsable Congo
Wild Safari Tours mise sur le pas humain plutôt que sur l’empreinte carbone du minibus climatisé. «Marcher, c’est déjà choisir un tourisme responsable», résume sa directrice, Célestine Mabika, qui espère convertir les jeunes urbains au plaisir d’observer leur environnement immédiat.
L’OPIT, bras institutionnel du secteur, insiste sur l’accessibilité: inscription gratuite, rythme modéré et sécurité assurée par la police de proximité. «Nous voulons une manifestation inclusive, ouverte aux familles, aux personnes à mobilité réduite et aux visiteurs étrangers», souligne le chargé de programme, Thierry Nkouka.
Impact économique local
Pour les économistes, chaque pas peut rapporter gros. Les vendeurs de boissons glacées, les artisans du Marché Total et les galeries de Poto-Poto espèrent voir leurs recettes grimper. Selon la Chambre de commerce, une journée d’affluence touristique entraîne jusqu’à 25% de ventes supplémentaires chez les petits commerçants.
L’État, lui, y voit un moyen discret de tester l’attractivité de nouveaux circuits urbains avant le lancement annoncé du plan national de diversification touristique 2024-2030. D’après un conseiller du ministère, les enseignements logistiques guideront les prochains investissements en signalétique et en espaces verts.
Jeunesse et culture urbaine
Les réseaux sociaux effervescents de Brazzaville bruisseront certainement de selfies et de reels. Les influenceurs culturels, à l’instar de la créatrice vidéo Mav Ambassade, ont déjà promis de couvrir la marche en direct pour montrer qu’un week-end dans la capitale peut rimer avec découverte, sport et fierté locale.
Des collectifs de rap improvisent même des mini-concerts sur le parcours pour faire vibrer les trottoirs. Si la logistique suit, quelques studios de danse proposeront des étirements au départ et à l’arrivée, histoire de mêler santé, art et tourisme en un seul geste.
Sécurité et accessibilité
Les autorités municipales assurent que la circulation sera temporairement déviée sur certains axes pour éviter toute collision piéton-automobile. Des équipes de la Croix-Rouge se tiendront prêtes avec des points d’eau et un kit de premiers secours, précaution standard depuis le semi-marathon de mars dernier.
Côté météo, la saison sèche tardive offre des matinées fraîchement ventilées, idéales pour marcher. La Direction générale de la météorologie annonce toutefois un possible crachin en fin d’après-midi; des ponchos légers seront distribués aux premiers inscrits.
Perspectives après l’événement
Si l’affluence dépasse le millier de participants, le format sera reproduit dans d’autres villes, de Dolisie à Ouesso, avec des variantes cyclistes ou fluviales. «Nous voulons montrer que le Congo possède un éventail d’expériences, pas seulement les parcs nationaux», avance le directeur de l’OPIT, Honoré Goma.
Pour les universitaires, la marche participe à la construction d’une identité urbaine partagée. Selon la sociologue Clarisse Dihoulou, «arpenter les rues collectivement nourrit le sentiment d’appartenance et peut réduire la tentation de l’émigration chez les jeunes diplômés». Un pari qui mérite d’être observé.
Reste l’enjeu écologique. Les déchets générés par des foules festives ne sont plus tolérés. La mairie promet des bacs de tri chaque cinq-cents mètres et un ramassage post-événement. Les organisateurs comptent sur la discipline des marcheurs pour que la ville reste aussi propre qu’au départ.
Brazzaville se donne donc rendez-vous sur ses trottoirs pour célébrer sa propre histoire, ses pavés et sa skyline naissante. À défaut de pistes de ski ou de gratte-ciel vertigineux, la capitale mise sur la simplicité d’une promenade. Parfois, il suffit de marcher pour se redécouvrir.
Les professionnels de l’hôtellerie observent aussi l’événement. Plusieurs auberges du centre proposent déjà des forfaits «nuitée + marche guidée» pour attirer les participants venus de l’intérieur du pays. Une manière de lisser le taux d’occupation en saison basse et de fidéliser une clientèle nationale.
À plus long terme, les promoteurs rêvent de connecter ces parcours urbains aux circuits fluviaux sur le Congo et aux randonnées des gorges de Diosso, dessinant un continuum touristique. La marche du 28 septembre serait alors le premier maillon d’une chaîne d’expériences 100% congolaises.
