Une nuit qui bascule à Moungali
Brazzaville s’est réveillée sous le choc après l’annonce du décès d’Alain Roger Koumou Obambi, entrepreneur de 42 ans, victime d’un cambriolage sanglant dans la nuit du 24 au 25 septembre, au quartier Batignolle 2, dans le 4ᵉ arrondissement Moungali.
Sa mort a rapidement envahi les réseaux sociaux où vidéos, hommages et messages indignés ont circulé, rappelant la vulnérabilité ressentie par de nombreux habitants face à la hausse perçue de la petite criminalité nocturne dans certains quartiers dynamiques de la capitale.
Le mode opératoire glaçant
D’après le parquet, les assaillants ont franchi le mur d’enceinte avant de défoncer les portes au pied-de-biche et à la machette. Le propriétaire et son gardien, neutralisés puis ligotés, n’ont eu aucune chance lorsque les coups ont dégénéré, provoquant une hémorragie fatale.
Deux téléviseurs, un smartphone et divers bijoux ont été emportés, laissant une scène de crime d’autant plus révoltante qu’aucun de ces objets ne vaut la vie volée à la famille Koumou Obambi, toujours sous le choc selon un proche joint au téléphone.
Course-poursuite et interpellations
Alerté dès les premières heures, le Commandement de la police judiciaire a mobilisé enquêteurs, unités cynophiles et renseignements téléphoniques. La traque, discrète mais intense, a mené jusqu’aux quartiers Ouenze et Talangaï où plusieurs suspects tentaient de revendre le matériel volé, selon une source policière.
Huit hommes âgés de 22 à 34 ans ont finalement été interpellés entre le 28 septembre et le 3 octobre. Dans le lot, un caporal déserteur et un évadé de la prison de Madingou, déjà cité dans un dossier retentissant de 2021, détaille le rapport d’enquête.
Devant le procureur André Oko Ngakala
Le 9 octobre, les huit mis en cause ont été présentés au parquet de Brazzaville sous la direction du procureur de la République près le tribunal de grande instance, André Oko Ngakala, figure connue pour sa fermeté envers les crimes violents.
« Au regard de l’extrême gravité des faits, je décide d’engager des poursuites pour vol aggravé et meurtre suivant la procédure de crime flagrant », a-t-il déclaré, rappelant les articles 295, 304, 379 et 386 du Code pénal qui prévoient des peines lourdes.
Les suspects ont été placés sous mandat de dépôt à la maison d’arrêt centrale où ils attendront leur procès. Le procureur a souligné que la rapidité du traitement judiciaire vise aussi à rassurer la population souvent frustrée par la lenteur perçue des procédures.
Les implications pour la sécurité urbaine
Ce drame remet en lumière les défis sécuritaires dans les quartiers périphériques de Brazzaville en pleine croissance démographique. Selon les statistiques du ministère de l’Intérieur, les cambriolages nocturnes ont représenté 37 % des faits de vols répertoriés au premier semestre 2023.
Pour le sociologue urbain Bienvenu Moussavou, « l’impression d’insécurité naît surtout quand les victimes semblent choisies au hasard. La réponse policière rapide est essentielle, mais la prévention passe aussi par l’éclairage public, le marquage des biens et la solidarité de voisinage ».
Les autorités municipales rappellent qu’un programme de réhabilitation de l’éclairage LED est en cours à Moungali et Ouenze. Depuis juillet, plus de 300 lampadaires connectés ont déjà été installés, favorisant un sentiment de sécurité accru chez les riverains interrogés.
La réponse de la communauté
Entrepreneur apprécié, Alain Roger Koumou Obambi employait près de vingt jeunes dans les travaux de menuiserie aluminium. Ses collègues ont lancé une cagnotte en ligne pour soutenir sa famille et financer des actions de sensibilisation à la sécurité domestique, très partagée sur Instagram.
Dans le quartier, des veillées de prière ont réuni voisins, leaders religieux et représentants de la mairie. « Nous voulons montrer que la solidarité ne s’arrête pas aux murs des concessions », explique pasteur Euloge Ngouabi, appelant les jeunes à intégrer les comités de vigilance.
Prochaines étapes judiciaires
Le juge d’instruction chargé du dossier devrait être désigné dans les prochains jours. Une reconstitution des faits sur place pourrait être ordonnée pour préciser la chronologie, tandis qu’un appel à témoins reste ouvert afin de retrouver d’éventuels complices encore en fuite.
Les avocats commis d’office entendent plaider un concours de circonstances pour certains prévenus décrits comme suiveurs. Cependant, la présence d’armes blanches, l’intrusion nocturne et la mort violente classent l’affaire parmi les crimes passibles de la réclusion criminelle à perpétuité.
Le procureur Oko Ngakala a rappelé que l’État reste déterminé à garantir la sécurité des citoyens et à protéger l’environnement des affaires indispensable au développement, soulignant la coopération étroite entre forces de l’ordre et magistrature dans la lutte contre la violence urbaine.
En attendant l’audience, la famille Koumou Obambi espère que la justice fera son œuvre et que la disparition de leur proche servira d’électrochoc pour renforcer la vigilance collective. Brazzaville observe, solidaire, déterminée à transformer ce drame en moteur de prise de conscience.
La plateforme TéléchargeMaCopie, animée par de jeunes juristes, publiera bientôt des vidéos expliquant le procès criminel pour informer les internautes.