Nouvelle impulsion gouvernementale pour la salubrité urbaine
Dans une salle comble du ministère de l’Assainissement urbain, du Développement local et de l’Entretien routier, le 5 juillet 2025, Juste Désiré Mondelé a réuni maires d’arrondissement, responsables de marchés, cadres de la police et de la gendarmerie. D’une voix posée mais résolue, le membre du gouvernement a rappelé que la salubrité n’est pas une simple campagne ponctuelle, mais « un pilier de la modernité et de la compétitivité de nos cités ». L’annonce de la phase opérationnelle d’un déguerpissement généralisé a ainsi scellé la volonté de l’État de reprendre la main sur un espace public que l’occupation anarchique rendait souvent impraticable.
L’initiative, déjà esquissée lors du Sommet sur les écosystèmes, la biodiversité et les forêts tropicales réuni à Brazzaville en octobre 2023 autour du slogan « Ensemble, gardons nos villes propres », trouve aujourd’hui sa traduction concrète. Le ministre constate qu’après chaque vague de sensibilisation, « un reflux incivique ramène sur les trottoirs tables de fortune, épaves de véhicules et dépôts d’ordures ». Face à ce cycle, le trimestre de l’assainissement décrété en début d’année a ouvert la voie à une approche plus coercitive, assortie d’un accompagnement social et économique pour les petits commerçants déplacés.
Des objectifs clairs pour une capitale résiliente
Le dispositif ambitionne trois résultats majeurs : fluidifier la circulation piétonne et automobile, améliorer l’hygiène publique et consolider l’image d’une capitale en marche vers les standards internationaux. Au-delà du vernis esthétique, il s’agit d’anticiper les enjeux sanitaires liés à la saison des pluies, période où les déchets obstruent caniveaux et collecteurs, avec pour corollaire inondations et maladies hydriques. La Direction générale de l’environnement urbain signale déjà une baisse de 18 % des points noirs recensés sur l’avenue de la Paix et le boulevard Mavélé, données qui confèrent un premier crédit empirique à l’opération.
Pour atteindre ces objectifs, le ministère mise sur un maillage institutionnel où chaque acteur reçoit un mandat précis. Les municipalités doivent réorganiser les marchés existants, les forces de l’ordre veiller à l’exécution des arrêtés, tandis que les services techniques ont la tâche délicate d’évacuer épaves et ordures en moins de quarante-huit heures après constat. « L’autorité de l’État se juge à sa capacité de transformer la rue, pas seulement à édicter des textes », martèle un haut fonctionnaire de la direction de projet.
Le terrain, théâtre d’une mobilisation multisectorielle
Sur le marché Bernard Kolélas de Bacongo, premier site inspecté, la mise au pas s’est déroulée sous l’œil attentif du ministre de la Santé, Jean-Rosaire Ibara, appelé en renfort pour superviser le volet hygiénique. Les étals ont été repositionnés à l’intérieur de l’enceinte rénovée, tandis qu’un groupe technique, annoncé par Juste Désiré Mondelé, se chargera d’attribuer les nouvelles tables et de veiller à la conformité sanitaire des denrées. À Poto-Poto et à Ouenzé, des engins de levage ont retiré une trentaine d’épaves qui encombraient les ronds-points, rendant leur vocation circulatoire aux carrefours stratégiques.
Certains commerçants, interrogés à la sortie d’une réunion d’information, reconnaissent la nécessité de l’opération mais redoutent une baisse immédiate de leurs revenus. « Nous souhaitons simplement que l’État nous aide à trouver des places abordables à l’intérieur du marché », confie une vendeuse de poisson fumé. Le ministère évoque déjà des exonérations temporaires de redevance pour apaiser la transition, signal d’une approche conciliant fermeté et accompagnement.
Réactions des commerçants et défis persistants
Si la majorité des riverains saluent une mesure qui redonne « fière allure » aux boulevards, quelques voix soulignent la nécessité d’un suivi à long terme. Un urbaniste indépendant rappelle que la pérennité repose sur la capacité des municipalités à offrir, dans les marchés, des infrastructures de base — eau, éclairage, sécurité — sous peine de voir renaître l’informel sur les trottoirs. La question de la gestion durable des déchets revient également dans le débat : sans filière de recyclage efficace, l’évacuation périodique risque d’être un éternel recommencement.
Interpellé sur ces réserves, Juste Désiré Mondelé se veut rassurant : « Le temps des avertissements est révolu, mais celui de la pédagogie demeure. Nous allons conjuguer sanction et incitation pour inscrire le civisme dans les réflexes quotidiens. » Une cellule d’évaluation trimestrielle, pilotée par le Cabinet du ministre, rendra public un rapport faisant état des avancées et des écarts, gage de transparence dans la conduite de l’action publique.
Vers une culture citoyenne de propreté durable
Au-delà de l’exercice régalien, l’opération spéciale de juillet 2025 reflète une évolution sociétale : la ville n’est plus perçue comme un simple décor, mais comme un patrimoine collectif à préserver. Dans les universités, des associations étudiantes programment déjà des journées de collecte de plastique, signe d’une appropriation intergénérationnelle des enjeux d’assainissement. L’Alliance pour le volontariat youth congolais annonce par ailleurs une campagne numérique visant à populariser les gestes écoresponsables auprès des 18-35 ans.
La réussite complète de l’initiative dépendra toutefois d’un équilibre subtil entre contrôle permanent, infrastructures adaptées et responsabilisation citoyenne. En plaçant l’assainissement au cœur de son agenda, le gouvernement réaffirme que le droit à une ville propre rime avec devoir de civisme. Brazzaville, qui ambitionne de devenir une vitrine écologique d’Afrique centrale, vient ainsi de franchir une étape décisive sur le chemin d’une urbanité résiliente, sobre et inclusive.