Déferlante bleu-jaune à Brazzaville
Du 28 au 29 août 2025, le Palais des congrès de Brazzaville s’est transformé en océan d’écharpes bleu-jaune. À l’appel de l’Initiative Génération auto-entrepreneurs, plus de sept cents délégués ont rempli l’auditorium.
L’événement, placé sous le thème « Le rôle des masses populaires dans la préparation électorale et dans la mise en œuvre des réformes », a mis en lumière la plateforme Le Patriarche, dirigée par le dynamique coordonnateur Digne Elvis Okombi-Tsalissan.
Avant même l’ouverture officielle, une fanfare survoltée a rythmé la matinée et prouvé que la jeunesse congolaise sait mêler engagement civique et expression artistique, renforçant ainsi l’attractivité d’un rendez-vous politique stratégique pour 2026.
Objectif Présidentielle 2026
Le Patriarche se fixe un cap clair : soutenir la candidature du Président Denis Sassou Nguesso à l’élection présidentielle de mars 2026. La conférence devait donc fixer les rôles de chacun, du responsable départemental au simple sympathisant.
Dans son discours d’ouverture, Okombi-Tsalissan a retracé la genèse du mouvement : « en une année, nous avons parié sur la force fédératrice du Patriarche pour rassembler les jeunes de tous horizons ».
Le calendrier électoral prévoit, dès septembre, la révision des listes. Les délégués repartent ainsi mandatés pour stimuler les inscriptions et installer des comités de soutien dans chaque circonscription, un maillage susceptible de densifier l’expression démocratique.
Les attentes des délégués provinciaux
Venus des quinze départements, parfois après des heures de piste, les participants espèrent que l’élan créé à Brazzaville se traduira par des actions concrètes : rencontres de quartier, ateliers d’écoute, et solutions économiques pour les jeunes auto-entrepreneurs qu’ils représentent.
Ils se disent sensibles à la reconnaissance affichée par le coordonnateur : « vous êtes les véritables héros de cette histoire ». Ce message, martelé, nourrit un sentiment d’utilité souvent recherché par une génération avide d’opportunités.
Dans les allées, quelques voix soulignent que la prochaine étape sera l’accès aux financements de micro-projets, car l’engagement électoral gagne en crédibilité lorsqu’il débouche sur des initiatives d’employabilité, particulièrement dans un contexte urbain marqué par le chômage.
Stratégies de terrain et formation digitale
La salle des banquets a accueilli, l’après-midi, des modules interactifs sur l’organisation des bureaux de quartier, la vérification des listes et la communication digitale. Chaque délégué est reparti avec un guide technique inspiré des meilleures pratiques électorales.
Un accent particulier a été mis sur l’usage responsable des réseaux sociaux afin de désamorcer rumeurs et fausses informations. « La véracité précède l’influence », a insisté un formateur, rappelant l’importance d’un débat serein pour consolider la participation citoyenne.
Les formateurs ont simulé la tenue d’un bureau de vote, mettant en garde contre toute pression. Cette pédagogie rassure des primo-votants souvent intimidés par les procédures administratives et le contrôle social.
Lutte contre l’abstention électorale
Le Congo a enregistré, lors des scrutins précédents, un taux d’abstention qui dépasse parfois 30 %. Okombi-Tsalissan a donc martelé qu’« aucune réforme n’a de sens si l’électeur reste chez lui le jour du vote ».
Il a rappelé la dimension égalitaire de l’isoloir : le futur bachelier y détient le même pouvoir qu’un professeur agrégé. Cette rhétorique place la participation populaire au cœur du processus de modernisation prônée par les autorités.
Pour convaincre les indécis, l’Initiative a lancé l’opération « Matissa affaire », traduire « Allons-y, c’est important ». Les délégués devront aller vers les chômeurs, les familles vulnérables, écouter leurs besoins et proposer un accompagnement social capable d’ancrer la confiance.
Contretemps et ambiance populaire
La foule n’a toutefois pas échappé aux aléas : prévue à midi, la cérémonie n’a commencé qu’à quinze heures. La fatigue a gagné les rangs, vite dissipée par l’entrée théâtrale du coordonnateur, saluée par une ovation sonore.
Un moment d’agitation a éclaté lorsqu’un groupe de jeunes a réclamé des indemnités de transport. Okombi-Tsalissan a rétabli le calme, invitant chacun à privilégier la discipline. Le rappel renforce l’idée que la mobilisation durable exige méthode et clarté.
À l’extérieur, des vendeurs improvisés de boissons glacées donnaient un air de fête foraine. Cette dimension populaire contribue à dédramatiser la politique, perçue ici comme une célébration collective plutôt qu’un dialogue réservé aux cercles d’initiés.
Horizon des prochaines étapes
Les délégués disposent désormais de deux mois pour installer les comités de soutien et enregistrer un maximum de nouveaux électeurs. Le rapport final fixe un objectif ambitieux : chaque membre doit convaincre au moins cinquante personnes dans son voisinage.
Plusieurs partenaires ont promis un appui logistique : véhicules pour les zones enclavées, affiches biodégradables et ateliers de codage pour exploiter les données. Ces apports devraient sécuriser l’action sans alourdir les finances du mouvement.
Le Patriarche prévoit enfin un baromètre trimestriel d’opinion afin de mesurer l’efficacité du terrain. Cette transparence annoncée pourrait remotiver des militants souvent frustrés par l’absence de retour chiffré sur leurs efforts quotidiens.
Alors que les applaudissements se sont tus, chacun est reparti convaincu que la route jusqu’en mars 2026 sera exigeante mais décisive. La campagne est lancée, avec la jeunesse comme levier essentiel de participation.
