Brazzaville mise sur la diplomatie économique pour rayonner
À l’heure où l’économie mondiale se réorganise autour de blocs linguistiques et culturels, la diplomatie économique congolaise affiche un pragmatisme assumé. L’annonce, par le Dr Jean-Daniel Ovaga, de la tenue à Brazzaville de la septième édition du Forum international des entreprises francophones (FIEF) illustre cette stratégie d’influence. En participant, fin mai 2025, à la précédente édition d’Abidjan, le président du Conseil d’administration de l’Union nationale des opérateurs économiques du Congo (UNOC) a su capter l’attention du Groupement du patronat francophone (GPF) et convaincre ses pairs de la pertinence d’un détour par les rives du fleuve Congo.
Le FIEF, accélérateur de partenariats francophones
Né d’une volonté partagée de stimuler la mobilité des capitaux et des expertises au sein de l’espace francophone, le FIEF réunit chaque année chefs d’entreprises, décideurs publics et hauts fonctionnaires. Pour le ministre de l’Économie, du Plan, de l’Intégration régionale et de la Statistique, Ludovic Ngatsé, « la tenue de cet événement majeur renforcera l’image du Congo en tant que hub d’affaires en Afrique centrale ». Ce rendez-vous se présente surtout comme un laboratoire d’idées où se tissent des alliances transversales, des consortiums multinationaux et des financements croisés, créant un écosystème favorable aux start-ups comme aux conglomérats.
Les ressorts d’une candidature mûrement calibrée
Le choix de Brazzaville n’est pas le fruit du hasard. Outre sa position géographique stratégique, la capitale possède une tradition d’accueil de conférences régionales, consolidée par la récente Rencontre des entrepreneurs francophones (REF) organisée avec succès. De retour d’Abidjan, le Dr Ovaga a exposé à la tutelle gouvernementale les atouts différenciants de la candidature congolaise : infrastructures hôtelières modernisées, connectivité aérienne grandissante et cadre réglementaire en cours d’optimisation pour séduire les investisseurs étrangers. L’implication concertée des ministères en charge des PME, du développement industriel et de la coopération internationale confère à la démarche un ancrage institutionnel solide, gage de crédibilité.
Cap sur 2026 : une logistique à la hauteur des ambitions
Les douze prochains mois seront consacrés à un minutieux travail d’ingénierie événementielle. Entre l’audit des sites potentiels, la sécurisation des flux et la coordination protocolaire, le comité d’organisation entend capitaliser sur l’expertise de la Clinique médicale Securex pour la dimension sanitaire, encore sensible après la pandémie. Des missions exploratoires du GPF sont annoncées afin d’évaluer l’état d’avancement des chantiers et de calibrer la jauge d’accueil. Dans les couloirs du ministère chargé des Finances, l’on souligne déjà l’effet d’entraînement attendu sur les services connexes : transport, restauration, technologies de l’information et prestations culturelles.
Au-delà du forum, l’héritage économique pour la jeunesse congolaise
L’enjeu dépasse la simple vitrine médiatique. Pour une génération de jeunes entrepreneurs congolais, l’arrivée du FIEF représente une rare opportunité de réseautage, de mentorat et de levée de fonds. « Nous voulons que le forum serve de tremplin aux projets portés par la jeunesse », soutient un conseiller du ministère des PME, persuadé que les ateliers thématiques favoriseront la fertilisation croisée des idées. En toile de fond, l’UNOC espère inscrire durablement le Congo sur la carte des places d’affaires francophones, suscitant un afflux de joint-ventures et un transfert de compétences qui pourraient accélérer la diversification économique voulue par les autorités.
Vers une visibilité renforcée de la francophonie économique
En plaçant l’édition 2026 sous le très-haut patronage du Président de la République ou de son représentant, le Congo affirme son attachement à la francophonie comme levier de développement partagé. De Paris à Montréal, de Dakar à Bruxelles, la communauté d’affaires francophone suit de près la montée en puissance de Brazzaville. Si les promesses logistiques et réglementaires sont tenues, la capitale pourra confirmer l’intuition formulée par le Dr Ovaga : celle d’un Congo pivot, capable de fédérer les acteurs économiques du sud et du nord autour d’objectifs convergents, au service d’une croissance inclusive et d’un rayonnement renouvelé.