Brazzaville et le PNUD scellent une alliance verte
Du 5 au 7 juin 2025, la capitale congolaise a fait de la protection environnementale plus qu’un slogan : un engagement palpable. Sous le thème « Mettre fin à la pollution plastique dans le monde », les autorités ont orchestré une série d’échanges académiques et de campagnes de sensibilisation avec l’appui constant du Programme des Nations unies pour le développement. Arlette Soudan Nonault, ministre de l’Environnement, a réaffirmé devant un parterre de décideurs et de chercheurs l’urgence d’un pacte écologique national, rappelant que le bassin du Congo demeure l’un des poumons de la planète et que sa sauvegarde est indissociable de la lutte contre les déchets plastiques.
La marche verte, symbole d’une conscience collective émergente
Point d’orgue des festivités, la « marche verte » a vu des centaines de citoyens se rassembler depuis Moungali jusqu’à l’esplanade de la basilique Sainte-Anne. Casquettes et slogans revendicatifs ont jalonné un parcours hautement symbolique, rehaussé par la présence de plusieurs membres du gouvernement et de représentants onusiens. « Nous devons inscrire notre démarche dans la durée », a expliqué Henry-René Diouf, représentant résident adjoint du PNUD, saluant une jeunesse congolaise qu’il juge « prête à porter le flambeau de l’écologie ». L’événement a fonctionné comme une ancre visuelle, illustrant l’adhésion populaire à une cause qui dépasse les clivages politiques ou générationnels.
Chiffres mondiaux et réalités congolaises d’une crise plastique
Les données soulignent l’ampleur du défi : près de 400 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année, 11 millions échouent dans les océans et à peine 9 % sont effectivement recyclées sur le continent africain. Dans les rues de Brazzaville, sacs et bouteilles à usage unique colonisent encore les marchés et les berges du fleuve. Pour Arlette Soudan Nonault, ces statistiques traduisent « un impératif d’action concertée ». Selon le ministère de l’Environnement, une grande partie des déchets plastiques urbains provient du secteur informel, d’où l’enjeu de formaliser la collecte et de soutenir les micro-entreprises locales spécialisées dans la valorisation des déchets.
Jeunesse, innovation et économie circulaire : horizons prometteurs
Loin de se cantonner au militantisme, les jeunes adultes congolais investissent désormais les créneaux de l’innovation verte. Des start-ups convertissent déjà les sachets rebutés en pavés de construction, tandis que des projets universitaires explorent la fabrication de briques composites à partir de bouteilles recyclées. « L’économie circulaire offre à la fois des débouchés professionnels et une réponse environnementale », souligne Irène Mboukou Kimbatsa, ministre déléguée en charge de l’intégration des jeunes. Cet élan entrepreneurial bénéficie du soutien des bailleurs internationaux, convaincus que la transition écologique peut se muer en moteur de croissance inclusive.
Vers un corpus juridique renforcé pour préserver le bassin du Congo
Le gouvernement prépare une révision exhaustive du cadre législatif relatif à la gestion des déchets, avec des sanctions accrues pour les infractions environnementales et des incitations fiscales pour les alternatives biodégradables. Rigobert Maboundou, ministre d’État chargé de l’Agriculture, estime que « la protection des sols et des ressources hydriques passe par une limitation stricte des plastiques non recyclables ». Plusieurs juristes planchent sur l’introduction d’une responsabilité élargie des producteurs, afin que les importateurs de matières plastiques contribuent financièrement à leur récupération. Dans la même veine, des campagnes d’éducation civique seront déployées dans les établissements scolaires pour ancrer, dès l’enfance, une culture du tri et du refus du gaspillage.