L’élan du Fijada résonne à Brazzaville
Le Palais du peuple de Kinshasa a vibré, le 12 août, au rythme de la Journée internationale de la jeunesse. Sous la bannière du Forum international de la jeunesse pour le développement de l’Afrique, plus de cinq cents délégués ont échangé sur le climat, l’innovation et l’emploi durable.
Treize jours plus tard, l’écho de ces débats traverse le fleuve Congo. Jonathan Lumbeya Masuta, président du Fijada, pose ses valises à Brazzaville le 23 août, accompagné d’une délégation restreinte, pour dévoiler les principales résolutions issues de la table-ronde kinois.
Un compte-rendu attendu par la jeunesse congolaise
La cérémonie de restitution est fixée à l’hôtel Saphir, un établissement fréquenté par les entrepreneurs et influenceurs congolais. Selon le programme provisoire, l’ancien député José Cyr Ebina ouvrira les travaux, avant une présentation interactive des données collectées entre le 10 et le 14 août.
À Kinshasa, les panels avaient dégagé trois priorités : financer les start-up vertes, renforcer l’éducation climatique et soutenir les politiques publiques locales. Les délégués congolais, menés par Daniel Biangoud, insistent désormais sur la contextualisation de ces objectifs dans les réalités brazzavilloises.
Des recommandations pour un avenir durable
Le rapport final, que nous avons consulté, propose la création d’un fonds panafricain alimenté par les diasporas et les partenaires privés pour accorder des micro-subventions aux projets portés par des jeunes de moins de 35 ans. L’idée a reçu un accueil favorable de plusieurs délégations.
Les participants recommandent aussi d’introduire des modules d’écologie pratique dans les programmes universitaires. « Le cours doit sortir des salles pour rejoindre le terrain », plaide Jonathan Masuta, soulignant la vitalité des clubs environnementaux déjà actifs à l’Université Marien-Ngouabi.
Autre point fort : la mise en place d’une plateforme numérique collaborative pour partager données climatiques, appels à projets et offres de formation. Le Congo, qui étend progressivement sa couverture internet, pourrait ainsi offrir une vitrine régionale aux solutions conçues dans ses incubateurs.
Synergies institutionnelles et diplomatie verte
La présence annoncée d’un représentant des Nations unies illustre l’importance accordée par les partenaires multilatéraux aux initiatives portées par la jeunesse congolaise. Depuis la COP26, le pays a fait de la diplomatie climatique un vecteur de coopération, misant sur son massif forestier et sa stabilité institutionnelle.
Le ministre des Postes, des télécommunications et de l’économie numérique, Léon-Juste Ibombo, sera également présent. Son cabinet confirme qu’il évoquera le programme national de couverture numérique et l’intérêt d’y intégrer des applications orientées agro-écologie, développées par de jeunes codeurs locaux.
Un bureau national pour passer à l’action
L’installation du bureau national du Fijada à Brazzaville constitue une étape symbolique. Daniel Biangoud, pressenti pour le diriger, promet une gouvernance ouverte. « Nous publierons un tableau de bord trimestriel pour que chaque adhérent mesure nos avancées », assure ce diplômé en gestion de projets.
Le bureau déploiera en priorité un programme de mentorat associant entrepreneurs confirmés et porteurs de projets émergents. Les sessions, organisées en présentiel et en ligne, couvriront la levée de fonds, la gestion d’impact et la communication numérique, domaines souvent cités comme freins par les jeunes incubés.
Regards croisés de la société civile
Plusieurs organisations de jeunesse du Congo ont salué l’initiative. Pour Ghislaine Ngalula, présidente du Collectif 50-50, « l’arrivée du Fijada renforce les passerelles entre Brazzaville, Kinshasa et les capitales voisines ». Elle encourage néanmoins une meilleure inclusion des zones semi-rurales, encore sous-représentées dans les forums urbains.
Depuis Bangui, Pamela Audrey Derom qui interviendra par visioconférence, rappellera les engagements pris dans le cadre de l’Union panafricaine de la jeunesse. Selon elle, la mutualisation des expertises régionales peut amplifier le plaidoyer auprès des bailleurs, en particulier sur le nexus climat-emploi.
Prochaines étapes et ambitions régionales
Le calendrier présenté aux partenaires prévoit une mission d’évaluation dans les onze départements d’ici à décembre. Chaque étape recueillera des indicateurs sur les besoins en formation verte, devant alimenter un tableau de bord continental que le Fijada souhaite présenter au Sommet africain de la jeunesse 2026.
Au-delà du constat, Jonathan Masuta envisage de conclure des accords de co-incubation avec des hubs du Rwanda et du Ghana. « Les défis climatiques n’ont pas de frontières, nos solutions non plus », affirme-t-il, citant l’exemple d’une application congolaise de suivi des feux de brousse.
Pour de nombreux observateurs, la capacité du Fijada à transformer promesses en résultats sera scrutée. Encouragée par un environnement politique stable et par la volonté affichée des autorités de soutenir l’entrepreneuriat vert, la jeunesse congolaise dispose d’une fenêtre d’opportunité pour faire entendre sa voix régionale.
Le député Exaucé Ibam Ngambili, connu pour son engagement dans la promotion des métiers verts, a indiqué qu’il saisirait la prochaine session parlementaire pour présenter une proposition de loi incitative sur le recyclage du plastique. Son objectif : encourager les start-up conduites par des jeunes diplômés en chimie.
Selon les analystes consultés, l’alignement entre initiatives citoyennes et cadres réglementaires pourrait accélérer la mobilisation de financements verts, notamment via la Banque de développement des États d’Afrique centrale. L’enjeu est de traduire les engagements signés en projets bancables, capables de générer des emplois durables à court terme.
