Contexte du Festival Chine-Afrique
Depuis 2010, le festival Chine-Afrique de la jeunesse réunit chaque année étudiants, entrepreneurs et artistes des deux continents afin de tisser des réseaux et d’imaginer des projets communs. L’événement navigue de ville en ville, symbolisant une coopération culturelle en mouvement permanent.
Après Pékin et Qinghai cette année, la prochaine escale pourrait prendre racine à Brazzaville, si la proposition portée par le Conseil consultatif de la jeunesse congolaise aboutit. L’enjeu dépasse la simple fête: il s’agit de placer le Congo au cœur du dialogue Afrique-Chine.
Le Secrétaire exécutif, Mi Christ Kaba-Mboko, a profité de la cérémonie de clôture de la neuvième édition pour lancer cet appel, invitant étudiants chinois et africains à « célébrer ensemble nos avenirs partagés » sur les rives du fleuve Congo.
Une neuvième édition tournée vers l’avenir
Du 9 au 13 septembre, plus de cent jeunes représentants de 40 pays africains ont exploré Beijing puis la province montagneuse de Qinghai. Visites de parcs nationaux, forums d’innovation et ateliers culinaires ont rythmé le programme, ponctué de chants en mandarin et en lingala.
La délégation chinoise, conduite par le Comité central de la Ligue de la jeunesse communiste, a réaffirmé l’appui de Pékin dans l’éducation, le numérique et l’agriculture intelligente. « Nous avançons avec vous sur le chemin d’un futur gagnant-gagnant », a souligné un responsable devant la presse.
De leur côté, les participants africains ont salué la vitesse à laquelle la Chine a érigé ses infrastructures. Beaucoup rêvent de reproduire barrages, trains express et parcs industriels dans leurs villes. Le mot d’ordre reste l’adaptation, afin de respecter les réalités économiques et climatiques locales.
La voix du Congo portée par Mi Christ Kaba-Mboko
Très applaudi, le discours du jeune dirigeant congolais a insisté sur la notion d’avenirs partagés, concept déjà mis en avant par les chefs d’État lors du dernier Forum sino-africain. Il a plaidé pour un festival décentralisé, impliquant lycées, incubateurs et artistes de toutes les régions du pays.
Pour appuyer sa candidature, Brazzaville mise sur son expérience dans l’accueil d’événements d’envergure, du FESPAM aux Jeux africains, et sur la récente modernisation des infrastructures touristiques. L’aéroport Maya-Maya rénové et le centre des congrès de Kintélé répondraient déjà aux standards internationaux.
« Nous voulons un festival vert, inclusif et connecté », a-t-il déclaré à notre micro. Il évoque la possibilité de sessions hybrides diffusées sur TikTok et Bazo, permettant à la diaspora de suivre en direct les débats sur l’entrepreneuriat, les arts ou la transition écologique.
Pourquoi Brazzaville se positionne pour 2024
Le Congo partage plus de 60 ans de relations diplomatiques solides avec la Chine. De la centrale hydroélectrique de Liouesso aux échangeurs de Pointe-Noire, les projets sino-congolais jalonnent le territoire. Accueillir la 10ème édition serait une vitrine supplémentaire de cette coopération historique et stratégique.
Sur le plan économique, l’événement pourrait attirer des dizaines de délégations, générant réservations hôtelières, expositions commerciales et emplois temporaires. Les autorités locales misent sur un retour financier mais aussi symbolique, en plaçant la jeunesse congolaise au centre de la scène internationale.
Côté calendrier, une annonce officielle pourrait intervenir lors de la prochaine commission mixte Congo-Chine. Les organisateurs seraient alors dotés d’environ dix mois pour préparer programme, logistique et communication, un défi que Kaba-Mboko juge « parfaitement réalisable » grâce à l’appui des partenaires.
Opportunités pour la jeunesse congolaise
La tenue du festival ouvrirait des stages dans les entreprises chinoises implantées au Congo, de Huawei à CMEC. Les meilleurs projets présentés lors des hackathons pourraient décrocher des financements croisés, combinant fonds publics congolais et capital-risque venu de Shenzhen ou de Johannesburg.
Plus largement, l’événement servirait de laboratoire interculturel. Des masterclass de calligraphie côtoieraient des ateliers de rumba, tandis que des débats sur l’intelligence artificielle aborderaient la place des langues africaines dans les interfaces vocales. Autant d’occasions de valoriser la créativité locale.
Les influenceurs congolais actifs sur Instagram ou Kwenda prendraient part à des vlogs collaboratifs, amplifiant l’image d’un Congo moderne et accueillant. Les organisateurs prévoient aussi un volontariat vert: plantation d’arbres le long du Djoué et tri sélectif dans les sites du festival.
Les prochaines étapes attendues
À court terme, le Conseil consultatif de la jeunesse compte soumettre un dossier technique au ministère des Affaires étrangères, détaillant budgets, sites et protocoles sanitaires. Une mission exploratoire conjointe pourrait se rendre en Chine avant la fin de l’année pour affiner le cahier des charges.
Si Brazzaville est retenue, la mobilisation des jeunes sera capitale. Associations scolaires, syndicats étudiants et start-ups locales seront appelés à co-construire le programme, une démarche participative qui correspond à la philosophie « par les jeunes, pour les jeunes » défendue depuis la genèse du festival.
En attendant la décision officielle, Mi Christ Kaba-Mboko invite déjà les internautes à partager leurs idées sous le hashtag #ChineAfrique10. « Chaque proposition compte », insiste-t-il, persuadé que la créativité congolaise peut faire de cette dixième édition la plus mémorable à ce jour.
