Un tirage « ouvert » qui relance l’espoir
Le 3 novembre, le tirage au sort de la Coupe de la CAF 2025-2026 a placé l’Association sportive Otohô d’Oyo dans le groupe C. Le club congolais retrouve le Chabab Riadhi Belouizdad d’Algérie, Stellenbosch FC d’Afrique du Sud et Singida Black Stars de Tanzanie.
Sur le papier, aucun ogre parmi ces adversaires n’a encore soulevé la Coupe. Les supporters congolais parlent déjà d’« opportunité historique ». « Le tableau est accessible si nous restons sérieux », glisse Serges Ngoma, abonné au virage sud du stade Massamba-Débat.
Belouizdad, favori algérien en rodage
Champion d’Algérie à plusieurs reprises ces dernières saisons, le CR Belouizdad n’est cependant que 6ᵉ de son championnat. Son effectif reste redoutable avec le meneur Merouane Dahou, mais les blessures récentes pèsent. « Ils cherchent encore leur rythme », estime l’analyste sportif Abdel Karim Benyahia.
Stellenbosch, le style offensif made in PSL
Treizième en Premier Soccer League, Stellenbosch FC encaisse autant qu’il marque. Leur force : une attaque rapide emmenée par Devin Titus. Leur talon d’Achille : la défense aérienne. Un contraste que le coach malien d’Otohô, Sékou Seck, compte exploiter : « Nous devrons presser haut et garder la balle ».
Singida Black Stars, la surprise tanzanienne
Avec six points en deux matches et quatre rencontres de retard, Singida Black Stars reste un mystère. Son patron, l’attaquant Meddie Kagere, assure que l’équipe « veut montrer le nouveau visage du football tanzanien ». Les observateurs soulignent une cohésion défensive bien huilée malgré un budget limité.
Voyager à travers le continent, un marathon logistique
Brazzaville-Alger, Oyo-Le Cap, Oyo-Dodoma : ces itinéraires cumulés dépassent 22 000 km. « Chaque vol peut durer plus de dix heures avec escales », soupire le team-manager Armel Okouya. La fatigue liée aux décalages horaires pourrait peser, surtout sur les fins de match disputées en altitude sud-africaine.
L’absence de championnat, une épine dans le pied
Contrairement à ses adversaires en plein calendrier national, AS Otohô patiente toujours, faute de reprise officielle de la Ligue 1 congolaise. Les joueurs multiplient les matchs amicaux face à la réserve de Diables Noirs ou aux académies locales pour garder le rythme, « mais rien ne remplace la pression d’un vrai week-end de compétition », avoue le capitaine Béranger Itoua.
Massamba-Débat, la course contre la montre
Le stade Alphonse Massamba-Débat détient une homologation provisoire de la CAF. Pour conserver ses matches à domicile, le club doit améliorer vestiaires, éclairage et VAR d’ici la fin novembre. Le ministère des Sports a mandaté une cellule de suivi. « Les travaux avancent sereinement », rassure un responsable technique.
Calendrier : trois jours pour basculer
La première journée se jouera entre le 21 et le 23 novembre. Otohô débutera à domicile face à Stellenbosch, avant un périple vers Alger début décembre puis la Tanzanie juste avant Noël. Les matchs retours commenceront en février, période souvent marquée par une chaleur humide à Brazzaville.
Stratégie de Sékou Seck : solidité et transitions rapides
Le technicien malien veut s’appuyer sur une charnière expérimentée Mouyabi-Makouta et un milieu compact. « Nous devrons courir intelligemment, pas tout le temps », répète-il à l’entraînement. Les séances vidéo ont déjà ciblé les couloirs faibles de Belouizdad et la défense haute de Stellenbosch.
La jeunesse d’Otohô, atout fraîcheur
Avec une moyenne d’âge de 24 ans, les Bleus et Jaunes possèdent une densité athlétique intéressante. L’ailier Ngatse Mawawa, 20 ans, a marqué dix buts lors des tours préliminaires. « Je rêve de faire lever Massamba-Débat », confie-t-il, sourire aux lèvres.
Soutien populaire, effet douzième homme
Les pages TikTok et Instagram du club cumulent désormais 120 000 abonnés. Les vidéos dansantes des joueurs après chaque victoire dépassent régulièrement 200 000 vues. « Voir nos likes grimper nous motive plus que jamais », reconnaît le gardien Barel Makaya.
Concurrence continentale, un niveau homogène
La présente édition de la Coupe de la CAF réunit également Wydad AC, USM Alger ou encore Zamalek SC, récents finalistes de la Ligue des champions africaine. La marge entre outsiders et favoris se réduit, rappelle le consultant béninois Bawa Adigo : « La tactique prime sur les noms ».
Objectif : franchir la phase de groupes
Otohô n’a encore jamais atteint les quarts de finale. Trois victoires suffiraient souvent pour passer, quatre garantiraient même la première place. Les primes prévues par le comité directeur s’élèveraient à 1,5 million de francs CFA par match gagné, de quoi doper la motivation collective.
Le soutien institutionnel, un levier essentiel
La Fédération congolaise de football appuie logistique et formalités. « Nous voulons voir notre drapeau briller », souligne son président. Des partenariats avec la compagnie nationale Equaflight devraient réduire les coûts de transport. Cette coordination est saluée par plusieurs journalistes sportifs brazzavillois.
Parole de supporters avant le coup d’envoi
Chaque soir, les bars d’Oyo refont déjà le match. Rachel Nguiéma, étudiante en communication, parie sur « un nul courageux en Algérie et deux victoires à domicile ». De son côté, l’ancien attaquant Nobel Nguessi pronostique : « Si Otohô marque en premier, il devient intraitable ».
Le mot de la fin
Le groupe C n’est peut-être pas le plus médiatisé, mais il offre à AS Otohô une fenêtre pour écrire une nouvelle page du football congolais. Entre déplacements XXL, chantier du stade et jeunesse ambitieuse, les Bleus et Jaunes savent que chaque détail comptera dès le 21 novembre.
