Otohô assure l’essentiel à Owando
Stade d’Owando bouillant, 28 septembre : l’AS Otohô devait simplement ne pas perdre pour valider son billet en Coupe de la confédération. Le 0-0 final contre Primeiro de Agosto semblait terne, mais il ouvrait pourtant la porte du deuxième tour préliminaire aux champions du Congo.
La qualification s’est principalement jouée une semaine plus tôt à Luanda, grâce au succès 2-1 décroché dans la touffeur angolaise. « Nous avons fait le plus dur là-bas », glisse l’attaquant Bandiougou Diallo, encore frustré par sa frappe détournée sur le poteau à la 44e minute au retour.
Le coach franco-malien Sékou Seck savoure, tout en gardant la tête froide : « On passe, c’est bien, mais transformer nos occasions reste la priorité. En compétitions africaines, la moindre erreur se paie cash. » Ses mots, sobres, reflètent l’état d’esprit d’un groupe conscient du défi suivant.
Ferroviario de Maputo en ligne de mire
Place maintenant au club mozambicain Ferroviario de Maputo, bourreau régulier des équipes d’Afrique australe. Le match aller est programmé autour du 18 octobre. Pour Otohô, atteindre la phase de groupes constituerait une première historique et une manne financière estimée à plus de 150 millions de FCFA.
Le staff planche déjà sur la logistique. Owando ne répond pas toujours aux normes CAF pour les rencontres nocturnes ; un délocalisation à Brazzaville n’est pas exclue. « Nous voulons offrir les meilleures conditions à nos supporters et à l’adversaire », confie un dirigeant du club, prudent mais motivé.
Léopards piégés à Maputo
Pendant qu’Otohô exultait, l’AC Léopards broyait du noir. Les Fauves du Niari ont résisté 180 minutes au Black Bulls, 0-0 à Brazzaville puis 0-0 à Maputo, avant de s’incliner 5-4 aux tirs au but. Une élimination dès le premier tour de la Ligue des champions qui laisse un goût amer.
Les joueurs de Moussa Latoundji ont payé leur stérilité offensive : trois occasions nettes ratées en territoire mozambicain, dont une tête à bout portant de Ndolo Mbemba sauvée sur la ligne. « Sans compétition régulière, on manque de rythme au moment crucial », soupire le technicien béninois du club dolisien.
Le réalisme, talon d’Achille congolais
Depuis cinq ans, les clubs du Congo – Brazzaville n’ont converti que 23 % de leurs tirs cadrés en coupes africaines, loin de la moyenne continentale de 33 %. Ce déficit explique en partie les sorties précoces récurrentes, malgré un réservoir de talents salué par les recruteurs.
Sékou Seck ne mâche pas ses mots : « À domicile, la pression du public bloque nos attaquants. Il faut travailler le mental autant que la tactique. » Dans les travées d’Owando, les supporters regrettent cette image d’équipes « gentilles mais inefficaces » qui colle aux clubs tricolores.
Un championnat en stand-by qui inquiète
Derrière le manque de tranchant se cache un calendrier national à l’arrêt. Le dernier exercice de Ligue 1 s’est terminé fin mai et la nouvelle saison tarde à reprendre, faute de protocole signé entre la Fédération congolaise de football et le ministère des Sports.
« Les gars s’entraînent, mais rien ne remplace la compétition. Rester sans match officiel jusqu’en octobre, c’est dangereux », alerte Sékou Seck. Son appel rejoint celui de plusieurs capitaines qui enjoignent les autorités à accélérer les discussions pour relancer l’élite.
Vers une solution concertée
Selon une source proche du dossier, un accord de principe aurait été trouvé pour un coup d’envoi mi-octobre, avec un soutien logistique accru aux clubs provinciaux. L’objectif est d’aligner le calendrier local avec celui de la CAF, évitant ainsi les longues coupures qui nuisent à la performance.
Le ministère, engagé dans la modernisation des infrastructures sportives, planche sur la rénovation de tribunes et l’installation de pelouses synthétiques homologuées. « Nos clubs doivent évoluer dans des stades répondant aux standards internationaux », explique un conseiller technique, insistant sur l’impact positif pour l’économie locale.
L’enjeu financier des campagnes africaines
Accéder aux groupes de la Coupe CAF garantit une prime d’environ 275 000 USD. Une somme capable d’équilibrer des budgets annuels fragiles, de payer salaires et déplacements, voire d’investir dans la formation. Otohô connaît l’équation et veut briser le plafond de verre cette saison.
Les Léopards, eux, ont déjà tiré les leçons : renforcer la ligne d’attaque au mercato domestique et multiplier les tests amicaux avec d’autres cadors de la sous-région. Le vice-président du club assure que « la page est tournée, l’ambition reste intacte ».
Les supporters, premiers juges
Sur les réseaux, jeunes Brazzavillois et Ponténégrins débattent des matchs au rythme des memes et extraits vidéo. Le hashtag #OtohoOnTour a dépassé 12 000 mentions sur TikTok, signe d’un engouement qui dépasse le cercle des habitués.
Henriette, étudiante à l’Université Marien-Ngouabi, attend la prochaine affiche : « Voir un club congolais dans une phase de groupes ferait vibrer tout le pays. On veut y croire ». Cet enthousiasme populaire rappelle la dimension sociale du football, facteur d’unité et de fierté nationale.
Cap sur octobre, entre prudence et espoir
D’ici au duel contre Ferroviario, Otohô prévoit un mini-stage à Pointe-Noire, ponctué de matchs face à des clubs locaux. Objectif : huiler l’automatisme offensif et tester des systèmes plus audacieux, avec deux ailiers rapides pour soutenir Diallo.
« Nos adversaires nous étudieront, à nous d’innover », conclut Sékou Seck, sourire mesuré. Sur le continent, beaucoup voient déjà Otohô comme la belle surprise venue de l’Alima. Les Congolais, eux, espèrent surtout que le rêve se prolonge et ouvre la voie à un printemps radieux pour tout le football national.