Une Can féminine nouvelle formule
La Confédération africaine de football a déclenché un nouveau coup d’accélérateur pour le football féminin. Le 6 novembre, son Comité exécutif a officialisé le passage de la Coupe d’Afrique des nations féminine de 12 à 16 sélections, une première depuis la création du tournoi en 1991.
Au-delà d’un simple chiffre, la Caf vise une compétition plus ouverte, où davantage de joueuses pourront s’exprimer et où chaque région du continent aura plus de chances d’être représentée. Le changement entrera en vigueur dès la prochaine édition programmée au printemps 2026.
Objectif compétitivité et visibilité
Le secrétaire général de la Caf, Véron Mosengo-Omba, explique que l’élargissement « renforce la fiabilité sportive et accroît l’attractivité télévisuelle ». Selon lui, la présence de quatre matches supplémentaires en phase de groupes offre plus de contenu aux diffuseurs et une expérience prolongée aux supporters, sur place comme en ligne.
L’instance s’appuie également sur les succès d’audience de la Can féminine 2022, déjà organisée au Maroc, qui avait dépassé les 50 000 spectateurs lors de la finale et attiré plus de 75 millions de vues cumulées sur les réseaux officiels, selon les chiffres fournis par la Caf.
Le Maroc remet le couvert en 2026
Le royaume chérifien, déjà hôte remarqué de l’édition précédente, accueillera de nouveau la compétition du 17 mars au 3 avril 2026. Rabat, Casablanca, Marrakech et Tanger figurent parmi les villes pressenties, avec des stades rénovés et reliés par le nouveau réseau ferroviaire à grande vitesse.
Les qualifiées de la première heure
À l’issue des éliminatoires, clôturés le 28 octobre, douze pays avaient obtenu leur billet. Outre le Maroc, déjà qualifié d’office, figurent l’inévitable Nigeria, double championne d’Afrique du Sud, l’Algérie, la Zambie, le Ghana, le Sénégal, le Burkina Faso, le Kenya, la Tanzanie, le Malawi et le Cap-Vert.
Quatre repêchages stratégiques
Pour compléter le nouveau format, la Caf s’est référée au classement mondial Fifa et a repêché le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Mali et l’Égypte. Ces quatre nations, sorties prématurément, pointent cependant respectivement aux 66e, 71e, 79e et 95e rangs mondiaux.
Des billets directs pour le Mondial 2027
Les demi-finalistes de la Can 2026 décrocheront directement leur ticket pour la Coupe du monde féminine 2027, prévue du 24 juin au 25 juillet au Brésil. Cette passerelle a déjà profité au Nigeria et au Maroc, brillants à la dernière édition mondiale en Australie.
Réactions côté joueuses et techniciens
« C’est une occasion historique pour montrer notre progression », s’enthousiasme la défenseure camerounaise Estelle Johnson, jointe par messagerie vocale. Son sélectionneur Jean-Baptiste Bisseck parle d’un « bonus inespéré » qui leur permet de relancer la préparation sans passer par un barrage continental éprouvant.
Côté Nigeria, l’ancienne star Perpetua Nkwocha estime que le tableau élargi obligera les « Super Falcons » à élever encore leur niveau : « Il n’y aura plus de matches faciles, chaque pays arrive avec des ambitions nouvelles et une visibilité médiatique renforcée ».
Ce que ça change pour les fans et les marques
Pour les supporters basés au Congo-Brazzaville, la hausse du nombre d’affiches promet davantage de soirées foot en terrasse ou sur les applis de streaming. Les agences de paris et les pages de TikTok spécialisées dans les pronostics comptent déjà intégrer les nouvelles venues dans leurs contenus.
Côté sponsoring, la Caf discute avec plusieurs plateformes de commerce en ligne africaines qui souhaitent activer des codes promo et des séries limitées de maillots pendant la compétition. L’objectif est de reproduire la vigueur marketing observée lors du récent Mondial féminin en Australie.
Un signal fort pour le football féminin africain
Depuis Brazzaville, la présidente de la commission féminine de la Fécofoot, Françoise Ingonga, salue un « engagement clair envers l’équité ». Elle espère que cette dynamique incitera davantage de clubs locaux à lancer des sections féminines et attirera de nouveaux partenaires institutionnels.
Les analystes notent que l’Afrique suit ainsi la même trajectoire que l’UEFA, passée de 8 à 16 équipes à l’Euro féminin entre 1997 et 2017. Selon le sociologue du sport Mamadou Diop, « l’élargissement crée un cercle vertueux : résultats, visibilité, investissements et formation ».
Pour Laetitia Nkouka, étudiante à l’Ucac-Icam et milieu offensif en championnat local, « voir 16 équipes, c’est se dire que tout devient possible ». Elle raconte organiser déjà un visionnage collectif dans son foyer de Makélékélé, histoire de motiver les plus jeunes à s’inscrire au foot.
Reste la question cruciale de l’infrastructure. La Caf insiste sur la mise à niveau des pelouses, de l’éclairage et du dispositif VAR. Plusieurs fédérations, dont le Ghana et le Kenya, auraient déjà sollicité des partenariats publics-privés pour tenir le calendrier des rénovations.
À 30 mois du coup d’envoi, le compte à rebours est lancé. Sur Twitter, le hashtag #CANfem2026 chauffe déjà. Les fans congolais espèrent que le renforcement du plateau rapprochera bientôt la Diablesse Rouge, toujours en quête d’une première qualification historique.
Cap sur 2026
Entre infrastructures, droits TV et programmes de développement, la route est longue mais l’enthousiasme palpable augure une Can féminine mémorable.
