Une fin de parcours douloureuse mais instructive
Le 19 août, les Diables rouges ont quitté le Chan 2024 sur un revers face au Nigeria, scellant une sortie au premier tour pour la deuxième édition consécutive. Le score de 0-2, acté par Yusuf puis Alimi, a figé le classement du groupe D.
Avec deux points en trois rencontres, le Congo termine derrière le Soudan, le Sénégal et le Nigeria. Si les continents de la déception l’emportent à chaud, plusieurs analystes insistent sur les séquences encourageantes entrevues, utiles pour la suite du projet national.
Des chiffres qui parlent au-delà du classement
Sur l’ensemble des 270 minutes jouées, les Diables rouges n’ont concédé que trois buts, soit la meilleure défense ex aequo du groupe. En revanche, aucun but marqué n’a récompensé leurs séquences de possession, symptôme d’un réalisme encore en chantier.
La statistique des tirs cadrés, six en trois matches, éclaire ce déficit. Le sélectionneur Brice Ondama souligne « une capacité à approcher la surface, mais un manque de spontanéité dans la dernière passe », point qu’il souhaite traiter dès la reprise des entraînements locaux.
Préparation limitée et rythme de compétition
La plupart des joueurs évoluent dans un championnat national actuellement en phase de restructuration. Les calendriers brouillés par la pandémie puis par les réajustements logistiques ont réduit le volume de matches de haute intensité, élément reconnu par la Fédération comme « un frein objectif ».
Cette situation contraste avec les adversaires du groupe, dont les ligues domestiques proposent une moyenne de trente rencontres par saison. Selon le préparateur physique Moussa Ngambali, « l’endurance a tenu une heure, puis la lucidité a décliné », notamment contre le Nigeria.
Plusieurs observateurs rappellent néanmoins que des initiatives récentes, comme la relance du championnat de première division avec diffusion télévisée, devraient rapidement augmenter le temps de jeu compétitif des talents locaux.
Regrets, faits de jeu et arbitrage
La défaite comporte aussi son lot d’épisodes discutés. Un but de Barel Mouko face au Soudan, invalidé pour hors-jeu, reste au cœur des débats. Les images suggèrent un alignement limite, mais la VAR n’est pas encore déployée sur toute la compétition.
Autre frustration, la barre transversale trouvée par Dorian Ikoua contre le Sénégal à la 85e minute : si la tentative s’était logée quelques centimètres plus bas, l’équipe aurait abordé la dernière journée en position favorable. Le haut niveau rappelle ainsi son exigence.
Gestion interne et état d’esprit
La question des primes d’engagement a brièvement animé les réseaux sociaux. La Fédération a confirmé qu’un accord avait été trouvé avant le tournoi, coupant court aux rumeurs de tension. Le capitaine Prince Ghandi insiste : « Nous sommes restés concentrés, le groupe a vécu sainement. »
Au fil des matches, la solidarité défensive a prouvé la cohésion de l’effectif. Les jeunes latéraux Boukama et Massamba, 22 ans de moyenne d’âge, ont gagné en exposition. Plusieurs recruteurs présents dans les tribunes ont noté leur intelligence tactique et leur marge de progression.
Pistes techniques pour rebondir
Le staff cible d’abord la transition offensive. Un travail spécifique sur les appels en profondeur et la finition sera lancé dans les centres de formation de Brazzaville et Pointe-Noire. L’idée est de doubler le taux de tirs cadrés d’ici aux éliminatoires de la CAN U-23.
L’aspect mental est également prioritaire. Le psychologue sportif Louis Mabiala envisage des ateliers de gestion du stress en fin de match, domaine où le Congo a perdu quatre points au Chan. L’objectif affiché est de convertir les nuls encourageants en victoires décisives.
Enfin, la Fédération planifie des matches amicaux face à des clubs de première division africaine lors des fenêtres internationales. Ces confrontations, plus proches de l’intensité d’un Chan, doivent offrir une courbe d’apprentissage accélérée aux joueurs locaux.
Quel héritage pour le football congolais ?
Si l’élimination reste amère, elle n’entame pas la dynamique de structuration du sport national. Les autorités sportives maintiennent le cap fixé dans le Plan national de développement du football, axé sur la professionnalisation des championnats et l’amélioration des infrastructures.
Le nouveau centre technique de Kintélé, inauguré en juillet, accueillera dès septembre un programme de détection des moins de 17 ans. « Nous voulons créer un pipeline où l’expérience d’un Chan alimente la génération suivante », résume le directeur technique Jean-Claude Mayélé.
En attendant, les supporters saluent l’état d’esprit montré au Maroc et promettent de remplir les tribunes lors des prochaines rencontres qualificatives. La confiance populaire demeure un carburant essentiel pour convertir la frustration actuelle en énergie de rebond.