Le Congo réintègre la scène continentale après un repêchage inattendu
Il y a quelques semaines encore, la participation congolaise au Championnat d’Afrique des Nations 2025 semblait compromise. La décision du 17 juin de la Commission d’appel de la Confédération africaine de football a pourtant rebattu les cartes, octroyant aux Diables-Rouges A’ le billet retiré à la Guinée Équatoriale. Cette volte-face intervient moins d’un an après la levée de la suspension qui frappait la Fédération congolaise de football (Fécofoot). Porté par ce dénouement, le football national retrouve la scène continentale avec l’ambition de tourner la page des turbulences administratives et de renouer avec une dynamique sportive porteuse d’unité.
Des entraînements intensifs au Centre technique d’Igné, symbole de résilience
Dès le 28 juin, vingt-sept joueurs locaux ont répondu présents au Centre technique d’Igné, à quarante-cinq kilomètres au nord de Brazzaville. Construit grâce au programme Forward de la FIFA, ce complexe ultramoderne offre pelouse homologuée, salle de musculation et espace médical adaptés aux exigences de la haute compétition. Les séances biquotidiennes y alternent travail athlétique, ateliers tactiques et récupération, sous un climat tropical qui, selon le préparateur physique, « forge une résistance indispensable pour affronter Tanzanie, Ouganda et Kenya en plein mois d’août ».
Ngatsono et Matondo tracent une méthodologie d’urgence maîtrisée
Nommé sélectionneur principal, Barthélémy Ngatsono s’est entouré de Cédric Nanitélamio Matondo pour composer un duo aux responsabilités clairement réparties. Le premier pilote la stratégie globale, le second se focalise sur l’animation défensive et les phases arrêtées. « Nous disposons d’un mois pour amalgamer fraîcheur locale et discipline tactique », confie Ngatsono, convaincu que la marge de progression reste « considérable mais atteignable ». Au programme : analyses vidéo des adversaires, cohésion de vestiaire et réathlétisation individualisée pour combler les lacunes dues à l’interruption prolongée des compétitions domestiques.
Un groupe D relevé face au Sénégal, Nigéria et Soudan
Le tirage n’a guère laissé de répit aux Congolais. Le Sénégal, sacré en 2023, affiche une maîtrise collective reconnue ; le Nigéria, emmené par ses académies florissantes, évolue avec une profondeur de banc impressionnante ; le Soudan, enfin, mise sur une agressivité tactique qui ne laisse que peu d’espaces. Cette densité confirme, selon Matondo, « la nécessité d’un bloc-équipe compact et d’un réalisme offensif à chaque transition ». Les matches programmés du 2 au 30 août s’annoncent donc comme autant de tests de maturité pour une formation qui n’a plus goûté à la scène continentale depuis quatre ans.
Soutien institutionnel et gestion logistique, clés d’un parcours serein
Conscients que la performance ne se limite pas à la seule pelouse, les responsables fédéraux multiplient les réunions avec le ministère des Sports pour fiabiliser déplacements, primes et équipement. Les autorités assurent que « les moyens nécessaires seront mobilisés pour défendre les couleurs nationales », rappelant que la diplomatie sportive constitue un levier d’image pour la République. Dans les coulisses, la direction technique nationale supervise l’acheminement du matériel jusque sur les sites est-africains, afin d’éviter les quiproquos jadis pointés par les supporters. Ce climat de coopération institutionnelle insuffle une sérénité bienvenue au groupe appelé à voyager léger mais concentré.
La jeunesse congolaise galvanisée par l’esprit de conquête
À Brazzaville comme à Pointe-Noire, cafés, campus et plateformes sociales vibrent déjà au rythme des hashtags #DiablesRouges et #Chan2025. Les moins de trente-cinq ans, cœur démographique du pays, y voient l’occasion de raffermir un sentiment d’appartenance nationale, au-delà des clivages de club. Si l’histoire récente du football congolais fut souvent marquée par la nostalgie des exploits de 1972, la génération actuelle revendique un récit nouveau, résolument tourné vers l’avenir et animé par l’audace propre à la culture urbaine congolaise. « Notre plus belle victoire serait d’inspirer la jeunesse à croire en ses talents », résume le capitaine, conscient qu’une performance retentissante pourrait servir de catalyseur à un renouveau sportif, économique et social.