Carrefour gastronomique du Faso : l’événement
Du 25 octobre au 1er novembre, la capitale burkinabè accueillera la deuxième édition du Carrefour international de la gastronomie du Faso, un rendez-vous qui veut devenir le plus grand marché des saveurs africaines.
Parmi les toques invitées, le Congolais Madzou Moukossa est attendu comme l’une des attractions majeures, armé de recettes innovantes et d’une pédagogie réputée.
Son arrivée à Ouagadougou illustre la montée en puissance d’une génération de chefs qui voient la cuisine comme un outil d’échanges culturels mais aussi comme un véritable moteur économique pour la jeunesse urbaine.
Madzou Moukossa, étoile montante congolaise
À 32 ans, Madzou Moukossa dirige déjà 2M Service, centre de formation basé à Brazzaville où il enseigne cuisine, pâtisserie, restauration et décoration événementielle.
Dans ses cours, le chef martèle que l’assiette peut briser les frontières sociales autant que géographiques et offrir un passeport vers l’autonomie financière.
Grâce à ses masterclasses diffusées sur Instagram, il fédère une communauté panafricaine avide de techniques modernes mariées aux produits du terroir.
Invité à Ouagadougou, il compte montrer comment valoriser le manioc congolais ou le poisson du fleuve Congo tout en les adaptant aux goûts burkinabè, preuve qu’un plat peut raconter deux pays en une bouchée.
Mentorat culinaire pour l’emploi des jeunes
Au-delà des démonstrations gourmandes, le festival a confié au chef Moukossa une mission claire : encadrer une cohorte de jeunes apprenants venus du Burkina, du Congo, du Niger ou encore du Ghana.
Pendant six jours, ces talents suivront des modules théoriques le matin avant de passer aux fourneaux l’après-midi pour mettre en pratique sauces, cuissons basses températures et dressages créatifs.
Le soir, des sessions plus intimistes permettront d’aborder le marketing digital, la gestion des coûts ou la recherche de financement, des sujets clés pour lancer sa propre table.
« Former, c’est bien, mais accompagner dans la durée, c’est mieux », insiste le chef, qui proposera un suivi en ligne gratuit durant trois mois après la rencontre.
Ateliers interactifs au cœur du festival
Le programme, monté avec le comité d’organisation du Carrefour gastronomique, alternera ateliers ouverts au public et masterclasses sur invitation, histoire de créer un pont entre curieux et professionnels.
Des panels réuniront également des nutritionnistes, agronomes et influenceurs food afin de discuter des enjeux santé, traçabilité et storytelling indispensables pour exporter la cuisine africaine.
Cette transversalité séduit déjà plusieurs sponsors locaux qui voient dans l’initiative une vitrine pour leurs produits agricoles, ce qui devrait garantir une programmation généreuse en dégustations gratuites.
Réseau d’opportunités post-festival
Au-delà de la semaine officielle, les participants pourront rejoindre un réseau que 2M Service alimente par des offres d’emploi, des stages dans des hôtels de Brazzaville ou de Pointe-Noire et des appels à projets financés par des partenaires privés.
Le chef espère ainsi créer une passerelle Sud-Sud pérenne, capable de rivaliser avec les cursus occidentaux en matière de formation culinaire.
Selon l’Organisation mondiale du tourisme, la gastronomie représente déjà près de 30 % des dépenses des voyageurs africains. Capitaliser sur cette tendance pourrait générer des milliers d’emplois locaux.
Cuisine locale et essor économique
Dans ses interventions, Madzou Moukossa rappelle souvent que l’Afrique importe chaque année pour 60 milliards de dollars de produits alimentaires, un paradoxe alors que le continent dispose de terres arables immenses.
Pour lui, valoriser les filières locales, c’est réduire la facture d’importation tout en proposant aux jeunes un secteur stable, créatif et porteur de devises.
« Chaque plat vendu sur un marché ou livré via une application nourrit non seulement le client, mais aussi le producteur, l’éleveur et le designer qui réalise le logo », rappelait-il récemment à la radio publique congolaise.
Résonance digitale à Brazzaville
Si l’événement se déroule au Burkina, les réseaux sociaux brazzavillois ne manqueront pas de vibrer au rythme des stories et reels que l’équipe du chef diffusera en quasi-temps réel.
Les étudiants de l’Université Marien-Ngouabi ont déjà prévu des watch-parties sur TikTok pour suivre les battles culinaires et poser des questions en live.
Cette interaction digitale montre combien la gastronomie, longtemps cantonnée aux cercles huppés, se démocratise et devient un contenu pop au même titre que la musique ou le football.
Pop-up annoncé à Pointe-Noire
Après Ouagadougou, Madzou Moukossa envisage déjà une escale à Pointe-Noire pour lancer un pop-up restaurant éphémère où il associerait produits de la mer et techniques apprises durant le festival.
Son équipe est en discussion avec plusieurs hôtels et la Chambre de commerce locale afin de sécuriser un espace pouvant accueillir des dîners-spectacles accessibles aux étudiants et aux familles.
L’objectif reste le même : faire découvrir, former, inspirer et prouver que la cuisine est un business d’avenir, en phase avec les ambitions économiques du Congo.
Vers une dynamique continentale
En embarquant ses jeunes pairs dans l’aventure, le chef montre que la réussite individuelle gagne à devenir un projet d’équipe, voire d’écosystème, où producteurs, artisans, créateurs de contenus et investisseurs collaborent.
Ouagadougou sera ainsi le théâtre d’une démonstration culinaire, mais surtout le laboratoire d’un rêve commun : transformer la passion de manger bien en moteur d’innovation et d’emploi partout sur le continent.
