Un chef congolais en tête d’affiche à Ouaga
Le chef Madzou Moukassa, figure montante de la scène culinaire congolaise, s’apprête à porter haut les couleurs du Congo-Brazzaville à Ouagadougou. Invité vedette de la deuxième édition du Carrefour international de la gastronomie du Faso, il débarque le 25 octobre.
Son agenda burkinabè est dense : démonstrations live, menus signature et tables rondes axées sur l’innovation food. Mais au-delà du show, le jeune entrepreneur veut surtout partager son expérience de formateur et d’employeur auprès d’une génération qui rêve de couteaux et de réussite.
Le Carrefour de la gastronomie du Faso, vitrine continentale
Créé en 2022, le festival burkinabè rassemble une centaine de chefs venus d’Afrique et de la diaspora. Pendant une semaine, Ouaga se transforme en laboratoire de saveurs, d’où émergent tendances, collaborations et opportunités commerciales pour toute la filière.
La deuxième édition mise sur le partage et la formation, explique Roxane Zongo, coordinatrice du comité d’organisation. « Nous voulons renforcer les passerelles Sud-Sud », affirme-t-elle. L’arrivée d’un profil comme Moukassa, à la fois créatif et pédagogue, conforte cette ambition panafricaine.
Un programme intensif pour la génération foodie
Le chef congolais animera chaque matin des ateliers techniques couvrant bases de la pâtisserie, gestion des coûts et dressage Instagram-friendly. Les après-midi, place aux master classes ouvertes au public, où il décortiquera ses recettes fétiches comme le tilapia braisé à l’oseille sauvage.
Les participants, majoritairement de 18 à 30 ans, repartiront avec un kit pédagogique complet et un certificat co-signé 2M Service et festival. « Nous voulons des jeunes immédiatement opérationnels, capables de lancer un food-truck ou d’intégrer une brigade », souligne Moukassa.
Mentorat et entrepreneuriat au menu
Plus qu’un chef, Moukassa se revendique mentor. Son centre 2M Service, basé à Brazzaville, forme déjà une cinquantaine d’apprentis par promotion. À Ouaga, il présentera son modèle d’accompagnement qui combine coaching business, suivi psychologique et réseau d’anciens disséminés dans dix pays.
Ce dispositif vient répondre à un paradoxe africain souvent relevé par les économistes : l’abondance de main-d’œuvre jeune face à la pénurie de compétences qualifiées. « La cuisine devient un passeport pour l’emploi et même pour l’export », résume l’analyste culinaire ivoirien Mamadou Coulibaly.
Une ambition continentale qui profite au Congo
L’exportation du savoir-faire congolais s’inscrit dans les objectifs de diversification économique soutenus par les autorités de Brazzaville. Valoriser les métiers de bouche, c’est aussi dynamiser l’agriculture locale, les chaînes logistiques et le tourisme, trois secteurs jugés prioritaires dans les plans nationaux.
Chaque succès à l’étranger renforce la réputation de la gastronomie congolaise. Les produits phares, comme le saka-saka ou le poisson fumé, gagnent ainsi de nouveaux marchés. Moukassa veut capitaliser sur cette visibilité pour attirer investisseurs et partenaires dans son futur campus culinaire.
Perspectives après le festival
À son retour, le chef prévoit une tournée dans les lycées techniques de Pointe-Noire et de Brazzaville afin de diffuser les méthodes apprises au Burkina. Objectif : former mille jeunes en deux ans et lancer un concours national baptisé « Congo Top Chef ».
Il compte également publier un e-book trilingue français-anglais-lingala retraçant son expérience ouagalaise, bourré d’astuces nutrition low-cost. L’ouvrage sera téléchargeable gratuitement, un moyen de démocratiser encore davantage l’accès à une alimentation saine et créative sur le continent.
L’effervescence des réseaux sociaux
Depuis l’annonce de sa participation, le hashtag #ChefMoukassaChallenge dépasse déjà les deux millions de vues sur TikTok. Entre reprises de ses dressages colorés et challenges d’omelettes street-food, la communauté congolaise en ligne promet un coverage XXL du festival.
Les stories quotidiennes du chef, tournées en format vertical, seront relayées par plusieurs influenceurs food du pays. De quoi maintenir le public scotché à son smartphone et donner, en temps réel, un aperçu savoureux des coulisses de la grande messe ouagalaise.
Une semaine pour poser les bases d’un futur durable
Au-delà de la formation, le festival mettra l’accent sur la lutte contre le gaspillage. Moukassa pilotera un workshop de transformation des invendus en snacks nutritifs, une approche alignée sur les objectifs climatiques soutenus par la communauté internationale.
Les restes des démonstrations seront redistribués à des associations locales, insiste le comité. Cette démarche circulaire inspire déjà plusieurs municipalités congolaises qui envisagent de reproduire le modèle lors de leurs propres événements culinaires et sportifs.
La table est mise
Dans quelques jours, Ouaga deviendra le théâtre de saveurs où chaque plat raconte une histoire d’espoir et de business. Au centre, un chef congolais prêt à prouver que la nourriture peut changer des vies aussi sûrement qu’elle régale les papilles.
Qu’il manie un wok ou un micro, Madzou Moukassa avance avec la même conviction : une jeunesse bien formée, nourrie et inspirée est le meilleur ingrédient pour cuisiner l’avenir de tout un continent. Rendez-vous en cuisine, rendez-vous au futur.
