Un dispositif législatif taillé pour la performance nationale
Dans la salle Azur de la Direction générale des Sports, l’atmosphère du 7 juillet rappelait celle d’un vestiaire avant une grande finale : fébrile mais résolument confiante. En articulant le nouveau cadre réglementaire, le directeur général des Sports, Jean Robert Bindelé, a d’abord rappelé que le Code du sport de juillet 2023 s’inscrit dans la volonté gouvernementale de consolider la cohésion sociale et la visibilité internationale du Congo. Les deux décrets d’avril 2025—l’un sur les modalités de sélection en équipe nationale, l’autre sur l’éthique—viennent baliser un terrain juridique parfois jugé trop vague par les fédérations. Dans cette architecture normative, l’État s’impose comme arbitre bienveillant, garantissant que la compétition soit régie par des règles connues de tous et qu’aucun talent ne reste sur le banc pour des raisons extra-sportives.
Des garanties d’équité pour les athlètes congolais
Le décret n°2025-129 consacre le principe d’égalité d’accès à la sélection nationale. Exit les critères implicites ou fluctuants : désormais, la performance sportive mesurable, l’éthique personnelle et la disponibilité pour les stages fédéraux constituent le triptyque d’évaluation. « Nous ne voulons pas qu’un joueur se sente convoqué ou écarté du simple fait d’un réseau d’influence », a insisté Jean Robert Bindelé. Cette clarification répond à la demande récurrente de transparence formulée par la jeune génération d’athlètes, souvent active sur les réseaux sociaux et prompte à dénoncer tout sentiment d’injustice. En consacrant la méritocratie, le texte cherche aussi à fédérer les diasporas sportives, un vivier où le Congo puise de plus en plus.
Le défi de la vulgarisation sur le terrain
Entre le vote d’une loi et son appropriation par les pratiquants, un écart se creuse parfois plus vite qu’un sprinter sur la ligne droite du stade Alphonse Massamba-Débat. Les responsables de la DGS en sont conscients. Charles Ndinga, inspecteur général, a reconnu que « beaucoup de clubs, faute de moyens logistiques ou documentaires, n’ont pas encore reçu les textes consolidés ». D’où la campagne de vulgarisation lancée à Brazzaville avant de gagner Pointe-Noire, Dolisie puis les capitales départementales. Brochures simplifiées, séances interactives et capsules audiovisuelles circuleront dans les lycées, universités et centres d’entraînement afin d’éviter qu’une réforme, si ambitieuse soit-elle, ne reste l’apanage des juristes.
Partenariat public-privé : le sponsoring comme catalyseur
À l’heure où l’économie sportive mondiale pèse des milliards, le Congo entend mobiliser le secteur privé. Gin Clord Samba Samba, directeur des activités sportives, a expliqué que le Code du sport consacre un chapitre entier au sponsoring, définissant les obligations des entreprises et les droits des athlètes sur leur image. Les primes de performances seront désormais adossées à des barèmes précis pour éviter l’improvisation de la dernière minute. Cette sécurisation vise à attirer des investisseurs qui, rassurés par la stabilité juridique, pourront financer des académies ou des tournois. À terme, l’objectif est d’offrir à la jeunesse sportive un tremplin vers le professionnalisme sans quitter le territoire national.
La presse, courroie de transmission essentielle
Parce qu’un texte de loi non médiatisé reste lettre morte, la DGS parie sur une collaboration étroite avec les rédactions. Les conférences de presse régulières annoncées font écho à la stratégie gouvernementale de gouvernance ouverte. L’idée n’est pas de produire une simple communication institutionnelle, mais d’alimenter un débat serein où journalistes, techniciens et supporters peuvent interroger le dispositif. Les acteurs publics comptent sur la force de frappe des radios communautaires et des plateformes numériques fréquentées par les 20-35 ans, public clé pour bâtir la relève. Le pari est que chaque article, chaque podcast et chaque live Instagram transforme la terminologie juridique en récits inspirants.
Perspectives : vers un écosystème sportif durable
Sous l’égide du ministère en charge des Sports, la feuille de route 2025-2028 prévoit déjà d’autres textes d’application. Réduction des inégalités territoriales par la réhabilitation des plateaux sportifs, mise en place d’un tribunal arbitral local pour les litiges de transferts, soutien psychologique obligatoire pour les athlètes de haut niveau : ces pistes, évoquées par Charles Ndinga, traduisent une volonté de compléter l’édifice réglementaire sans précipitation. L’ambition ultime reste inchangée : faire du sport un levier d’insertion socio-économique, de cohésion nationale et de rayonnement international, en droite ligne avec la vision portée par les plus hautes autorités du pays. Si le match de la vulgarisation s’annonce long, l’équipe dirigeante semble déterminée à jouer les prolongations jusqu’au coup de sifflet final.