La Cogelo face au défi de la relance
Depuis quelques mois, la Congolaise de gestion de loterie vit une zone de turbulence entre baisse de recettes et attentes croissantes des parieurs urbains. La direction générale, installée avenue de la Paix à Brazzaville, a décidé d’accélérer la cadence pour inverser la tendance.
Aux commandes depuis janvier, Etienne Makosso multiplie les réunions, visites d’agences et consultations d’experts. Son objectif affiché est clair: redonner à la Cogelo sa place de référence continentale, sans perdre de vue l’engagement éthique et la protection des joueurs.
Une relance stratégique pour la Cogelo
Première étape de cette offensive: renforcer les alliances internationales. La venue d’une mission du Pari mutuel urbain de France tombe à pic. Elle offre des perspectives techniques et commerciales pour un secteur du pari hippique qui évolue à grande vitesse partout en Afrique.
Les experts français, Artur Simon pour la zone Afrique et Shebat Matthieu pour le marketing, ont passé trois jours sur le terrain brazzavillois. De Ouenzé à Bacongo, ils ont sondé la réalité des points de vente, salué les équipes et collecté un flot de données.
PMU France, un allié historique toujours présent
La collaboration entre la Cogelo et le PMU ne date pas d’hier. Depuis le début des années 1990, la société française partage son savoir-faire sur l’organisation des courses, la gestion des cagnottes et la certification des tirages, garantissant un haut niveau de confiance.
«Nous sommes des partenaires historiques et voulons aller plus loin», a rappelé Artur Simon à la sortie de la rencontre. Le message se veut rassurant pour les parieurs congolais qui, chaque week-end, misent quelques pièces sur les turfistes français retransmis dans les bars.
Pourquoi le pari hippique séduit encore
Malgré la concurrence des paris sportifs et des loteries instantanées, le turf conserve un charme particulier. Les cotes évolutives, la possibilité d’étudier la forme des chevaux et l’ambiance collective créent une expérience jugée plus immersive par de nombreux habitués des kiosques Cogelo.
Brazzaville et Pointe-Noire comptent désormais plusieurs espaces où les courses sont diffusées en direct sur écran géant. Entre deux cafés, wagers et pronostics fusent, composant une sociabilité précieuse que les plateformes en ligne peinent encore à reproduire totalement.
Cap sur le digital et l’expérience parieur
Conscient que la jeune génération joue surtout sur smartphone, Etienne Makosso mise sur le triptyque application, paiement mobile et data. Les sites cogelo.cg et sportbet.cg ont bénéficié d’une refonte ergonomique, tandis qu’un système de bonus d’accueil a été testé avec succès.
Selon Shebat Matthieu, l’enjeu immédiat est d’intégrer les flux de courses françaises en streaming léger afin de réduire la consommation de données. «L’Afrique est mobile-first, et le Congo ne fait pas exception», résume-t-il, conviant les développeurs locaux à rejoindre le projet.
Plan d’action sur quatre ans déjà sur les rails
Les deux parties rédigent un plan de développement couvrant la période 2024-2028. Au menu : modernisation des agences, formation continue des opérateurs, lancement de nouveaux types de paris combinés et campagnes de sensibilisation sur le jeu responsable, un thème très surveillé par les régulateurs.
Un comité mixte Cogelo-PMU se réunira chaque trimestre pour mesurer les indicateurs clés: nombre de tickets vendus, part du numérique, panier moyen et satisfaction client. Les rapports seront remis au ministère des Finances, garant de la transparence du secteur des jeux au Congo.
Les attentes des parieurs congolais
Interrogé devant l’agence de Ngambio, Hervé, 29 ans, espère des cagnottes plus généreuses et des résultats diffusés «sans décalage». Il salue déjà la possibilité de miser via Mobile Money, un gain de temps pour ceux qui préfèrent suivre les courses depuis la maison.
Marie-Thérèse, vendeuse à Ouenzé, insiste de son côté sur la nécessité de soutenir le réseau physique. Selon elle, la convivialité des guichets reste essentielle dans des quartiers où le pari sert aussi de moment de détente après le travail.
Un impact économique attendu
Le redémarrage de la Cogelo pourrait générer plusieurs centaines d’emplois directs, entre agents de vente, techniciens informatique et communicants. Les retombées fiscales, elles, viendraient alimenter les recettes non pétrolières de l’État, contribuant à la diversification prônée par les autorités.
En amont, les sociétés de course françaises espèrent toucher un public plus large grâce à cette passerelle congolaise. Une partie des masses collectées sera réinvestie dans l’élevage hippique local, créant ainsi une boucle vertueuse, selon le protocole d’accord en discussion.
Les opérateurs de téléphonie, partenaires des solutions Mobile Money, anticipent eux aussi un sursaut d’activité. Chaque micro-transaction liée à un pari génère des commissions et stimule la demande de cartes SIM, créant des effets d’entraînement bienvenus dans un marché des télécoms très compétitif à l’échelle nationale.
Vers le leadership régional des jeux de hasard
Fort de sa position géographique et de son réseau francophone, le Congo-Brazzaville peut devenir un hub sous-régional du pari hippique. La direction de la Cogelo envisage déjà d’exporter son modèle vers le Gabon et la Centrafrique, capitalisant sur l’expertise du PMU.
Pour Etienne Makosso, la feuille de route est simple: «innover constamment, respecter l’éthique et faire gagner nos joueurs». Les mois à venir diront si ce pari ambitieux se concrétisera, mais l’optimisme affiché par les partenaires laisse présager une belle remontée.
