Brazzaville face à la colère des journaliers d’E2C
Le Collectif national des journaliers délaissés de la Société Énergie électrique du Congo a haussé le ton le 5 septembre à Brazzaville. Dans une déclaration relayée sur plusieurs groupes WhatsApp, les travailleurs affirment que leurs attentes demeurent lettres mortes, malgré des mois de concertation institutionnelle.
Leur principale préoccupation reste l’enrôlement officiel de tous les journaliers œuvrant dans la distribution et la vente d’électricité, engagement validé lors de plusieurs réunions avec la direction d’E2C et des représentants publics depuis février.
Pour le collectif, cette reconnaissance administrative ouvrirait la voie à un meilleur accès aux protections sociales et à une organisation du travail plus transparente.
Sans réponse écrite d’E2C ni calendrier ferme, la frustration gagne du terrain parmi des journaliers disséminés dans tout le pays, dont l’activité quotidienne garantit pourtant l’alimentation électrique des quartiers populaires.
Dans les quartiers de Makélékélé ou de Tié-Tié, plusieurs journaliers racontent avoir rempli les formulaires d’enrôlement dès février, convaincus que leur statut changerait sous quelques semaines, ce qui illustre la portée nationale de la promesse faite.
Des engagements du 11 mars encore en suspens
Le 11 mars 2025, une rencontre décisive avait réuni la direction d’E2C, le ministère de l’Énergie et de l’Hydraulique et des délégués du collectif pour sceller les conclusions du précédent setting tenu le 13 février.
Ces conclusions prévoyaient notamment l’inscription de chaque journalier sur une base de données nationale et la clarification des modalités de rémunération, sujet sensible depuis des années.
Le collectif rappelle qu’un nouveau rendez-vous, le 8 mars 2025, avait permis de confirmer ces engagements en présence d’agents de police, garants du bon déroulement de l’enrôlement.
Pourtant, six mois plus tard, aucune mesure concrète n’a émergé, selon les représentants qui dénoncent un silence administratif incompatible avec l’urgence sociale.
Pour le collectif, l’enjeu dépasse la simple formalité administrative : il s’agit de garantir la continuité de l’électricité dans les ménages, un service dont dépend la scolarité des enfants comme l’activité des petites entreprises.
Le manque de visibilité sur la prochaine étape alimente aussi la précarité de centaines de familles dont les revenus dépendent entièrement des rotations de travail, souvent irrégulières, attribuées sans contrat formel.
Le rappel d’un processus encadré par la police
Lors de l’enrôlement initial, la présence d’un contingent policier visait à sécuriser le processus et à rassurer les travailleurs sur la volonté commune de régularisation.
« Depuis notre enrôlement organisé par la société E2C en présence de la police, aucune suite favorable ne nous a été accordée », martèle le collectif dans sa déclaration du 5 septembre.
Les travailleurs estiment que cette absence de retour compromet la crédibilité des accords passés et installe un climat d’inquiétude, puisque les contrats journaliers restent précaires.
Malgré la déception, aucun incident n’a été signalé depuis l’enrôlement, signe, selon eux, de leur sens du devoir et de leur volonté de maintenir un dialogue pacifique.
Le recours régulier au dialogue encadré par les forces de l’ordre avait d’ailleurs été salué par plusieurs habitants, persuadés qu’une démarche sereine consolide le climat de confiance indispensable au bon fonctionnement des services essentiels.
Maintenir la paix, valeur cardinale
Dans leur communiqué, les journaliers réaffirment leur attachement à la paix et au développement national, principes défendus par le président Denis Sassou N’Guesso et partagés par la majorité des Congolais.
Ils soulignent qu’aucune revendication ne doit porter atteinte à la stabilité institutionnelle, tout en appelant à une réponse diligente des autorités et de la direction d’E2C.
Certains représentants expliquent qu’un règlement rapide permettrait aux journaliers de se sentir pleinement intégrés au tissu économique, condition indispensable pour améliorer le service d’électricité au bénéfice des usagers.
« Nous voulons avancer, pas bloquer le pays », résume un porte-parole, rappelant que leur mouvement s’inscrit dans un esprit constructif, loin de toute confrontation.
Les observateurs notent que cette posture non conflictuelle traduit une volonté de conjuguer revendications professionnelles et civisme, évitant ainsi toute perturbation de l’économie locale ou d’éventuelles tensions sociales.
Vers un possible retour des manifestations
Le collectif avertit cependant que, faute de réponse avant l’expiration des courriers déjà adressés, des sit-in pourraient reprendre devant la direction générale d’E2C à Brazzaville.
Les travailleurs appellent l’opinion publique nationale et internationale à suivre leur dossier et à exprimer un soutien moral, espérant ainsi accélérer sa résolution.
De leur côté, les responsables d’E2C n’ont pas encore réagi publiquement à la déclaration du 5 septembre, laissant planer le doute sur le calendrier d’application des mesures discutées.
D’ici là, le collectif se dit déterminé à privilégier le dialogue mais reste prêt à « toutes les actions pacifiques nécessaires » pour que les engagements du 11 mars deviennent enfin réalité.
Quelles que soient les suites données, les journaliers répètent ne pas vouloir rompre le fil du dialogue institutionnel, rappelant qu’ils gardent espoir dans la capacité des parties prenantes à trouver un terrain d’entente mutuellement bénéfique.