La prévention au cœur du 13 octobre
Brazzaville a vibré au rythme d’un mot d’ordre universel le 13 octobre : « Financer la résilience, pas les catastrophes ». Pour la 36e Journée internationale pour la réduction des risques, le Congo a placé la prévention tout en haut de son agenda citoyen et gouvernemental.
Pourquoi investir avant les chocs ?
La ministre de l’Environnement, du Développement durable et du Bassin du Congo, Arlette Soudan-Nonault, a dressé le décor : « l’heure est à l’investissement préventif ». Un mantra qu’elle veut transformer en réflexe collectif, en commençant par les partenaires techniques et financiers.
Dans une déclaration diffusée à la télévision publique, elle a souligné que chaque franc investi avant un choc naturel épargne des montants colossaux après coup. Son message est clair : la prévention n’est pas une ligne de dépense, c’est un accélérateur de stabilité et de croissance.
Des chiffres qui convainquent
Le rapport « Resilience or rebuild? » du Swiss Re Institute s’invite dans l’argumentaire gouvernemental. Selon l’étude, les bénéfices économiques des mesures de protection peuvent dépasser jusqu’à dix fois les coûts de reconstruction, un ratio qui fait réfléchir plus d’un bailleur.
« Le soutien aux pays en développement n’est pas une aide, c’est un investissement pour la survie de l’humanité », a martelé la ministre. Cette formule, portée avec conviction, entend déplacer le curseur du discours humanitaire vers une logique d’affaires responsables et partagées.
Un appel à des financements prévisibles
Concrètement, Brazzaville appelle à des « flux financiers prévisibles » capables d’alimenter les stratégies nationales de réduction des risques. L’idée est d’écarter les plongeons budgétaires post-catastrophes qui freinent les programmes sociaux, tout en rassurant investisseurs et ménages sur la continuité des services essentiels.
Le gouvernement promet de maintenir son effort. « Nous voulons un Congo plus fort et plus sûr, où chaque Franc CFA est investi pour protéger l’avenir, et non pour réparer le passé », a-t-elle assuré avant de rappeler la place de la coordination multisectorielle.
Coordination multisectorielle renforcée
Santé, infrastructures, aménagement du territoire, systèmes d’alerte : les secteurs sont invités à parler d’une seule voix. Un schéma qui, selon la ministre, permet à la fois d’éviter la dispersion des financements et de garantir une mise en œuvre rapide sur le terrain.
Citoyens, premiers acteurs de sécurité
La responsabilité citoyenne occupe également le devant de la scène. Les Congolais sont conviés à s’approprier les plans communaux, à respecter les normes de construction et à signaler toute zone à risque dans leur voisinage. Chacun devient gardien actif de sa propre sécurité.
Sur les réseaux sociaux, le hashtag #ResilienceCG a fait surface pour partager conseils, infographies de gestes qui sauvent et retours d’expérience. L’engagement digital renforce l’écho de la campagne, particulièrement auprès des 16-35 ans, premiers touchés par les interruptions d’activités lors des sinistres.
Un rendez-vous annuel depuis 1989
La date du 13 octobre n’est pas choisie au hasard. Instituée par l’Assemblée générale des Nations unies en 1989, la Journée internationale pour la réduction des risques de catastrophes sert de rappel annuel aux États, au secteur privé et à la société civile.
Chaque édition propose un thème pour aiguiller les politiques publiques. Après avoir insisté sur l’alerte précoce ou l’adaptation, 2023 met le projecteur sur le financement. Une orientation jugée stratégique dans un contexte mondial où les ressources doivent être rationalisées.
Le Congo suit la trajectoire financière
Le Congo s’est aligné sans réserve sur cette focale. Les initiatives d’assurances paramétriques, d’ingénierie verte ou de cartographie des vulnérabilités sont mentionnées comme pistes de consolidation des acquis climatiques, même si les annonces restent à préciser dans les mois qui viennent.
Les organisations internationales saluent le volontarisme congolais. « Mettre la prévention au cœur des budgets nationaux est la seule voie durable », a commenté un représentant local du système onusien, rappelant que chaque dollar perdu en urgence aurait pu rapporter dix dollars s’il avait été injecté en amont.
Terrain et médias en première ligne
Du côté des ONG, on observe un regain d’intérêt pour les formations communautaires. Ateliers de premiers secours, repérage des zones inondables, simulations d’évacuation : autant d’actions qui, dans l’esprit de la Journée, transforment la théorie du risque en pratique quotidienne.
Les autorités misent aussi sur les médias pour démultiplier la pédagogie. Radios de quartiers, web-TV et influenceurs reçoivent du contenu prêt à diffuser, illustrant gestes simples comme couper l’électricité à la première alerte ou conserver une trousse de survie allégée.
Sauver des vies, stimuler l’économie
Si le mot d’ordre 2023 met la finance en avant, l’objectif ultime reste humain : sauver des vies et protéger les biens. En réaffirmant son engagement, le Congo trace une feuille de route qui lie développement durable, sécurité des populations et attractivité économique.
À l’heure où les aléas climatiques se multiplient, le message du 13 octobre résonne comme un rappel : la résilience se construit avant, pas après. Le rendez-vous est donné pour la prochaine édition, avec l’espoir que la prévention devienne le réflexe de tous.