Un report officialisé par la Fédération congolaise de football
Par un courrier daté du 8 juillet 2025, le secrétaire général de la Fédération congolaise de football, Badji Mombo Wantété, a entériné la décision d’annuler l’édition 2025 de la Coupe du Congo. L’annonce, relayée le 3 juillet par la direction générale des sports, reconduit la mesure déjà prise en 2024 et confirme que la plus ancienne compétition nationale vivra une nouvelle année sabbatique. Tout en regrettant la situation, la Fédération insiste sur le caractère « collectivement respectable » de la résolution adoptée au niveau national, gage d’une cohérence institutionnelle dans la conduite de la politique sportive.
Les répercussions sportives et calendaires pour les clubs
Pour les clubs de Ligue nationale et des ligues départementales, la suppression de la Coupe impose un réajustement immédiat du calendrier. Les entraîneurs, déjà engagés dans les championnats domestiques, voient disparaître une fenêtre d’exposition précieuse pour tester leurs effectifs face à des adversaires issus d’autres divisions. Plusieurs techniciens saluent toutefois la clarté de la communication fédérale, jugeant préférable de lever l’incertitude rapidement afin de concentrer la préparation sur les compétitions restantes. Certains dirigeants espèrent convertir l’espace dégagé en matches amicaux de prestige, source de revenus et d’expérience pour les jeunes talents.
Une histoire entre patriotisme, fête nationale et ballon rond
Instituée par le décret n°85-1410 du 6 décembre 1985, la Coupe du Congo occupe une place singulière dans l’imaginaire collectif. Organisée à l’orée des commémorations de l’indépendance, elle transcende la rivalité sportive pour devenir un acte de cohésion civique. Les finales, présidées par le chef de l’État ou son représentant, symbolisent l’unité nationale autour du ballon rond. La dernière édition disputée en 2023, conclue par le sacre des Diables Noirs aux dépens de l’AS Otohô, avait rassemblé supporters et responsables politiques dans une célébration commune, rappelant la vocation fédératrice du sport.
Enjeux d’infrastructures et modernisation programmée
Si la Fédération pointe des « considérations » d’ordre global, plusieurs observateurs évoquent en filigrane la nécessité de consolider le parc sportif national. Certaines enceintes ont besoin d’être mises aux normes pour garantir la sécurité du public et la qualité du spectacle. Les pouvoirs publics ne sont pas restés inactifs : un audit technique des stades a été lancé, tandis que le ministère en charge des Sports a réaffirmé sa volonté d’inscrire de nouveaux chantiers dans le Plan national de développement. À Brazzaville comme à Pointe-Noire, des partenariats public-privé émergent pour financer des tribunes couvertes, des vestiaires rénovés et un éclairage homologué par les instances internationales.
Dimension socio-économique et attentes de la jeunesse
Au-delà du terrain, la Coupe du Congo représente un moteur d’activité pour de nombreux jeunes entrepreneurs : vendeurs ambulants, créateurs de contenus numériques, associations de supporters. Son absence prive ces acteurs d’une vitrine commerciale et émotionnelle précieuse. Cependant, plusieurs plateformes digitales ont profité du contexte pour promouvoir des tournois inter-arrondissements, véritables incubateurs de talents et de micro-économies locales. « Nous transformons la contrainte en opportunité d’innovation », affirme Sandra Ngakala, coordinatrice d’une start-up spécialisée dans la diffusion en streaming de matches amateurs.
Vers un nouveau souffle pour la Coupe du Congo
À moyen terme, la Fédération et les autorités entendent réinscrire la Coupe dans le calendrier festif de l’indépendance, dès que les conditions techniques et organisationnelles seront pleinement réunies. Les expériences récentes de grands rendez-vous sportifs accueillis avec succès dans la sous-région invitent à l’optimisme. Le modèle financier en discussion s’appuie sur la billetterie numérique, le sponsoring local et l’accompagnement des collectivités. Les supporters, eux, demeurent fidèles. Sur les réseaux sociaux, le mot-dièse #RetourCoupeDuCongo cristallise un attachement intergénérationnel que résume ce commentaire d’un étudiant de Makoua : « Ce n’est qu’une pause ; la passion ne s’annule jamais ». Une conviction partagée par la plupart des acteurs, convaincus que la compétition renaîtra, plus structurée et plus inclusive, dans un élan bénéfique pour la jeunesse et l’image du pays.