Brazzaville célèbre l’audace entrepreneuriale
Sur les rives du fleuve Congo, l’Hôtel Grand Lancaster a servi de décor à un rendez-vous que beaucoup qualifient déjà de jalon pour la communauté start-up locale. À l’initiative de la Direction départementale des Petites et moyennes entreprises, la master-class du 28 juin s’inscrivait dans le sillage de la Journée internationale des PME, rappelant que ces structures représentent plus de 90 % du tissu économique national selon les chiffres du ministère en charge du secteur. Le protocole d’ouverture, présidé par le directeur général Rudy Steph Mpiéré Gouamba, a donné le ton : « Le Congo foisonne de talents, notre rôle est d’offrir un cadre où ces idées deviennent entreprises ».
Des institutions mobilisées pour l’écosystème
La présence de parlementaires, d’artistes influents, d’étudiants ainsi que des partenaires techniques et financiers a souligné l’approche transversale désormais privilégiée par les pouvoirs publics. Didace Ngafoula-Ganao, directeur départemental, a déroulé une cartographie précise de l’écosystème brazzavillois, insistant sur la simplification des démarches administratives opérée ces dernières années. L’objectif affiché consiste à réduire à quarante-huit heures, dans la plupart des cas, l’enregistrement juridique d’une nouvelle entité, tandis que le volet fiscal se veut plus lisible pour les structures en phase d’incubation.
Un contenu pédagogique très concret
Animé par des cadres du ministère des PME et de l’artisanat, le panel a proposé une progression méthodique : de l’idéation à l’administration quotidienne de l’entreprise. Les participants ont découvert, étape par étape, les obligations statutaires, les exigences comptables et les outils numériques recommandés pour piloter une jeune pousse. « Nous voulons démystifier la création d’entreprise, montrer que c’est un parcours balisé », a expliqué M. Kourissa, spécialiste de la structuration organisationnelle. Les échanges, nourris d’exemples locaux, ont mis en évidence l’importance d’un business-plan réaliste adapté aux spécificités de la demande congolaise.
La finance au cœur des préoccupations
C’est toutefois la question du financement qui a suscité le plus d’interventions de la salle. Le Fonds d’impulsion, de garantie et d’accompagnement (Figa), représenté par M. Mpara, a rappelé son mandat : garantir jusqu’à 60 % des prêts accordés par les banques partenaires aux entrepreneurs de moins de 40 ans. Le banquier invité a détaillé les critères d’éligibilité, insistant sur la nécessité de projections financières crédibles. Parallèlement, la Caisse nationale de sécurité sociale, par la voix de Mme Murielle Koumen, a souligné l’enjeu de la protection sociale du chef d’entreprise, souvent négligée dans les sociétés naissantes mais déterminante pour la pérennité des activités.
Vers une culture du mentorat entrepreneurial
Au-delà des dispositifs publics, plusieurs intervenants ont plaidé pour l’émergence d’un véritable réseau de mentorat, citant l’expérience de clusters technologiques à Pointe-Noire ou les retours d’expatriés de la diaspora. « Les capitaux sont indispensables, mais le partage d’expérience l’est tout autant », a insisté une entrepreneuse du secteur agroalimentaire venue témoigner de son parcours. Cette dimension collective, appuyée par les associations étudiantes présentes, laisse entrevoir de futures synergies entre universités, incubateurs et entreprises établies.
Perspectives partagées pour une nouvelle génération d’entrepreneurs
La clôture de la master-class, marquée par l’engagement des organisateurs à multiplier les ateliers thématiques, a été saluée par un tonnerre d’applaudissements. Les jeunes participants, carnet de notes bien rempli, repartent avec un cadre juridique clarifié, des pistes de financement concrètes et le sentiment d’appartenir à une communauté d’acteurs portés par la même ambition : contribuer à la diversification économique du Congo. « L’entreprise est un acte citoyen », a rappelé Rudy Steph Mpiéré Gouamba, esquissant ainsi la perspective d’un développement inclusif où les PME jouent un rôle moteur dans la création d’emplois durables.