L’héritage d’un quartier devenu matrice citoyenne
Né dans les artères animées du cinquième arrondissement de Brazzaville, le quartier Ouenzé cultive une tradition de solidarité qui a longtemps transcendé les frontières géographiques. Depuis deux décennies, l’Association Ouenzé Intendance – formée d’anciens riverains établis au Congo comme dans la diaspora – s’est imposée comme un trait d’union entre mémoire collective et engagement civique. La structure, rappelons-le, fut particulièrement visible durant l’élan humanitaire de 2012, lorsque les explosions du 4 mars mirent à l’épreuve l’unité nationale. Cet ancrage historique confère aujourd’hui à l’organisation une légitimité singulière aux yeux d’une jeunesse avide de repères, mais aussi d’opportunités concrètes.
De porte-voix médiatique à chef d’orchestre associatif
Longtemps chargé de communication, Roch Le Prince Okouélé a patiemment affûté son sens de l’écoute et du récit collectif. Sa bascule vers la présidence, entérinée par 53 % des suffrages contre 47 % pour son challenger Maurille Okilassali, n’est pas un simple changement de fauteuil : elle signale une transition générationnelle où la narration digitale et l’organisation événementielle se rejoignent. « Je suis prêt à écouter, à travailler, à fédérer », a-t-il déclaré dès l’annonce de son élection, comme pour rappeler que le leadership se mesure moins au verbe qu’à la capacité de catalyser les énergies diffuses au sein d’un réseau migratoire éclaté.
Une stratégie Évents pour amplifier la voix de la diaspora
La feuille de route du nouveau Bureau exécutif s’adosse à un pilier baptisé « Ouenzé Intendance Évents ». Pensé comme un laboratoire d’idées, ce dispositif ambitionne de conjuguer initiatives culturelles, forums d’orientation professionnelle et actions caritatives. Dans la vision d’Okouélé, l’événementiel ne se réduit pas à l’organisation ponctuelle de soirées ; il devient un levier d’insertion pour les jeunes talents congolais établis en France et au Congo, un vecteur d’expression artistique et un outil de diplomatie citoyenne. Le principe est clair : chaque manifestation doit, in fine, générer des ressources propres et créer un retour vertueux au profit des adhérents restés au pays.
Jeunes, femmes, bénévoles : les nouveaux visages de l’engagement
Si la rhétorique participative est fréquemment invoquée dans les milieux associatifs, le nouveau président entend la traduire en dispositifs concrets. Il promet la mise en place de mentorats croisés entre professionnels expérimentés et étudiants, l’ouverture de commissions thématiques dirigées par des femmes entrepreneures ainsi que l’intégration facilitée de bénévoles occasionnels, nommés « sympathisants utiles ». À ses yeux, cette architecture inclusive répond à la fois aux aspirations d’autonomie économique de la jeunesse et à la volonté, plus large, de contribuer au rayonnement du Congo-Brazzaville sur des scènes culturelles européennes où la concurrence identitaire est vive.
Partenariats gagnant-gagnant et diplomatie de proximité
Pour rendre viable son modèle, Ouenzé Intendance mise sur des alliances avec des municipalités d’accueil, des établissements universitaires et des entreprises issues de la diaspora. « Il ne sert à rien de multiplier les palabres si nous ne consolidons pas des passerelles robustes », confie l’élu, plaidant pour une approche où l’association devient un interlocuteur crédible auprès des corps diplomatiques et des organisations internationales. Cette diplomatie de proximité, alignée sur les orientations de coopération sud-sud mises en avant par les autorités congolaises, permettrait de mutualiser financements et compétences sans perdre l’identité communautaire qui fait la force du collectif.
Vers une gouvernance transparente et contrôlée
La désignation de Serge Miere à la tête de la commission de contrôle et vérification, avec 57 % des voix, apporte un contre-poids institutionnel salué par les adhérents. Il s’agit, aux dires d’Okouélé, de « garantir que chaque franc CFA, chaque euro engagé, réponde à une finalité socialement palpable ». L’exigence de reddition de comptes, en phase avec les standards contemporains de gouvernance associative, doit contribuer à renforcer la confiance des donateurs comme celle des partenaires publics. En retour, la visibilité accrue des projets pourrait inciter d’autres associations congolaises à adopter des pratiques similaires, consolidant ainsi l’écosystème de la société civile.
Écrire une nouvelle page de solidarité active
À l’heure où de nombreux jeunes diplômés du Congo-Brazzaville s’interrogent sur leur place entre horizons locaux et diaspora, l’Association Ouenzé Intendance se propose de servir de boussole. En conjuguant mémoire du quartier, expertise événementielle et partenariats stratégiques, Roch Le Prince Okouélé espère ériger un espace où la créativité se déploie sans renier les racines. « Ensemble, nous allons écrire une page faite de solidarité, d’innovation et de fierté partagée », martèle-t-il. Reste désormais à transformer l’enthousiasme électoral en réalisations tangibles, afin que cette promesse ne demeure pas un slogan de campagne mais devienne la réalité quotidienne d’une génération en quête d’impact.