Brazzaville mise sur une prise en charge holistique de la jeunesse en difficulté
Dans l’amphithéâtre baigné par la lumière matinale du 30 juin, Charles Makaya, directeur de cabinet du ministre en charge de la Jeunesse, a ouvert un atelier de formation dont l’ambition dépasse le simple transfert de compétences. Devant les cadres de l’Institut national de la jeunesse et les gestionnaires des centres d’insertion, il a rappelé que la délinquance juvénile ne peut être réduite à une statistique : elle interroge la cohésion sociale, l’équité et la vision que la nation porte sur sa relève.
Durant quatre jours d’échanges intensifs, les participants examineront les mécanismes psychosociaux à l’origine des trajectoires délictuelles et affineront des protocoles d’accompagnement individualisés. Cette démarche s’inscrit au cœur du Plan national de développement 2022-2026, qui consacre l’« Année de la jeunesse » et érige l’inclusion comme pivot de la prospérité partagée.
Un partenariat stratégique avec l’UNESCO aux effets structurants
La présence du représentant adjoint de l’UNESCO, Brice Olivier Kwama, témoigne de la dimension internationale que Brazzaville entend conférer à la réinsertion des jeunes en conflit avec la loi. Selon lui, l’organisme onusien n’apporte pas seulement un appui technique ; il partage une méthode éprouvée visant à « bâtir un avenir où chaque jeune Congolais pourra développer son potentiel ».
Cette coopération s’affirme comme un levier de bonnes pratiques : évaluation scientifique des programmes, standardisation des outils pédagogiques et mutualisation de ressources documentaires. L’UNESCO promeut une approche centrée sur les droits humains, faisant du centre d’Aubeville, dans la Bouenza, un laboratoire de réhabilitation respectueux de la dignité des bénéficiaires.
Des approches pédagogiques innovantes pour une réinsertion durable
Au fil des sessions, les formateurs insisteront sur la nécessité d’allier accompagnement juridique, soutien psychosocial et formation professionnelle adaptée aux réalités locales. Les bénéficiaires, souvent déscolarisés, intégreront des modules d’alphabétisation fonctionnelle, d’agro-transformation ou de métiers du numérique, tandis que des psychologues travailleront la résilience et la gestion des émotions.
« Nous voulons passer d’une logique punitive à une logique capacitaire », confie un cadre de l’Institut national de la jeunesse. Dans cette perspective, les approches inspirées de la justice restaurative, la médiation communautaire et l’art-thérapie occupent une place de choix. L’objectif est de rendre les jeunes acteurs de leur propre projet de vie, afin qu’ils participent pleinement à la dynamique économique des territoires.
Jeunesse, justice sociale et ambition nationale
En leur offrant des alternatives crédibles à la marginalisation, l’État renforce le tissu social tout en répondant aux Objectifs de développement durable relatifs à l’éducation de qualité, à l’égalité et à la paix. Pour Charles Makaya, il s’agit d’« ancrer la justice sociale au cœur de nos politiques publiques », en veillant à ce que la lutte contre les violences basées sur le genre soit intégrée dans chaque protocole d’intervention.
Le dispositif de suivi-évaluation prévu après la formation garantira une remontée régulière des données terrain, permettant d’ajuster rapidement les pratiques. Cette culture de la redevabilité, encore récente dans le secteur, facilitera la mobilisation de partenaires techniques et financiers, séduits par la transparence et la rigueur des méthodologies congolaises.
Perspectives pour un avenir inclusif et pacifique
Alors que les jeunes de 15 à 35 ans constituent plus de la moitié de la population, leur pleine inclusion représente un enjeu stratégique pour la stabilité et la croissance. En dotant les gestionnaires de centres d’outils scientifiques et éthiques robustes, l’atelier de Brazzaville jette les bases d’un modèle reproductible dans les autres départements.
À l’issue de la formation, les participants regagneront leurs structures avec un cahier des charges précis : professionnaliser l’accueil, renforcer les liens avec le secteur privé pour faciliter l’employabilité et impliquer les communautés dans le processus de réinsertion. Cette synergie ouvre la voie à une société congolaise où chaque jeune, même après un faux pas, peut devenir un artisan de paix et de prospérité.