Des lions sud-africains débarquent à Brazzaville
Le 29 octobre 2025, deux jeunes lions venus de Johannesburg ont atterri à l’aéroport Maya-Maya avant de rejoindre la réserve forestière de la Patte d’Oie. Pour Brazzaville, c’est un rugissement attendu depuis presque trois décennies (Journal de Brazza, 29 octobre 2025).
Le duo, un mâle et une femelle âgés de huit mois, pèse déjà près de 100 kg chacun. Leur arrivée réécrit le bestiaire du pays, privé de félins depuis les années 1990 après les troubles qui avaient fragilisé le parc zoologique.
Une logistique calibrée au gramme près
Derrière cette opération, Africa Global Logistics Congo a déployé une chaîne de transport digne d’un scénario hollywoodien : caisses renforcées, palettes sur-mesure, deux vols successifs et convoyage routier de nuit. Chaque étape respectait les protocoles CITES et vétérinaires internationaux.
« Il fallait maintenir les fauves calmes, hydratés et à température constante pendant quarante-huit heures, sans jamais retarder la rotation des appareils », confie un cadre d’AGL, fier d’avoir coordonné pilotes, douaniers et soigneurs au millimètre près.
L’entreprise, réputée pour ses convois d’équipements pétroliers, explore ainsi un nouveau terrain : celui de la biodiversité. Ce virage s’inscrit dans sa stratégie RSE qui veut rendre le fret africain plus durable et engagé pour la protection animale.
Zoolandia, renaissance d’un parc emblématique
Créé en 1952, le parc botanique et zoologique de Brazzaville a connu de sombres heures durant les troubles de 1997, perdant une partie de sa faune. Depuis 2018, le projet Zoolandia lui insuffle une identité mêlant jardin botanique et refuge pédagogique.
Chems Roc, concessionnaire du site, savoure ce tournant : « Notre objectif est simple : offrir à la jeunesse congolaise un espace de connaissance, de fierté et de distraction. L’arrivée des lions matérialise des mois de travaux et de partenariats solides. »
Une centaine de collaborateurs, soigneurs, jardiniers et animateurs, œuvrent désormais pour que Zoolandia devienne la vitrine de la faune congolaise. Les nouveaux pensionnaires seront visibles au public après une courte quarantaine, le temps d’habituer leurs sens au climat équatorial.
Enjeux éducatifs et touristiques pour la jeunesse
Brazzaville compte près d’un million d’habitants dont soixante pour cent ont moins de trente ans. Dans cette capitale hyperconnectée, la réouverture d’un parc modernisé offre un terrain d’apprentissage hors écran, ludique et concret sur la préservation des espèces.
Les écoles préparent déjà des visites guidées. Maïsha, enseignante à Moungali, y voit « un laboratoire à ciel ouvert pour parler chaînes alimentaires, écosystèmes et coexistence entre l’humain et la nature ». Les réseaux sociaux s’embrasent, espérant des selfies responsables.
L’Office du tourisme de Brazzaville table sur une hausse de fréquentation intérieure dès les premiers mois. À moyen terme, il mise sur les city breaks de la diaspora et des voyageurs régionaux qui, entre rivière et gastronomie, viendront aussi chercher des rencontres animalières éthiques.
Un transport animalier sous haute surveillance
Faire voyager deux lions en avion reste rare. Les vétérinaires sud-africains les ont calmés légèrement pour réduire le stress sans gêner leur respiration dans la cabine cargo, où un suivi cardiaque continu veillait.
À l’atterrissage, une brigade mixte composée de douanes, services vétérinaires et agents AGL a contrôlé les documents, la température et l’état général des animaux. Les caisses, scellées à Johannesburg, n’ont été ouvertes qu’une fois l’enclos prêt.
Les équipes rappellent que chaque mouvement transfrontalier d’espèces protégées implique une traçabilité numérique complète. Numéro de micro-puce, passeport CITES et registre photographique seront consultables par les services environnementaux congolais, gage de transparence envers les conventions internationales.
Selon l’ONG sud-africaine Wildlife Translocation Network, moins d’une dizaine de transports similaires sont réalisés chaque année sur le continent. Celui de Brazzaville pourrait servir de modèle pour d’autres capitales souhaitant diversifier leur offre zoologique sans encourager le prélèvement illégal.
AGL surveille déjà les lions via des capteurs biométriques placés sur leurs colliers provisoires. Les données, transmises au centre vétérinaire de Zoolandia, permettront d’ajuster alimentation et enrichissement comportemental afin de favoriser les comportements naturels.
Prochaine étape : l’arrivée d’une girafe et d’un zèbre, programmée si cette phase réussit. Si le calendrier tient, le rugissement des jeunes lions deviendra la bande-son d’un parc métamorphosé, fier de rayonner au cœur de Brazzaville.
