Brazzaville se mobilise contre le diabète
Le 14 novembre, veille de la Journée mondiale du diabète, l’association Marcher, Courir pour la Cause (MCPLC) a révélé un calendrier musclé d’actions grand public destinées à freiner la progression de cette maladie chronique à Brazzaville et dans ses environs.
En conférence de presse, le président fondateur Rodrigue Dinga Mbomi a souligné que l’urgence tient autant au nombre croissant de cas qu’au manque d’informations fiables sur les facteurs de risque au sein de la population jeune et active.
MCPLC dévoile son agenda de fin d’année
Pour les deux derniers mois de l’année, MCPLC mise sur trois volets complémentaires : prévention primaire via une alimentation équilibrée, prévention secondaire par le dépistage précoce et mobilisation communautaire capable d’amplifier chaque message dans les quartiers.
Le plan d’action inclut des animations dans trente écoles, cinq grands marchés et une douzaine d’entreprises autour du thème international 2023 : « Diabète et bien-être au travail ». Les stands mobiles proposeront questionnaires, conseils diététiques et contrôles de glycémie gratuits.
Un calendrier interactif sera mis en ligne sur les réseaux de MCPLC, permettant aux internautes de localiser chaque stand, s’inscrire à la marche ou réserver leur place pour Elombe. L’objectif affiché est de toucher 50 000 personnes physiquement et 300 000 via le digital.
Taxi Bomoyi : les chauffeurs en première ligne
Point d’orgue annoncé, le projet Taxi Bomoyi démarre le 26 novembre. Durant six semaines, un millier de chauffeurs recevront une formation express sur les signes d’alerte, puis deviendront des relais itinérants diffusant les bonnes pratiques aux passagers.
« Un taxi parcourt jusqu’à 150 kilomètres par jour, rappelle la cheffe de projet Princia Oponguy. En leur confiant ces messages, nous transformons chaque course en mini-atelier santé ». Les usagers noteront la qualité de la sensibilisation par message texte, système ludique inspiré des applis de VTC.
À la clé, des lots offerts par des partenaires privés : cartes carburant, vidanges gratuites ou forfaits internet pour encourager les conducteurs les plus engagés. MCPLC espère ainsi créer un cercle vertueux où chaque client devient, à son tour, messager auprès de sa famille.
La soirée Elombe pour lever des fonds
Le calendrier comprend également la soirée caritative Elombe, prévue le 9 décembre dans un hôtel de la capitale. Artistes, influenceurs et chefs d’entreprise se relaieront sur scène pour une levée de fonds destinée à financer dépistages, matériel pédagogique et nouvelles sessions de formation.
Selon Tom Guilloteau, membre du comité, chaque ticket vendu représente potentiellement deux tests de glycémie pour des personnes vulnérables. « Plus la fête sera populaire, plus les chiffres de dépistage grimperont », résume-t-il, confiant dans la générosité des Congolais.
Dimanche sportif sur la corniche
Avant cela, rendez-vous le dimanche 16 novembre dès 6 h sur la corniche de Brazzaville pour une grande marche de santé ouverte à toutes les générations. L’événement précédera une session de zumba géante animée par des coachs locaux.
Pour Rodrigue Dinga Mbomi, « dormir sans courir, c’est tricher ». Il insiste : même dix minutes d’activité quotidienne améliorent la circulation sanguine, limitent la prise de poids et réduisent le risque de diabète ainsi que celui des maladies cardiovasculaires.
Pourquoi la prévention reste urgente
La Fédération internationale du diabète estime désormais à plus de 600 millions le nombre de personnes concernées dans le monde, un chiffre qui pourrait atteindre 783 millions d’ici 2045 si rien ne change. L’Afrique subsaharienne enregistrerait la plus forte progression relative.
Le Programme national de lutte contre les maladies non transmissibles accompagne l’initiative en mettant à disposition des tests rapides et du personnel infirmier sur certains sites, preuve d’une collaboration public-privé jugée essentielle pour accroître la couverture sanitaire.
Au Congo-Brazzaville, aucune enquête nationale récente n’a encore publié de données exhaustives, mais les praticiens hospitaliers observent une hausse régulière des admissions liées aux complications du diabète, notamment amputations et insuffisance rénale. Les coûts de prise en charge pèsent lourd sur les familles.
Comment se faire dépister
MCPLC rappelle que le dépistage capillaire, simple piqûre au bout du doigt, donne un résultat en moins d’une minute. Les personnes à risque — antécédents familiaux, surpoids, sédentarité ou hypertension — devraient contrôler leur glycémie au moins une fois par an.
Lors des stands itinérants, les visiteurs recevront automatiquement un carnet numérique où seront sauvegardées leurs valeurs glycémiques. Ce suivi, accessible par QR code, facilitera la lecture rapide par un infirmier ou un médecin lors d’une consultation ultérieure.
Enfin, MCPLC invitera les followers à partager stories et reels dédiés sous le hashtag #DiabeteZero242. Chaque publication validée par l’équipe communication débloquera une portion de fruits frais distribuée dans une école partenaire, histoire de propager la prévention jusqu’aux plus jeunes.
Approche 360 pour un impact durable
Entre taxis, réseaux sociaux, chanson caritative et marche matinale, l’opération dessine une approche 360 de la santé publique, alignée sur les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé qui prône l’implication de tous les secteurs pour inverser la courbe du diabète.
Vers un bilan 2024
MCPLC promet de publier un bilan chiffré dès janvier 2024. En attendant, l’association appelle les Congolais à chausser leurs baskets, vérifier leur glycémie et relayer l’information : le diabète peut être repoussé, à condition de poser chaque jour un petit geste concret.
