Un lancement placé sous le sceau de la concertation institutionnelle
Dans la salle des conférences du ministère de l’Économie, du Plan et de l’Intégration régionale, l’effervescence du 3 juillet 2025 était palpable. Membres du Gouvernement, représentants de Catholic Relief Services, délégation de la Banque mondiale et responsables d’agences onusiennes ont joint leurs voix pour officialiser la troisième Enquête Démographique et de Santé. Cette synergie illustre une conviction partagée : une information statistique robuste demeure la boussole des politiques publiques. « Nous voulons ancrer les décisions sur des données irréprochables », a martelé le ministre Clément Mouamba, rappelant que la Constitution confie à l’État le soin de garantir l’accès à la santé pour tous.
Actualiser la radiographie démographique : une nécessité stratégique
L’EDS III s’inscrit dans le sillage des éditions de 2005 et de 2011-2012, années charnières qui ont permis de quantifier les besoins sanitaires et sociaux. Treize ans plus tard, le pays a vu sa population urbaine croître, son tissu économique se diversifier et ses défis sanitaires évoluer. Le paludisme recule dans plusieurs départements, tandis que les maladies non transmissibles progressent silencieusement. Doter les décideurs de données fraîches équivaut donc à redessiner la carte des vulnérabilités et à anticiper les mutations démographiques que vivent Pointe-Noire, Dolisie ou Owando.
Une alliance financière et technique inédite au cœur du dispositif
Si l’État demeure maître d’ouvrage, l’appui de Catholic Relief Services change l’échelle de l’ambition. Grâce à la subvention du Fonds mondial GC7, l’organisation prend en charge près de 48 % du budget, soit près d’un milliard de FCFA. Pour M. Jean-Baptiste Sita, directeur pays de CRS, « investir dans les statistiques, c’est garantir la transparence des futures interventions, un principe fondateur de la redevabilité ». La Banque mondiale, pour sa part, assure l’accompagnement technique dans la gestion des données, ouvrant la voie à un écosystème où partenaires bilatéraux et multilatéraux convergent vers un même objectif de développement durable.
La méthode avant tout : l’INS muscle ses procédures
Le directeur général de l’Institut National de la Statistique, Noël Okemba, a présenté un calendrier strict jalonné de pré-tests, de cartographie des ménages et de formation d’enquêteurs. Les questionnaires ont été numérisés et embarqués sur des tablettes équipées de modules de géolocalisation, gage d’une collecte plus rapide et d’une fiabilité renforcée. Des superviseurs régionaux suivront en temps réel la remontée des informations, limitant ainsi les biais de saisie. L’INS, fort de l’expérience des enquêtes passées, entend publier les premiers résultats consolidés avant la fin du premier trimestre 2026, un délai salué par les partenaires.
Des politiques publiques éclairées et inclusives en ligne de mire
Les retombées attendues dépassent le champ sanitaire stricto sensu. Les données issues de l’EDS III alimenteront la formulation du Plan national de développement 2026-2030, notamment dans les volets éducation, emploi des jeunes et urbanisme. En intégrant des indicateurs de genre, de mobilité et de revenus, l’enquête renforcera l’alignement sur l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Pour le professeur Madeleine Ngouabi, démographe à l’Université Marien-Ngouabi, « l’EDS III sera la première enquête à corréler de façon fine la transition démographique et les aspirations économiques de la jeunesse congolaise ».
La jeunesse congolaise, pilier d’une collecte modernisée
Plus de 300 jeunes diplômés, sélectionnés dans les 12 départements, seront formés comme agents enquêteurs. Au-delà de l’emploi temporaire généré, cette implication constitue une opportunité de transfert de compétences numériques et statistiques. Plusieurs associations étudiantes se sont déjà portées volontaires pour sensibiliser les ménages à la portée civique de l’enquête. Cette mobilisation citoyenne s’inscrit dans la dynamique prônée par les autorités, soucieuses de faire des jeunes un moteur du processus de développement.
Cap sur 2026 : un horizon de résultats et de redevabilité
En alliant volontarisme politique, financement innovant et rigueur scientifique, le Congo se dote d’un instrument de pilotage à la hauteur de ses ambitions. Les indicateurs de mortalité maternelle, de malnutrition infantile ou d’accès à l’eau potable seront mis à jour, permettant d’orienter finement les ressources publiques et privées. Le Gouvernement s’est engagé à rendre publics les résultats et à partager les bases de données anonymisées avec les chercheurs. Ainsi, l’EDS III pourrait devenir le socle d’une culture de la preuve, condition essentielle pour hisser le pays vers les Objectifs de Développement Durable.