Le teasing en studio affole la toile
Une simple story Instagram, postée un mardi soir, a suffi pour électriser la communauté congolaise en ligne. On y distingue El Ben Patrick Mouithy devant un micro vintage, casque vissé, sourire complice, la main levée pour demander une nouvelle prise.
Aucune légende, seulement le hashtag #BackToRumba, mais le symbole est clair : l’enfant du Niari prépare quelque chose. En quelques heures la vidéo a été partagée par des pages locales, de Brazza à Pointe-Noire, faisant grimper son nom dans les tendances.
Un parcours forgé entre Niari et la scène nationale
Avant ce buzz, El Ben Patrick Mouithy s’était fait discret, se concentrant sur des actions sociales, comme la collecte de fournitures pour les écoles rurales du Kouilou. En 2022, il livrait pourtant l’album « Lésion ya bolingo », salué pour son authenticité.
Né à Kibangou, il grandit dans les polyphonies du royaume Kongo avant de rejoindre Brazzaville, où Véron Ibala l’initie à la rythmique ndombolo. Son passage dans la chorale de Sterling Maziya aiguise son sens de l’harmonie et de la performance scénique.
Cette double école, rurale et urbaine, explique son timbre marqué de nostalgie et ses refrains fédérateurs. « Il a l’étoffe d’un conteur moderne », analyse la productrice Lysa Mbemba, qui voit en lui « un pont entre tradition et streaming ».
La renaissance de la rumba congolaise
Depuis deux ans, la rumba congolaise profite d’un regain d’attentions internationales, portée par la reconnaissance de l’UNESCO et les succès de Fally Ipupa ou Roga Roga. Pour beaucoup, le retour de Mouithy pourrait ajouter une couleur sudiste à cette dynamique.
L’artiste, souvent décrit comme un « crooner tropical », se distingue par des arrangements épurés, où la guitare mi-sèconde dialogue avec la basse façon soukous. Ses précédents titres, diffusés sur TikTok, cumulent plus de trois millions de vues, preuve d’un public fidèle.
Sur le plan symbolique, ce come-back intervient alors que les studios brazzavillois se modernisent, grâce à de nouveaux équipements acquis par des investisseurs locaux. « Notre scène vit un tournant numérique », observe le beatmaker Busta K, ravi de voir Mouithy surfer sur cette vague.
Collaborations et mystère autour du projet
Pour l’instant, le chanteur garde le silence sur la tracklist et sur l’éventuelle date de sortie. Seules filtrent des rumeurs de featurings avec la Camerounaise Charlotte Dipanda et le Congolais Doudou Copa, deux voix capables d’enrichir son grain suave.
Une photo, repérée en arrière-plan de la story, montre également les claviers du producteur ivoirien Tam Sir. Cette présence intrigue : Tam Sir est réputé pour ses grooves azonto, très dansants. Serait-ce le signe d’un virage afro-pop pour certaines pistes ?
De son côté, l’ingénieur du son Kris Malembe se contente d’un sourire : « Attendez-vous seulement à quelque chose de propre ». Son commentaire, relayé sur Facebook, alimente le mystère, mais rassure sur la qualité technique qui a parfois manqué aux sorties locales.
Ce qu’en pensent les fans et les pros
Les fans, eux, spéculent déjà sur les thèmes à venir. Sous la vidéo, on lit des messages appelant à des chansons plus romantiques, voire engagées pour la scolarisation des filles, un sujet que Mouithy avait abordé dans une interview radio l’an dernier.
Maurice, 24 ans, étudiant à l’ISMA, confie : « Sa voix me rappelle les soirées chez ma grand-mère, j’espère sentir cet esprit-là ». D’autres réclament des tempos accélérés, afin de challenger les danseurs sur TikTok et les playlists d’afro-fitness.
Les observateurs professionnels restent mesurés. « Le marché évolue vite, un bon marketing digital est indispensable », souligne Joël Samba, programmateur à la radio publique. Pour lui, l’engouement actuel devra être soutenu par des teasers réguliers et un clip de qualité 4K.
À quoi faut-il s’attendre d’ici la sortie
En coulisses, on évoque un plan de sortie échelonné sur trois mois : single audio, puis visuel, et enfin EP surprise. Ce modèle, adopté par Gaz Mawete en RDC, a prouvé son efficacité pour maintenir le buzz et conquérir les plateformes internationales.
Mouithy disposerait également d’un partenariat de distribution avec un agrégateur français, garantissant une présence simultanée sur Spotify, Apple Music et Deezer. De quoi faciliter la vie des membres de la diaspora qui n’ont pas toujours accès aux circuits de vente physiques.
Reste la scène. Selon nos informations, des discussions sont en cours pour une mini-tournée dans les campus de Brazzaville et de Pointe-Noire dès la rentrée. L’idée serait de tester les nouvelles chansons en conditions live avant la grande première au Palais des Congrès.
Quoi qu’il arrive, le simple fait de revoir El Ben Patrick Mouithy derrière un micro suffit à réveiller la fibre rumba de tout un public. Si l’artiste parvient à marier sa signature romantique aux sonorités actuelles, 2024 pourrait bien être l’année de son sacre.
D’ici là, son équipe invite les mélomanes à s’abonner à sa chaîne YouTube, où un vlog « Studio Diary » devrait apparaître chaque semaine. Ce format immersif permettra de suivre le processus créatif, des premières prises aux sessions de mixage finales.
En attendant le premier extrait, les playlists se replongent déjà dans « Lésion ya bolingo » pour redécouvrir la tessiture chaude du chanteur. Un rappel que la rumba, loin d’être figée dans le passé, sait constamment se réinventer au gré des générations.