Une performance scolaire qui tutoie les sommets nationaux
Le 14 juillet, le campus arboré de l’École militaire préparatoire général Leclerc s’est paré de drapeaux chatoyants pour saluer la conclusion de l’année scolaire 2024-2025. Les 428 élèves, communément appelés enfants de troupe, ont affiché un taux de réussite de 100 %, assorti d’une moyenne générale de 18,12. Dans un pays où les indicateurs éducatifs s’améliorent mais demeurent inégaux, ce résultat exerce la force symbolique d’un baromètre d’excellence. Pour le colonel-major Camille Serge Oya, commandant de l’établissement, « il s’agit d’une preuve tangible que discipline et rigueur pédagogique peuvent se conjuguer au service de la performance ». Le contraste avec les moyennes nationales du secondaire, estimées autour de 11 sur 20, souligne la valeur ajoutée de cette institution qui combine un encadrement militaire et un suivi académique rapproché.
Des majors aux profils prometteurs et multiculturels
Cette moisson de distinctions est incarnée par Victor Davin Edinom, détenteur d’une moyenne annuelle de 17,12 et major de l’école, ainsi que par Audrey Yann Edzongo, élève intégré au lycée Saint-Exupéry, couronné d’un 18 de moyenne au baccalauréat français, mention très bien. Ce dernier a reçu le très convoité prix d’excellence du président de la République, récompense qui consacre non seulement son parcours individuel mais aussi l’ouverture de l’EMPGL vers des curricula multinationaux. La présence d’élèves issus de pays partenaires, membre de la communauté des écoles d’enfants de troupe, confère à la promotion un relief panafricain qui n’a pas échappé aux observateurs.
Discours de passage : l’éloge de la tradition et de la responsabilité
Dans une allocution très attendue, le colonel-major Oya a rappelé aux terminales que le passage de la vie d’élève à celle d’ancien constitue « un changement de statut qui oblige chacun à devenir le gardien actif des valeurs transmises ». L’insistance sur le relai intergénérationnel, sur fond de fanfares et de salves symboliques, traduit la volonté de l’institution de cultiver une conscience patrimoniale forte. À l’heure où la société congolaise s’interroge sur l’engagement civique de sa jeunesse, cette injonction à « suivre les traces » de leurs aînés prend des allures de feuille de route.
Le général de division René Boukaka, chef d’état-major adjoint, présidait la cérémonie. Sa présence a accentué la solennité d’un moment où le protocole militaire dialogue avec l’émotion familiale, entre épaulettes étincelantes et larmes de parents fiers.
Des rites militaires porteurs d’identité pour la jeunesse
La transmission du fanion, le baptême de la promotion sortante et la lecture publique des résultats appartiennent à un rituel clair : forger l’identité collective. Ces gestes hérités des traditions militaires françaises, puis adaptés au contexte congolais, rappellent combien la symbolique occupe une place essentielle dans la formation du caractère. Chaque élève, désormais, détient une histoire incrustée dans la sangle de son sac et dans l’étoffe de son képi. L’ancrage dans la mémoire institutionnelle favorise la cohésion, vertu stratégique au-delà de la caserne, notamment dans l’entrepreneuriat social et le tissu associatif.
Un rayonnement régional consolidé par la fraternité des AET
En marge de la cérémonie officielle, la veille avait vu s’organiser rencontres sportives, ateliers de cohésion et échanges entre présidents d’associations d’enfants de troupe d’Afrique francophone, de Cotonou à Bamako. Il ne s’agit pas d’un folklore périphérique : depuis seize ans, la Journée nationale de l’AET, prévue le 16 juillet, consolide un réseau transnational qui facilite la mobilité étudiante, les stages et même des initiatives entrepreneuriales communes. Selon un responsable béninois présent, « les anciens enfants de troupe tiennent un capital confiance unique : il fluidifie le dialogue entre administrations et crée des ponts inattendus dans le monde du travail ». La remise d’un don logistique par l’AET-Congo au commandement de l’école, en présence de leurs homologues étrangers, a matérialisé cette solidarité.
Perspectives : capitaliser la discipline au service du développement
Au-delà de l’événementiel, la question centrale demeure : comment transformer l’excellence académique de l’EMPGL en levier durable pour l’économie nationale ? Les experts en éducation estiment que les compétences managériales et l’éthique du travail acquises sous les drapeaux peuvent irriguer les secteurs numériques, agricoles et logistiques, clés de la stratégie de diversification prônée par les autorités. Une étude interne de 2023 révèle que 68 % des anciens de l’école occupent aujourd’hui des postes de responsabilité dans la fonction publique ou le secteur privé, indicateur encourageant pour qui perçoit l’éducation comme une infrastructure immatérielle.
En clôturant la cérémonie, le général Boukaka a lancé un appel à « faire rayonner la discipline comme une marque de fabrique congolaise ». À la lumière des applaudissements nourris, la promotion 2024-2025 semble prête à transformer sa réussite académique en projet collectif, à l’image de fanions qui, une fois repliés, continuent de porter l’espérance dans les poches de leurs porteurs.
