Une institution octogénaire au cœur de la citoyenneté congolaise
Fondée au milieu des années 1940, l’École militaire préparatoire générale Leclerc s’est imposée comme l’un des creusets les plus emblématiques de la formation civique et patriotique au Congo-Brazzaville. Des centaines de cadres militaires mais aussi civils y ont fait leurs premières armes, apprenant l’art de la discipline, de la rigueur intellectuelle et du service public. Aujourd’hui, alors que les dynamiques régionales invitent à renforcer la cohésion nationale, le simple énoncé d’un huitième décade réveille un attachement partagé envers cette alma mater si particulière : un lieu où se façonnent la mémoire collective et les aspirations d’une jeunesse toujours avide de repères.
Un projet jubilaire placé sous le signe du dialogue intergénérationnel
Devant l’assemblée générale élective de l’Association des anciens enfants de troupe, le colonel-major Rémy Ayayos Ikounga a insisté sur la dimension « intergénérationnelle » de la démarche. En lançant officiellement le concept d’« année jubilaire » dès 2024, l’Aaet entend étirer la commémoration sur un cycle long, à la manière des grands anniversaires d’universités prestigieuses. L’objectif premier est d’impliquer aussi bien les promotions historiques que les élèves actuellement sous le drapeau, afin que la chaîne de transmission reste ininterrompue. « C’est une grande occasion pour raffermir nos rangs et exalter les valeurs que l’école nous a inculquées », a résumé l’officier, dans une formule captée par les participants.
Entre patrimoine et modernité, un levier pour la jeunesse
L’idée d’adosser la fête à un colloque académique démontre la volonté de conjuguer héritage historique et réflexion contemporaine. En retraçant le parcours de l’Empgl, les organisateurs souhaitent questionner la place de l’éducation militaire dans une société congolaise profondément rajeunie – près de 60 % de la population ayant moins de 25 ans. Les prix spéciaux destinés aux enfants de troupe les plus méritants, la mise en lumière d’auteurs issus du vivier comme feu Claude Emmanuel Eta Onka, ou encore le café littéraire prévu le 16 juillet, témoignent d’une ouverture vers la culture, la littérature et l’innovation pédagogique. L’enjeu réside dans la capacité à démontrer que l’exigence militaire peut dialoguer avec la créativité nécessaire à l’économie numérique et aux métiers émergents recherchés par la nouvelle génération.
Perspectives 2026 : siège, colloque et rayonnement continental
Au-delà des manifestations symboliques, l’Aaet voit plus loin. L’année 2026 pourrait être marquée par la pose de la première pierre du siège social de l’association, un geste qui ancrerait durablement sa présence dans le paysage institutionnel national. L’invitation déjà adressée aux Anciens enfants de troupe d’autres pays africains laisse entrevoir un rayonnement régional, conforme à la vocation historique de l’établissement qui accueillait jadis des pensionnaires venus de l’ensemble de l’Afrique équatoriale française. Par le biais d’un circuit touristique à Brazzaville, d’expositions photographiques et d’un concert commémoratif imaginé avec des artistes de la scène urbaine, les organisateurs espèrent toucher un public bien au-delà du cercle militaire traditionnel, consolidant ainsi l’image d’un Congo capable de célébrer son passé tout en projetant sa jeunesse vers l’avenir.
Une dynamique de cohésion nationale saluée par les observateurs
Analystes de la société civile comme observateurs diplomatiques voient dans cette initiative un vecteur de cohésion et de soft power. Les autorités nationales, régulièrement engagées sur le terrain de la stabilisation et du développement, encouragent les événements capables de fédérer toutes les composantes de la population. L’anniversaire des 80 ans de l’Empgl arrive à point nommé pour rappeler que la transmission des valeurs de discipline, d’abnégation et de service à la Nation est un projet partagé. En créant une synergie entre mémoire militaire, culture jeunesse et opportunités économiques – notamment dans l’organisation d’événements, le tourisme et l’édition – le cycle jubilaire pourrait offrir un exemple de mobilisation constructive dont le pays, fort de sa jeunesse, a résolument besoin aujourd’hui.
