Un atelier placé sous le signe de la rigueur sanitaire
Sous les lambris feutrés d’un centre de conférences de la capitale, l’atelier organisé du 30 juin au 4 juillet par le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) s’est ouvert sur une note d’exigence méthodologique. L’objectif affiché : doter les rédactions congolaises d’outils scientifiques et éthiques pour aborder la santé sexuelle et reproductive (SSR) ainsi que les violences basées sur le genre (VBG). « Il ne s’agit pas d’une session classique de formation, mais d’une démarche stratégique qui inscrit les médias dans une dynamique de changement social », a insisté la représentante résidente de l’UNFPA au Congo, le Dr Agnès Kayitankore.
Sensibiliser pour informer sans stigmatiser
Au fil des exposés, les spécialistes en santé publique ont rappelé que des formulations maladroites peuvent aggraver la stigmatisation liée au VIH ou au handicap, alors qu’un récit rigoureux et empathique rétablit la dignité des personnes concernées. Pour la docteure Kayitankore, « un silence médiatique peut légitimer l’invisibilité ; à l’inverse, un article bien étayé peut sauver des vies ». Les intervenants ont donc décortiqué les concepts de consentement, d’accès aux soins, de planification familiale et de rapports de pouvoir, invitant les participants à manier chiffres et témoignages avec la même précision qu’un médecin prescrivant un traitement.
La voix des jeunes journalistes face aux tabous
Dans la salle, la moyenne d’âge ne dépassait guère trente ans. Pour beaucoup, couvrir la SSR revient encore à briser des tabous familiaux ou religieux. « Lorsque j’aborde la contraception à l’antenne, j’ai une audience qui réagit vivement sur les réseaux sociaux », confie Cédric, reporter radio de Pointe-Noire. Les échanges ont mis en évidence la nécessité d’un langage inclusif, compréhensible par les 64 % de la population congolaise âgée de moins de 25 ans, sans céder au sensationnalisme. Les exercices pratiques ont poussé les stagiaires à réécrire des dépêches en troquant les expressions culpabilisantes pour un vocabulaire axé sur les droits et la prévention.
Synergie avec les politiques publiques nationales
La direction générale de la Communication, présente à l’ouverture, a salué « une contribution opportune à la stratégie nationale de santé publique ». L’atelier fait écho au Plan national de développement sanitaire 2022-2026, qui mise sur la prévention des grossesses précoces et l’éradication des violences de genre. En adoptant une posture de partenaire critique mais constructif, la presse consolide l’effort gouvernemental pour réduire les décès maternels évitables et améliorer l’accès aux services de planification familiale. Cette synergie, soulignent les responsables, participe à la réalisation des Objectifs de développement durable tout en renforçant la cohésion sociale.
Vers un journalisme de solutions au service des droits
Au terme de cinq jours d’intenses travaux, chaque participant a élaboré une feuille de route éditoriale : enquêtes de terrain, portraits de survivantes, décryptages législatifs. L’idée directrice est claire : fournir au public congolais une information qui n’effraie pas, mais qui clarifie les parcours de soin, encourage la dénonciation des violences et valorise les initiatives communautaires. « Notre métier n’est pas seulement de rapporter les faits, mais d’accompagner la société dans ses mutations », résume Mireille, journaliste web, avant d’ajouter qu’elle compte lancer une chronique hebdomadaire dédiée aux droits des jeunes filles. En refermant leurs blocs-notes, les stagiaires ont quitté l’atelier convaincus que la plume, comme le bistouri, peut sauver des vies lorsqu’elle est maniée avec précision et humanité.