Une effervescence entrepreneuriale portée par les politiques publiques
Brazzaville n’a jamais autant résonné du bruissement des idées qu’en cette fin de mois de juin. Sous l’égide de la direction départementale des PME, la Journée mondiale des micro, petites et moyennes entreprises a servi de levier à une master class consacrée au triptyque « créer, gérer, développer ». L’initiative s’inscrit dans le sillage du Plan national de développement 2022-2026, qui consacre un chapitre entier à la vitalisation du tissu entrepreneurial. Dans une capitale où plus d’un tiers de la population a moins de trente-cinq ans, l’enjeu dépasse la simple célébration symbolique : il s’agit de convertir l’énergie démographique en valeur ajoutée, en emplois durables et en innovation locale.
Institutions et experts au chevet des porteurs de projets
Pour donner corps à cette ambition, un panel pluridisciplinaire s’est déployé autour de Rudy Stephen Mpiere Ngouamba Ambila, directeur général des PME. Tour à tour, l’Agence congolaise pour la création des entreprises, l’Agence de développement des très petites, petites et moyennes entreprises, le Fonds d’impulsion, de garantie et d’accompagnement, la Caisse nationale de sécurité sociale et des responsables du secteur bancaire ont détaillé le maillage administratif et financier mis à disposition des créateurs. Selon le directeur, l’enjeu consiste à « bâtir un écosystème fort, où se croisent les ambitions et se dessinent des solutions concrètes ». Les participants ont pu interroger sans détour les experts sur la faisabilité juridique, la fiscalité progressive ou encore la gestion des talents, autant de sujets souvent sources de blocage dans les premières années de vie d’une start-up.
Innovations financières pour accompagner la croissance des start-up
Si la cartographie des guichets classiques – lignes de crédit bancaires ou dispositifs de garantie – reste indispensable, la master class a surtout mis en lumière une palette de mécanismes alternatifs. Le banquier Dupond Ebouili a ainsi expliqué que le crowdfunding ou l’angel funding, éprouvés à Dakar ou Abidjan, s’adaptent parfaitement à l’écosystème congolais, pourvu qu’ils soient encadrés. Selon lui, la granularité de ces outils correspond à l’évolution graduelle d’une micro-entreprise : amorçage par la famille et les amis, relais participatif en ligne, puis entrée au capital d’investisseurs providentiels dès l’apparition d’indicateurs de traction. En filigrane, la perspective de la zone de libre-échange africaine confère une dimension régionale à ces financements, ouvrant aux jeunes créateurs l’accès à un marché de plus d’un milliard de consommateurs.
Parcours exemplaires : leçons de résilience et de vision
Au-delà des chiffres, la parole de Noé Kourissa a incarné la ténacité que requiert toute aventure entrepreneuriale. Lancé en 2016 dans la restauration sur la base d’une passion pour les crêpes, le jeune chef d’entreprise a connu l’enthousiasme des débuts, l’échec, puis la reconstruction. « J’ai découvert que beaucoup excellent dans leur métier mais échouent faute de gestion », a-t-il confié, exhortant ses semblables à se former en permanence. Sa trajectoire, ponctuée d’un détour académique en administration des affaires avant un rebond stratégique, illustre le postulat central de la master class : la compétence managériale vaut autant que la qualité d’un produit. Aujourd’hui, celui qui accompagne des entrepreneurs en herbe rappelle que la formalisation et la gouvernance comptable ne sont pas des luxes mais des fondations.
La jeunesse brazzavilloise se projette dans l’avenir
À l’issue des échanges, l’assistance a livré des témoignages qui donnent la mesure de l’impact. Gracy Mangoumbou, étudiante en transit et commerce international, avoue avoir « trouvé l’impulsion pour coucher sur papier un projet longtemps resté au stade d’idée ». Pour Joseldie Mondésir Montombou, juriste en devenir, la journée aura surtout dissipé le mythe d’un capital initial inaccessible : « Avec la bonne information, on peut partir de zéro et aller loin ». Ces déclarations rejoignent l’objectif formulé par la direction générale des PME : cultiver une génération qui transforme son potentiel créatif en entreprises formalisées, capables de conquérir les marchés nationaux et régionaux. Dans le climat de confiance instillé par les institutions, le pari paraît moins ambitieux qu’il n’y paraît, tant la jeunesse semble décidée à passer de la théorie à l’action.
