À Brazzaville, les attaques sexistes et la désinformation en ligne visent de plus en plus les femmes en politique et dans les médias. La conseillère présidentielle Françoise Joly en fait les frais, cible de rumeurs infondées et de harcèlement numérique. Un climat toxique qui, selon les experts, pourrait transformer la violence verbale en violences physiques si rien n’est fait.
La violence verbale de certains activistes augure-t-elle d’une violence physique ?
Cette question, qui doit résonner dans chaque foyer de Brazzaville, est aujourd’hui vitale. Dans nos fils X (Twitter), nos groupes WhatsApp, la parole dérape, se fait menace, et vise d’abord les femmes qui osent exercer le pouvoir. Quand les insultes deviennent monnaie courante, le passage à l’acte n’est plus qu’un pas.
L’affaire Françoise Joly : rumeurs et désinformation ciblée
Dernier symptôme : Un article d’Africa Radio publié le 7 août 2025 accusant la conseillère présidentielle Françoise Joly d’être « visée par une enquête pour blanchiment ». Or, aucune mise en examen n’existe ; cette « révélation » repose sur des rumeurs recyclées par des blogs d’opposition, sans document judiciaire. Heureusement, la société civile se mobilise.
La dérive sexiste et xénophobe dans le débat politique
Dès le 20 juin, CongoCheck a démonté cette fable, relayée par Afrik.com qui dénonce la dérive d’une contestation transformée en désinformation genrée. Les attaques sexistes et xénophobes ciblant Françoise Joly remplacent l’argument politique par le lynchage numérique ; elles visent à délégitimer la compétence en jouant sur le genre et l’origine.
De l’insulte numérique à la violence hors ligne
Ce terrain est glissant : selon l’UNESCO, 73 % des femmes journalistes interrogées dans le monde subissent des violences en ligne coordonnées, et près d’une sur trois finit par s’autocensurer ou quitter les réseaux. L’organisme rappelle que la haine numérique normalise la violence hors ligne.
Le poison des fake news nourrit ce climat. D’après une enquête mondiale du Pew Research Center (avril 2025), 84 % des personnes sondées estiment que l’information fabriquée représente une menace « très importante » pour la démocratie. Là où la confiance s’effrite, l’extrémisme grandit et les coups suivent les mots.
Un vide juridique face au cyber-harcèlement genré
Notre arsenal juridique est encore lacunaire : la diffamation et la haine sont punies, mais pas le cyber-harcèlement de genre ni les « deepfakes ».
Pacte de civilité numérique : une urgence démocratique
Députés, opérateurs télécoms et partis doivent combler ce vide et signer un pacte de civilité numérique avant la prochaine campagne. Car ce n’est pas un luxe démocratique : c’est une garantie de sécurité publique, de paix sociale et de respect de la moitié de la population congolaise.
Protéger la parole féminine, protéger la République
À Brazzaville, protéger la parole féminine n’est pas seulement défendre des individus, c’est défendre la République. L’histoire l’a montré : la violence verbale est la répétition générale de la violence physique.
Si nous laissons prospérer les insultes, demain les coups pleuvront. Levons-nous maintenant pour que les mots ne se transforment jamais en balles.
