Une crise sportive aux prolongations administratives
Le handball congolais vit, depuis près d’un an, une partie à rebondissements plus longue qu’un derby disputé en prolongations. En septembre 2024, l’assemblée générale élective de la Fédération congolaise de handball avait reconduit à la présidence Yann Ayessa Ndinga Yengué. La sentence de la Chambre de conciliation et d’arbitrage du sport, saisie par son challenger Avicenne Nzikou, est toutefois venue siffler la fin prématurée de cette première manche. Annulée pour vice de forme, l’élection laissait la discipline dans une zone grise, entre calendrier officiel suspendu et incertitudes sur la légitimité des décisions du bureau sortant.
Le diagnostic des instances nationales
Conscients du risque d’une paralysie durable, le Comité national olympique et sportif congolais et le ministère des Sports ont multiplié les consultations. « Notre priorité demeure la continuité des activités pour les athlètes, ne serait-ce que pour sauver la saison des moins de 20 ans », confiait récemment André-Blaise Bollé, premier vice-président du C.N.O.S.C. Pourtant, les discussions internes n’ont pas suffi à rapprocher les positions. Tandis que le président sortant assurait la gestion quotidienne comme si de rien n’était, son opposant dénonçait dans la presse un fait accompli contraire aux décisions arbitrales. Les clubs, eux, redoutaient de voir s’envoler des subventions déjà fragiles.
La médiation de la Confédération africaine de handball
C’est finalement la Confédération africaine de handball qui a accepté de monter au filet. Dans un courrier daté du 8 juillet 2025, son président a confié à Maître Mouadh Ben Zaied, magistrat tunisien, la présidence d’une Commission électorale indépendante appelée à trancher le différend. Autour de lui, la Congolaise Phyneche Sagesse Okombi Niaba, le Gabonais Séraphin Saturnin Icka Hervé, le Camerounais Aristide Hurly Mayanith et le vice-président congolais Jean Itoua Okemba composeront un quintette chargé de garantir l’impartialité du scrutin. « L’objectif n’est pas de s’ingérer, mais d’offrir un cadre où chacun se sente respecté », souligne une source proche de la C.A.H.B.
Un calendrier sous le signe de la transparence
Le chronogramme publié depuis Tunis fixe la clôture des dépôts de candidature au 16 juillet, la publication des listes définitives au 31 juillet, puis la tenue effective du vote à Brazzaville le 16 août. Entre-temps, un audit rapide des ligues départementales doit être conduit afin de valider le collège électoral. L’enjeu central, selon les observateurs, réside dans la capacité des acteurs à accepter les règles du jeu, depuis la vérification des mandats jusqu’à la proclamation des résultats. La Commission se veut rassurante : les procès-verbaux seront signés sur-le-champ par tous les candidats ou leurs mandataires, et un huissier congolais assermenté sera présent dans la salle.
Enjeux pour la jeunesse et l’image du sport congolais
Au-delà de la compétition administrative, les joueurs et joueuses entre dix-huit et trente ans observent attentivement la séquence. « Nous avons besoin d’une fédération stable pour prétendre aux tournois universitaires et aux championnats d’Afrique juniors », rappelle la capitaine de l’équipe féminine de Brazzaville, Pauline Moussala. Les analystes soulignent qu’un déblocage favoriserait aussi la diplomatie sportive du Congo, dans un contexte où l’État continue d’investir dans les infrastructures et la formation. La récente réhabilitation du Palais des sports de Kintélé, saluée par la presse internationale, représente un atout que la discipline ne peut se permettre de dilapider.
Vers un nouveau souffle institutionnel
Si la date du 16 août est perçue comme une ultime passe décisive, c’est parce qu’elle conditionne l’inscription de la Fécohand dans la modernisation en cours du sport national. Les juristes rappellent que la loi régissant les associations sportives, adoptée en 2022, impose désormais des obligations strictes de reddition de comptes. Or, la nouvelle équipe dirigeante devra présenter son programme stratégique aux pouvoirs publics avant la fin de l’année budgétaire, ce qui placera d’emblée la fédération dans une dynamique de résultats. Les acteurs économiques, de leur côté, se disent prêts à accompagner des projets ciblant la jeunesse, pourvu que la gouvernance soit claire.
Dans cette course à la normalisation, les regards se tourneront vers la salle du vote comme on scrute le tableau d’affichage à la dernière seconde : un score sans contestation ouvrirait la voie à la relance des championnats, à la reconquête des sponsors et, espérons-le, à de nouvelles ambitions continentales. Sur le parquet comme hors du terrain, la balle est désormais entre les mains des électeurs et des candidats.