Brazzaville célèbre les 10 ans de Femmes Spéciales
Le coup d’envoi de la 10e édition de « Femmes Spéciales » a transformé mercredi la salle du Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza en ruche créative. Entre applaudissements et caméras de smartphones, Brazzaville a célébré dix ans d’un rendez-vous devenu vitrine du leadership au féminin.
Aline France Etokabeka, marraine rayonnante de l’édition anniversaire, a coupé le ruban symbolique sous les applaudissements d’une audience venue du Congo, d’Afrique australe, de la diaspora européenne et même d’Asie centrale, preuve que la vision portée par le coach Ninos Ezéchias Ngouama dépasse les frontières.
Placée sous le thème « Célébrons les femmes fortes et l’innovation », la rencontre ambitionne de braquer les projecteurs sur celles qui, chaque jour, bousculent les codes dans la science, la culture, la tech ou la santé, tout en rappelant l’importance d’une éducation inclusive.
Un hub panafricain du leadership féminin
En dix ans, « Femmes Spéciales » est passé d’un simple after-work brazzavillois à un hub panafricain du réseautage professionnel. Les chiffres parlent : plus de 1 200 participantes cumulées, 300 projets accompagnés et une communauté digitale qui tutoie aujourd’hui les 100 000 abonnés.
Pour Ninos E. Ngouama, la décennie franchie ouvre une nouvelle étape : « Nous voulons passer de la célébration à l’impact mesurable, encourager l’innovation féminine et déclencher de nouvelles vocations », a-t-il confié en marge de la cérémonie d’ouverture.
Derrière les discours, un message martelé : instruire et former les filles d’aujourd’hui pour garantir la stabilité sociale de demain. Le slogan officiel l’inscrit en toutes lettres, rappelant qu’une jeunesse autonome est la condition d’un développement durable et d’une paix consolidée.
Madame Bélinda Ayessa, présidente d’honneur et directrice du Mémorial, a renchéri : « Les femmes fortes d’aujourd’hui sont les bâtisseuses de demain ». Son appel à davantage de détermination a trouvé écho chez les étudiantes venues recueillir conseils et contacts auprès de leurs aînées.
Programme 2025 : innovation et partage
La programmation 2025 s’annonce dense : tables rondes sur la fintech inclusive, atelier TikTok pour booster une marque artisanale, masterclass santé animée par des chercheuses de l’université Marien-Ngouabi. Sans oublier l’expo photo dédiée aux Congolaises pionnières de la recherche spatiale et médicale.
Chaque matin, un « power breakfast » réunit mentors et jeunes entrepreneures autour de cas pratiques : lever des fonds, structurer une coopérative agricole ou protéger une idée par un brevet. Les discussions se poursuivent en ligne grâce à un groupe WhatsApp nourri en temps réel.
Des créatrices congolaises de jeux vidéo ont profité du premier jour pour présenter un prototype valorisant le patrimoine Kongo. Leur stand ne désemplit pas, confirmant l’appétit du public pour des contenus culturels 100 % locaux, fun et exportables sur les stores internationaux.
Signe de la reconnaissance institutionnelle, des représentantes du ministère de la Promotion de la Femme ont annoncé la mise à disposition d’un guichet unique pour accélérer les formalités administratives des jeunes dirigeantes. La mesure a été accueillie par des applaudissements nourris et plusieurs selfies enthousiastes.
Coaching continu et masculinité positive
Au-delà des paillettes, l’événement mise sur le coaching long terme. Chaque participante peut choisir un parcours personnalisé assorti d’un suivi sur douze mois, financé par des partenaires privés soucieux de visibilité auprès d’une audience connectée et à fort pouvoir de prescription.
Les organisateurs veulent également promouvoir une masculinité positive. Plusieurs jeunes hommes, incubés par le programme, témoignent de l’impact d’un leadership partagé à la maison et en entreprise. « Soutenir l’ascension de nos sœurs, c’est aussi garantir notre propre réussite », explique Yvan, designer graphique.
Une table ronde consacrée au sport féminin congolais accueillera ce vendredi des championnes telles que la karatéka Diemba Makosso et la basketteuse Claudia Bouesso. Objectif : partager les bonnes pratiques pour concilier performance de haut niveau et engagement universitaire ou entrepreneurial.
Les retombées économiques locales deviennent tangibles. Hôteliers, chauffeurs de taxi et restaurateurs du centre-ville enregistrent depuis mercredi une hausse de fréquentation estimée à 20 %. « Femmes Spéciales est désormais un produit touristique à part entière », confie un responsable de l’office de tourisme.
Vers un impact économique durable
Avant la clôture du 8 novembre, un concours de pitch récompensera trois start-up fondées par des Congolaises, avec à la clé un accompagnement de six mois et un chèque de cinq millions de francs CFA. De quoi catalyser de nouvelles réussites made in Congo.
Les lauréates bénéficieront aussi d’un passeport pour l’édition 2026, prévue dans une ville congolaise encore tenue secrète. Cette mobilité permettra de décentraliser l’événement et d’amplifier son impact, conformément aux priorités gouvernementales de cohésion territoriale et de dynamisation économique.
En attendant, Brazzaville savoure l’effervescence. Selfies, chorégraphies improvisées devant les stands et stories Instagram à la chaîne transforment la manifestation en vrai phénomène social-first, fidèle à l’esprit d’une génération 4G avide de contenus inspirants et décidée à écrire son propre avenir.
