Brazzaville, carrefour francophone en gestation
Dans l’air moite de juillet, Brazzaville se prépare à battre une nouvelle mesure francophone. Au-delà des paillettes scéniques qui rythment traditionnellement le Festival panafricain de musique, l’année 2025 se dessine, déjà, comme un tournant stratégique pour les professionnels de la création congolaise. L’Organisation internationale de la Francophonie, partenaire historique du Fespam, y convoque le 24 juillet une rencontre dont la tonalité se veut résolument pratique : offrir aux artistes locaux les moyens concrets d’exporter leur talent dans l’ensemble de l’espace francophone.
Mobilité artistique et financement ciblé au programme
Selon Kanel Engandja Ngoulou, chargé de projets au sein de l’OIF, les obstacles au rayonnement des artistes ne se résument plus à la seule créativité. Billets d’avion, logistique de tournées, frais de visas : autant de lignes budgétaires qui transforment la mobilité internationale en parcours d’endurance. « Nous avons vocation à alléger ces coûts, voire à les absorber, lorsque les projets répondent aux critères de diffusion interculturelle », explique-t-il en amont de la réunion, soulignant qu’un soutien financier sans accompagnement méthodologique manquerait sa cible.
Des fonds pluriels pour des talents pluriels
Deux instruments financiers, accessibles en ligne, constitueront le cœur de la séance d’information. Le premier, orienté vers la circulation des œuvres, couvre la musique tout autant que le cinéma, la danse, le slam, l’humour ou l’édition. Le second, structuré autour de résidences et de coproductions, encourage la collaboration Sud-Sud, si chère à l’écosystème créatif africain. Loin de se limiter aux artistes dits « engagés », l’OIF insiste sur l’inclusivité du dispositif, rappelant qu’un DJ de Bacongo ou une slameuse de Talangaï y disposent des mêmes droits qu’un ensemble symphonique chevronné.
Une masterclass pour décoder la découvrabilité
En amont de la rencontre, une masterclass de deux jours, du 22 au 23 juillet, invite les créateurs à décrypter la notion de « découvrabilité ». Au menu : stratégie de métadonnées, positionnement sur les plateformes de streaming et optimisation de la présence numérique. Pour nombre de jeunes artistes congolais, la valeur ajoutée est double : comprendre les codes d’un marché dématérialisé tout en inscrivant leur démarche dans un réseau institutionnel crédible. Les échanges pratiques, souvent nourris par l’expérience de programmateurs internationaux, promettent une immersion utile avant l’ouverture des guichets de subvention.
Réduire la fracture informationnelle
Nombre d’opportunités offertes par l’OIF souffrent d’une visibilité limitée auprès des artistes qui ne fréquentent pas régulièrement ses plateformes numériques. La séance de Brazzaville s’érige donc en antidote à cette fracture informationnelle. En présence de représentants du ministère congolais de la Culture et des Arts, il s’agira de détailler pas à pas les critères de sélection, les délais de réponse et les obligations de reporting, afin que chacun reparte avec une feuille de route précise. « La transparence est essentielle », souligne un cadre local, convaincu qu’un accès équitable à l’information renforce la cohésion du secteur.
Perspectives pour la génération créative
Au-delà des chiffres et des formulaires, la dynamique enclenchée par l’OIF s’inscrit dans une vision plus vaste : consolider la place des créateurs congolais dans l’imaginaire francophone, tout en soutenant une économie culturelle vectrice d’emplois et de soft power. Les artistes de 20 à 35 ans, cœur battant de la scène nationale, y voient une occasion de franchir un cap décisif. En articulant mobilité internationale, renforcement de compétences numériques et financement ciblé, l’initiative pourrait bien transformer le Fespam 2025 en point d’inflexion, où l’ambition locale se conjugue à la résonance mondiale.