Dialogue institutionnel inédit autour de l’arrêté 1726
Dans la salle solennelle de la préfecture de Brazzaville, près d’une centaine de responsables politiques ont échangé pendant plus de trois heures avec les cadres du Ministère de l’Intérieur. Au centre de la discussion se trouvait l’arrêté n°1726 du 30 juin 2025, acte administratif fixant la liste des quarante-deux partis officiellement reconnus pour l’année 2025. Si le texte a surpris par sa publication rapide, il a surtout ouvert une séquence de dialogue inédite entre l’administration territoriale et les formations qui n’y figurent pas. « Notre objectif n’est pas d’exclure, mais de garantir un cadre légal commun à tous », a résumé Bonsang Oko-Letchaud, préfet directeur général de l’administration du territoire, mandaté par le ministre Raymond Zéphirin Mboulou.
Contexte juridique et exigence de conformité
Depuis la promulgation de la loi n°20-2017 du 12 mai 2017, la vie des partis repose sur des standards précis concernant la déclaration de siège, la tenue régulière de congrès et la transparence financière. L’arrêté 1726 rappelle ces obligations et propose, pour les formations non inscrites, une voie de recours simple : déposer les documents manquants ou rectifier ceux jugés incomplets. « L’absence de votre nom n’est pas synonyme de dissolution ; vous restez libres de réunir vos instances », a insisté le préfet. En d’autres termes, la radiation ne frappe que les partis qui persisteraient dans l’irrégularité après avertissement, suspension, puis éventuelle dissolution, conformément à la gradation prévue par le droit congolais.
Une gouvernance ouverte saluée par les acteurs politiques
L’initiative de dialogue a été unanimement saluée, y compris par des formations critiques. Maurice Kinoko, leader du Mouvement pour la démocratie et le changement, y voit « un espace de respiration démocratique où chacun peut exposer ses griefs sans craindre d’être étiqueté ». Pour le politologue Audry Mavouemba, spécialiste des institutions congolaises, la démarche traduit « la volonté des autorités d’accompagner plutôt que de sanctionner, en privilégiant la pédagogie juridique ». Ce positionnement, s’il se confirme, pourrait consolider l’image d’une administration soucieuse d’équilibrer rigueur légale et ouverture politique.
Points de friction et dynamique de concertation
La rencontre n’a cependant pas échappé aux débats passionnés. Clément Miérassa du Parti social-démocrate congolais a jugé que certains partis maintenus dans la liste officielle ne respecteraient pas non plus la loi. Dans la foulée, un échange vigoureux a opposé Jean-Jacques Serge Yhomby-Opango (R.D.D.) à Parfait Iloki, porte-parole du P.C.T., illustrant les tensions latentes que chaque remaniement administratif peut réveiller. Toutefois, la présidence de séance a rappelé que tout grief peut désormais être formalisé par écrit et recevra un accusé de réception dès la semaine suivante.
Perspectives de régularisation et mécanismes de recours
Techniquement, les partis disposent de plusieurs passerelles pour retrouver le registre officiel. D’abord, compléter leur dossier auprès de la Direction générale des affaires politiques ; ensuite, introduire un recours gracieux qui, une fois examiné, peut déboucher sur un arrêté rectificatif. « Les services y travaillent déjà. Dès que les conditions seront remplies, les récépissés seront délivrés », a garanti Bonsang Oko-Letchaud. Cette promesse conforte l’idée d’une administration flexible, capable d’actualiser sa liste afin de préserver l’égalité de traitement entre acteurs politiques.
Vers une maturité politique renforcée chez les jeunes formations
Pour les partis émergents, souvent animés par des militants âgés de vingt à trente-cinq ans, la procédure de mise en conformité représente un exercice pédagogique. Elle oblige à structurer les instances, à définir un programme lisible et à tenir une comptabilité transparente, autant de gages de crédibilité auprès d’un électorat jeune, connecté et exigeant. De l’avis de la sociologue Grâce Mbéri, « la contrainte administrative agit comme un catalyseur de professionnalisation et peut, à terme, hisser le débat politique national à un niveau plus élaboré ». La jeunesse, sensible aux questions de gouvernance et d’éthique, pourrait ainsi trouver dans cette normalisation un levier d’engagement accru.
Les enjeux d’un pluralisme constructif pour 2025
À l’horizon 2025, la consolidation d’un pluralisme apaisé demeure une priorité. L’administration entend prévenir les tensions en favorisant la concertation avant toute décision structurante. Les observateurs notent que l’arrêté 1726, loin d’être un couperet, fonctionne comme un jalon vers la clarification du paysage politique. Dans cet esprit, l’invitation permanente au dialogue, la souplesse des mécanismes de recours et le rappel des obligations légales participent d’une même logique : celle d’un État qui veille sur la sincérité du jeu démocratique tout en offrant à chaque formation la chance de contribuer au débat national. Pour un électorat jeune avide d’innovation politique, cette dynamique pourrait bien annoncer une campagne de 2025 plus sereine, plus inclusive et, surtout, plus conforme aux aspirations modernes de la République du Congo.